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4,06

sur 476 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois mille chevaux vapeur ? Plutôt 3000 heures de torture dans la forêt birmane, 3000 odeurs infâmes pendant la sécheresse à Londres, 3000 km de chevauchée dans le Far West américain... Sans oublier les 9 survivants de l'unité d'Arthur Bowman après la guerre anglo-birmane de 1852, les 6 crimes barbares commis par un de ces hommes, les 2 héros en quête de rédemption et la cinquantaine de personnages secondaires, plus réussis et attachants les uns que les autres !

J'ai lu dans les critiques déjà en ligne que la force de Trois mille chevaux vapeur venait du mélange des genres et je ne peux que rejoindre ce point de vue : tantôt roman d'aventure, tantôt polar, tantôt histoire d'un traumatisme, tantôt western, arrosé de beaucoup de whisky et de cauchemars, mais aussi d'une once de psychologie et de romantisme, et de pas mal d'amitié virile et de paysages sauvages, ce roman est tout aussi déroutant qu'il est beau...

L'histoire est rude : lors de la guerre anglo-birmane, le sergent Arthur Bowman et ses hommes ont été capturés et torturés. Neuf sont revenus. Mais dans quel état, mental aussi bien que physique. Des années plus tard, Bowman n'est toujours pas remis et vivote à Londres, à coup de bagarres, d'opium ou de gnôle. Jusqu'à ce qu'un crime horrible le tire de sa torpeur. Car ce crime porte la marque de la forêt birmane, des tortures que lui et ses hommes ont subies là-bas. Voulant arrêter le meurtrier, il s'engage donc dans une grande quête.

Le sergent Bowman est un héros, ou plutôt un anti-héros, réaliste et attachant. Il est certes brutal, alcoolique, un peu fou et très solitaire, mais surtout volontaire, humain, courageux, honnête et très bon. Il évolue au fil du livre, du temps, de ses rencontres, de ses rêves et de ses lectures et m'a donné envie de lire Thoreau, d'aller nager dans le lac Tahoe et d'aider autant que possible les gens autour de moi. Alors, même si j'ai trouvé par moments qu'il y avait quelques longueurs, je suis heureuse d'avoir fait cette belle rencontre.

Challenge Pavés 2015/2016 : 4/xx
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Ressentez-vous le souffle ?

Celui du voyage, celui de l'aventure, celui qui provoque des picotements le long de l'échine ?

Celui de la peur, des cauchemars, des remords, de l'angoisse ?

Il vient battre contre votre visage, s'infiltrer dans les pores de votre peau, s'introduisant dans vos tripes, faisant un petit arrêt par votre coeur et remontant jusqu'aux parcelles les plus cachées de votre cervelle. Provoquant un riche mélange de sensations épicées, amères, peu sucrées mais entêtantes.

Un bouquin immense. J'ai beaucoup de chance ces temps derniers de tomber sur des pépites. Bon pas que de la chance. Gruz et ses chroniques y sont pour beaucoup. Rendons à Gruz ce qui est à Gruz.

Un bouquin immense disais-je. Un vrai roman d'aventure, une vision moderne et pas idyllique du milieu du XIXème siècle.

Où la vie était âpre et ne faisait jamais de cadeau. Où seuls les plus forts survivaient (dixit Darwin abondamment cité). Un monde où la bonté et la beauté étaient vite souillées par l'homme.
Un monde en effervescence, en pleine mutation scientifique, religieuse, économique, morale et sociale.

Antonin Varenne nous propose un voyage original, inédit et passionnant à travers 3 continents.
Son tour de force est d'introduire des éléments modernes dans son récit : tueur en série, femme indépendante, vision humaniste des minorités... La projection en est d'autant plus forte.

Son personnage, Arthur Bowman, véritable force de la nature va nous emmener dans sa quête de rédemption à travers une odyssée abrupte, violente et sans retour.
Bowman va vivre le traumatisme de la guerre en Birmanie, l'horreur d'un Londres à bout de souffle et neurasthénique et les grands espaces américains sifflant entre ses oreilles.
Cette quête désespérée le conduira aux confins de la folie, du désespoir et de l'abandon pour en ressortir de sa chrysalide telle un papillon magnifique.
Entre-temps, son combat contre ses démons, l'alcool et la drogue, ses pensées, ses remords et ses rêves monstrueux lui réserveront des années sombres et de sacrés moments d'effroi et de solitude.

