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Critique de Pois0n


Rarement une couverture n'aura autant reflété le contenu d'un livre que celle de CAT 215.
La première tout d'abord, celle qui attire l'oeil en rayon, avec ces plantes exotiques entremêlées représentant bien l'impénétrable jungle amazonienne et ce panneau évoquant l'engin de chantier éponyme.
La quatrième ensuite, où, en quelques lignes, le résumé balaie... toute l'histoire du livre, du début à la fin. Pour une fois, aucune surprise, aucun arrangement de formulation, aucun mystère même : dans les 123 pages de l'ouvrage, vous ne trouverez rien de plus que ce qui est écrit là.

Ledit résumé faisait s'attendre à du suspense, à un huis-clos oppressant... Si c'est ce que vous venez chercher ici, faites demi-tour dès maintenant, car CAT 215, c'est surtout l'histoire d'un voyage. Celui de Marc, depuis sa maison miteuse en métropole jusqu'au coeur de la jungle, où la fameuse Caterpillar 215 est tombée en rade. Si le scénario tient sur une demi-feuille de PQ et nous est intégralement dévoilé avant même que l'on commence la lecture, ce n'est pas pour rien : l'intérêt est ailleurs. Ce que nous offre Antonin Varenne, c'est avant tout du dépaysement, l'abandon progressif de la civilisation pour le milieu de nulle part, du camping en pleine jungle et de la brochette de serpent. du paysage, de l'ambiance moite, des bourdonnements d'insectes et des feuilles qui craquent.
Le reste, le côté humain mis en avant dans le résumé, n'est au final qu'accessoire. On en apprend très peu sur Marc et à peine plus sur ceux qui jalonneront son parcours. Même Joseph, le légionnaire fort en gueule, n'est finalement pas tellement plus que ces quelques mots. Certes, il s'agit d'une nouvelle, qui plus est particulièrement courte (le livre étant imprimé gros et les marges énormes), mais à côté de la jungle richement détaillée, les protagonistes semblent transparents, sans la moindre épaisseur. A l'image de la Caterpillar 215, ils ne sont rien de plus que des outils au service du livre () ; un prétexte à l'existence du récit. Antonin Varenne avait simplement besoin d'eux pour nous amener dans la jungle.

D'un seul coup, le voyage prend fin. Première pensée : « Non mais, c'est une blague ? C'est quoi cette fin ? Ou plutôt, cette absence de fin ? » Même pas ouverte, aussi abrupte qu'une falaise débouchant sur la mer. Il faut dire que le délire hallucinogène des dernières pages n'aide pas à rendre tout ça plus clair. Et puis, on comprend. On se souvient des mots de Stéphanie au tout début du livre, on apprend comment interpréter ce qu'on vient de lire. Loin de laisser planer le doute, cette fin n'en laisse au contraire aucun.

Pourtant, aussi réussie l'immersion en Amazonie soit-elle, CAT 215 n'est pas une nouvelle exempte de faiblesses. L'absence d'approfondissement des personnages est certes justifiée (Marc étant le narrateur, il est logique qu'il ne sache des autres que ce qu'ils veulent bien lui dire, ) mais l'impression de coquilles vides est bel et bien là. On ne peut pas non plus dire que l'intrigue soit très développée : c'est l'histoire d'un mec qui part réparer une pelleteuse en pleine jungle, et c'est tout. Même les réparations en question, censées être le but du voyage, sont gentiment résumées. du coup, surtout avec cette fin, le truc laisse quand même un sacré arrière-goût de « tout ça pour ça ».

Clairement, dans CAT 215, ce qui compte n'est pas l'arrivée, mais le trajet. La lecture est plaisante, diablement dépaysante le temps que ça dure, mais ne laissera pas un souvenir impérissable, trop courte et se finissant trop brutalement pour ça.
Elle n'en fera pas moins un en-cas idéal lors une soirée d'été bien chaude.
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