Mordant. le bouquin l'est. Assurément.
4/5
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1852.
Le sergent Bowman est soldat. Un excellent soldat. La Birmanie, son nouveau terrain de jeu. Désigné par le haut commandement pour ses qualités de meneur d'hommes, il sent bien que cette nouvelle mission fumeuse pourrait bien être de celles qui vous laissent sur le carreau.

1858.
Londres. Bowman a survécu. S'il en est revenu, il y a cependant laissé une part conséquente de son humanité. le trauma est profond, les fantômes nombreux. Il y a, comme ça, des hommes sur qui le destin, qu'est jamais le dernier pour la déconne, s'acharne. Lorsqu'un corps atrocement mutilé se fait jour, c'est qui qui qu'on accuse-t-on ? Misteeeeeer chance ! Seulement voilà, si le bonhomme est souvent compté ces derniers temps, il s'est constamment relevé ! Groggy, chancelant, mais toujours combatif. D'autant plus que ce mode opératoire, il le connaît. La victime expiatoire, pas son truc ! Il est grand temps de solder les comptes avec le passé...

Que dire de ce récit homérique si ce n'est qu'il est de ces romans que l'on évoque avec le petit sourire ému du ravi de la crèche.
Bowman est un anti-héros dont on se souviendra longtemps. Assimilant avec brio aventure et quête identitaire, Varenne délivre une partition proche de la perfection. Une petite musique entêtante qui vous titille au tout début, sournoise et impérieuse, puis qui s'affirme crescendo pour finalement lâcher ses trois mille chevaux vapeur dans un fracas assourdissant. Pas une once d'ennui, pas un seul décrochement de mâchoire à déplorer à ce jour.

L'ambition de la vérité comme catharsis. Un monde, tout comme Bowman, en pleine mutation. L'esprit multi-univers de cette histoire foisonnante ne cesse de surprendre agréablement. Philosophie, polar, odyssée, amour, tout y est à sa juste place, s'imbriquant symbiotiquement en un récit dépaysant au souffle ravageur. Un homme dans la tourmente qui, à force de ténacité et d'abnégation, pourrait bien se dire qu'en définitive, le premier jour du reste de sa vie vaut peut-être la peine d'être vécue...

Merci à Gruz...
4,589/5,000
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« Trois mille chevaux vapeur » d'Antonin Varenne est un condensé de western, polar, nature writing, histoire, amour, aventure, voyage, guerre et littérature maritime. Un mélange surprenant mais qui se révèle loin d'être un gloubi-boulga fade ou pire, écoeurant. Bien au contraire, c'est un cocktail détonnant qui fonctionne à merveille.
1852, guerre anglo-Birmane. A bord du Healing Joy (« Joy » qu'on pourrait traduire par « grosse ironie » sûrement…), le sergent Bowman et quelques-uns de ses hommes reçoivent l'ordre d'une mission secrète pour l'East India Company… Mission qui tournera mal puisqu'ils seront fait prisonniers et torturés dans les geôles birmanes pendant 6 ans (y a d'la joie, vite dit, on cherche encore les hirondelles…).
De retour à Londres six ans plus tard, il est loin le soldat fort, fier et sans peur. Ivre et embrumé dans les volutes d'opium à longueurs de journée, il traine dans un Londres aussi fétide que lui (quand il est en mesure de « trainer »). Dire qu'il n'est plus que l'ombre de lui-même serait presque une description trop flatteuse de ce qu'il est devenu.
J'avais bon nombre de critiques élogieuses sur ce roman, ce qui a, sans conteste, éveillé ma curiosité. Mais lorsque j'ai commencé les premières pages, je me suis demandé si j'allais tenir la longueur, dans cette ambiance lourde et sombre, près de 554 pages… Pourtant, il a suffi de me perdre dans le fog londonien pour me mettre à suivre Bowman, lui-même, sur la piste du tueur dont les massacres ressemblant aux tortures birmanes réveillent ses angoisses et ses crises.
Quelles sont les raisons qui poussent l'ancien sergent à rechercher ce tueur, à essayer de découvrir quel est parmi ces dix hommes qui ont rescapé comme lui à ces années de captivité, celui qui sème la mort et réveille ses cauchemars ? le sait-il lui-même ? Sorte d'acte de rédemption, pour sauver des êtres, lui qui, de sa main, a si souvent donné la mort ? Besoin d'aller vers les ténèbres encore et toujours, parce qu'il ne connait que ça, parce qu'il est hypnotisé par cela ? Façon de sombrer plus encore, d'aller à la rencontre de la mort, car la solution finale est la seule possible après ce qu'il a vécu ? Incapacité de se sauver, de tourner la page et de chercher à oublier et à trouver un sens à sa vie, une envie de vivre et non plus de survivre comme un errant ?
Bowman, c'est d'abord un soldat. Un homme rustre, dont le visage est rarement dessiné par des sourires (ou alors sardoniques). Un soldat et donc, par définition, obéissant aux ordres des chefs sans broncher, et qui attend que ses hommes en fassent de même avec ses propres injonctions. Un soldat que certains pourraient définir sans coeur, capable des pires atrocités en temps de guerre, mais aussi un homme qui n'a pas peur de se battre, un homme que beaucoup considèrent comme courageux. (toute médaille a son revers ?).
Sans doute n'aurais-je pas aimé suivre les pas de ce soldat, s'il n'avait été qu'un roc à la Rambo, sans sa part d'ombre, sans ses fêlures, ses crises d'alcoolique et ses nombreux cauchemars, suite à ces années d'emprisonnement et de tortures en Birmanie. Bref, je n'aurais pu l'apprécier s'il n'avait pas sombré, même si l'image du héros en était bien effritée. Les cicatrices sur son corps lui rappellent l'enfer qu'ils ont vécu, lui et ses hommes. Et cela lui rappelle qu'avoir l'âme en paix n'est peut-être pas fait pour lui. Je n'aurais pas été curieuse de comprendre cet homme s'il n'avait été que le sergent Bowman sans jamais être Arthur (lorsque Varenne le nommait par son prénom, -ça c'est le miracle des mots et du sens qu'ils prennent-, cela le rendait tout à coup plus humain, un être presque capable de côtoyer les hommes qui l'entourent).
Ses traits, sa carrure, sa force en imposent et impressionnent ceux qui croisent sa route. Il force le respect et fait presque peur. Son visage et son regard sont marqués parce qu'il a vécu. On comprend en une seconde que ce n'est pas le genre de joyeux drille avec qui on pourrait s'en payer une bonne tranche un soir, en sirotant un verre ou deux, à se raconter les anecdotes de notre jeunesse et nos dernières aventures. Sûr qu'on va pas se risquer, après une bonne blague, à lui donner une claque dans le dos, en super potes qu'on est devenus. Pas même sûr qu'il comprenne notre humour (et pourtant je peux en avoir, de l'humour, je crois, surtout après un verre ou deux. Tu sais pas ce que tu perds, Bowman). Alors on l'évite, on change de trottoir. Idem pour les femmes qui croisent sa carapace. Elles sont à la fois curieuses et effrayées par lui. Certaines sentent d'instinct qu'il vaut mieux ne pas l'approcher de trop près, au risque de se faire mal, de se brûler.
J'ai grandement apprécié la description de ces hommes, aux caractères si différents, des plus rustres aux plus doux et altruistes, j'ai aimé partager leurs espoirs et les envies de chacun. J'ai aimé ces rencontres, ces hommes au coeur bon, généreux qui adoucissaient un peu l'ambiance sombre : Franck le pécheur, Peevish (« Prêcheur »), le vieux Brewster et Alexandra Desmond, et d'autres encore...
J'ai aimé l'écriture d'Antonin Varenne, capable de rendre si réel chacun des personnages, même les secondaires mais aussi l'atmosphère qu'il rendait de chacun des pays, de toutes les bourgades et villes qu'Arthur Bowman parcoure lors de sa quête : la Birmanie, les bas-fonds de Londres, les grands espaces américains, le tout saupoudré par les faits historiques de la fin du 19ème : la guerre de sécession, la conquête de l'Ouest, les indiens et mexicains, les rêves de tous qu'ils soient américains ou non… Et j'ai fini par m'attacher à Arthur Bowman.
Comme dans un vrai polar sans autre étiquette, Varenne arrive à ménager le suspense. Je me suis vue passer d'un suspect à un autre, me tromper de cible, de coupable, pour finalement, comprendre que c'est parce qu'on l'est tous un peu, à notre manière…
Une belle découverte. Une très belle aventure, riche en émotions et impressions diverses. Et je vous remercie encore de m'avoir donné l'envie de cette lecture. Je me suis sentie l'âme d'une chercheuse d'or ravie, exultant d'émotions, en serrant entre les mains cette petite pépite-là.
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Je reprends mon souffle après ces 690 pages menées tambour battant au côté du Sergent Arthur Bowman ! Lu sans ennui aucun j'ai vraiment apprécié cette quête humaine à travers les continents.

Et puis c'est aussi la première fois que je rencontre l'auteur en cours de lecture, je me trouvais à la page 339 au bord de la diligence de la Butterfield Overland Mail en Amérique au départ de Saint-Louis !

Ce fût très sympa d'indiquer à l'auteur où j'en étais et d'écouter lire le début du chapitre de ma lecture et de m'assurer que nombre de détails de son livre sont véritables ! Là il s'agissait du règlement à l'intérieur des diligences.

On passe d'un continent à l'autre et on découvre le 19ème siècle à travers les yeux du sergent. Loin d'être un enfant de coeur le sergent Bowman n'aura de cesse de retrouver le meurtrier de cet homme découvert dans les égouts de Londres, d'autant plus que c'est lui que la police considère comme coupable.

Coupable, il l'est d'emblée et à sa manière. En effet ses choix n'ont pas toujours été équitables et pacifiques...

Alors, il va se lancer corps et âme dans une quête humaine pour retrouver les soldats qui comme lui ont fait parti d'une vaste machination qui les aura tous en quelques sorte détruits....

Tous sont potentiellement des meurtriers, même Bowman ... Tous sont à la fois bourreaux et victimes de la cupidité humaine.

Difficile pour moi de résumer un tel ouvrage, si complet et intéressant, extrêmement bien documenté sur les grands bouleversements de ce siècle à travers les continents.

On traverse le 19ème siècle et on traverse l'océan et aussi l'Amérique ! On se perds dans les bas fond de Londres, on s'inquiète et on frémit dans la jungle Birmane... On navigue, on galope, on se repose peu, on s'inquiète, on se tourmente et parfois on semble trouver la paix en lisant et en écrivant ...

On rencontre des personnages, des communautés, on visite des lieux toujours plus à l'ouest, on emprunte mille moyens de locomotions et on chevauche solitaire les grands espaces américains à la recherche d'une terre vierge et riche !

Arthur Bowman m'a d'emblée charmé, avec ses cicatrices, ses traumatismes. Il ira jusqu'au bout de lui-même, il se métamorphosera en un autre, plus humain assurément !

Merci Antonin Varrene de m'avoir littéralement embarqué avec vos Trois mille chevaux vapeur ! A la conquête de l'ouest et même bien davantage, à la reconquête d'un homme.

Je ne peux que vous conseiller fortement cette lecture grisante,
cette chevauchée fantastique à côté d'un homme ayant traversé
mille tempêtes et tornades pour trouver peut-être, enfin, la paix...


Lien : http://imagimots.blogspot.fr..
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Trois mille chevaux vapeur est un roman inoubliable, un roman d'aventure comme on n'en fait plus et une véritable expérimentation sensorielle.

Oui, c'est un voyage à travers le monde tout autant qu'un voyage intérieur, un roman qui fait appel à tous vos sens et toute votre sensibilité.

Découpé en trois parties se déroulant sur plusieurs années à partir de 1852, cette aventure nous mène de la Birmanie (un passage du récit plein de sons, de bruits et de fureur), au Londres de la grande canicule (un passage tout en odeurs) pour se terminer dans l'Amérique naissante (terre des grands espaces, vision panoramique).

Quand on y rajoute un personnage principal d'une telle épaisseur qu'on a littéralement l'impression de le toucher (tout autant qu'il nous touche) et des dialogues tellement forts qu'ils résonnent longuement à nos oreilles, on sent très vite que ce livre a le goût des expériences mémorables.

Et si, en plus, j'insiste sur le fait que l'auteur possède un talent unique pour titiller notre sixième sens qu'est l'imagination, vous aurez compris pourquoi je parle d'expérience sensorielle.

A la croisée des chemins du western, du roman de guerre, du polar et de l'aventure intérieure, cette histoire est d'une profondeur rare. le genre de récit immersif dont on ne peut (on ne veut) se détacher.

Fascinant, dépaysant, prenant, émouvant, violent, le roman est tout ça à la fois (et tellement plus encore). Difficile de trouver mes mots pour exprimer à quel point les mots de l'auteur m'ont marqué.

Sa plume est si expressive, son récit si crédible, les sentiments exprimés si forts que cette aventure humaine prend vite des dimensions d'épopée, à une période charnière de notre histoire où elle bascule vers notre société moderne.

Antonin Varenne prend son temps, tout au long de ces 550 pages, pour nous conter son histoire. Pourtant, à aucun moment, on ne sent poindre le moindre ennui tant l'action qui se déroule sous nos yeux (à travers nos sens) prend une dimension épique, en restant au plus proche de l'humain.

Parce qu'il faut parler de cet inoubliable personnage principal. Un homme dur et violent, une vraie brute, qui va se lancer à la poursuite d'un assassin, de ses fantômes et d'une hypothétique rédemption. Un personnage complexe, à la fois effrayant et bouleversant. Un personnage en pleine transformation, à l'image de l'époque qu'il vit.

Je n'aime pas lancer les mots à la légère. J'insiste pourtant : ce roman, d'une profondeur romanesque et psychologique étonnante, loin de tomber dans la facilité tout en restant vraiment accessible, est inoubliable. Un véritable et sombre bijou.
----------------- Lu sur " Emotion " Blog littéraire et musical

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1858, le sergent Bowman, après avoir été prisonnier et torturé en Birmanie comme une dizaine de ses compagnons six ans auparavant lors d'une expédition pour le compte de la Compagnie des Indes Orientales, survit dans les quartiers de l'East end de Londres. C'est un homme brisé, sans avenir qui s'adonne à la boisson et fréquente les fumeries d'opium; son destin va basculer après deux meurtres dont le mode opératoire s'apparente aux tortures pratiquées lors de sa captivité en Birmanie. Accusé à tort, il va entreprendre la traque de l'assassin probablement un de ses anciens compagnons, une traque qui va l'entraîner dans le nouveau monde, lui permettant de reprendre sa vie en main.
Avec trois mille chevaux vapeur, Antonin Varenne nous entraîne dans une aventure épique, avec un roman à la confluence de plusieurs genres littéraires, le roman historique, le nature-writing, le roman policier, le road movie et la quête de rédemption. le sergent Bowman se trouve à l'époque charnière qui voit le passage de la marine à voile à la marine à vapeur, il devra lui aussi s'adapter à ce nouveau monde.
C'est un roman épique qui renoue avec les grands romans d'aventure qui nous font voyager autant dans le temps que géographiquement et le niveau de documentation notamment sur la ville de Londres lors de la canicule de 1858 - la grande puanteur - est un vrai morceau de bravoure.
Un petit bémol, une carte des principaux points de passage aux Etats-Unis aurait été bien utile.
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Wouach, quel souffle!
Je suis encore toute décoiffée au sortir de roadmovie / western / roman d'aventures épique dévoré en deux jours, dont la lecture constitue une expérience physique aussi éprouvante que réjouissante.

On commence (1852) par se noyer sous la mousson birmane, tremblant sous les coups de mousquets dans une bataille navale qui verra Arthur Bowman et ses hommes pris au piège se faire capturer et enfermer dans des cages. Seuls dix en reviendront, après une longue année de torture.

Puis on étouffe dans les remugles pestilentiels d'une Londres suffocant sous ses propres déjections (1858) où Bowman, libéré mais plus mort que vivant et couvert de cicatrices suintantes de cauchemars et d'alcool, reconnaîtra dans un meurtre sordide perpétré dans les égouts la marque de mort et de violence causé par "la cage"...

Enfin, troisième partie (1860) : de l'air! du grand même, et le roadmovie démarre avec une traversée de l'Atlantique sur le dos de trois mille chevaux vapeur puis celui d'une fière jument qui emmènera Bowman, revenant peu à peu de son enfer à mesure qu'il traverse les Etats-Unis en devenir, sur les traces sanglantes du serial killer qu'il poursuit depuis Londres.
Mais c'est bien au-delà que le mènera sa quête...

Boudiou que ça fait du bien un bouquin comme celui-là!
J'ai ressenti un plaisir quasi enfantin à le lire et à me laisser emporter par sa puissance évocatrice, malgré -- petits bémols -- un début difficile (la première partie birmane scénographiée sur un rythme auquel je ne suis jamais parvenue à m'accrocher), et quelques scènes manquantes autour du personnage d'Alexandra qui y aurait gagné la consistance qu'il mérite.

Découvert et lu dans le cadre du challenge Pavés 2014/2015 (merci à Eliane92!)
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Aventure, thriller, historique, western, amour, rencontres et amitiés de voyages, grands espaces, guerre, odeurs. Il y a tout : une merveille.
De 1852 à 1864 on suit l'épopée de notre héros le sergent Browman que l'on n'oubliera pas de si tôt.
L'histoire commence en Birmanie où Browman, sergent pour la Compagnie des Indes, se bat. de retour à Londres, il se retrouve face à un corps torturé à la façon des Birmans. Est inscrit avec le sang du mort : SURVIVRE… Browman est accusé. Il lui faut trouver les neuf autres hommes qui étaient avec lui, afin de trouver le meurtrier. Son enquête commence à Londres et se poursuit à travers les Etats-Unis d'Est en Ouest à travers les rocheuses.
Belle réussite de Antonin Varenne : personnages attachants, un point fort pour ses descriptions d'odeur, de paysages. Tout est parfait. Merci à Claire qui me l'a prêté.
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On avait déjà croisé Antonin Varenne dans un polar un peu déjanté : Fakirs.
Revoici cet auteur dans un tout autre registre, celui du roman d'aventures, fresque picaresque, voyage en technicolor et odorama.
Le titre, sur la couverture, donne déjà le ton : Trois mille chevaux vapeur, rien que ça. C'est la puissance du bateau transatlantique de la Cunard qui emmènera le sergent Bowman aux Amériques juste avant l'élection d'Abraham Lincoln en 1860. C'est aussi la mesure de la puissance évocatrice de ce roman bouillonnant qui résonne de bruits et de fureur, de guerres et de puanteurs.
Mais avant de partir pour le far-west, le sergent Bowman est d'abord passé par les Indes et la Birmanie : il était soldat pour la Compagnie des Indes Orientales, la britannique, la société privée qui reçut de la Reine Elisabeth les privilèges de frapper sa propre monnaie et recruter sa propre armée et dont les mercenaires terrorisèrent une grande partie de la planète … pour le bien de l'Empire.
C'est à l'embouchure de l'Irrawaddy que commence ce récit en 1852, en pleine guerre navale. Quelques pages à peine, pleines de bruit et de fureur, et nous voici plongés au coeur des combats aux côtés du sergent Bowman et de ses hommes, envoyés en mission secrète contre les ‘singes' birmans (on découvrira plus tard les dessous peu chevaleresques de cette affaire qui finira très mal).
Plus tard, en 1858 au coeur de la Grande Puanteur, on retrouve le sergent Bowman à Londres, imbibé d'alcool et d'opium. Quelques années de captivité chez les 'singes' birmans ont laissé des traces profondes dans son cerveau ravagé par les cauchemars et des cicatrices effrayantes et mystérieuses sur son corps amaigri.
Un meurtre puis un autre semblent alors réveiller les fantômes des années terribles.
Le sergent part à la recherche des rares survivants de l'épisode de 1852 et des années de captivité qui suivirent : l'un d'eux est sans doute l'assassin.
Bowman devra poursuivre l'assassin et ses propres cauchemars jusqu'aux Amériques où il débarque le 8 mars 1857 en pleine manifestation des ouvrières du textile (1).
C'est sur cette trame historique délibérément ‘choisie' qu'Antonin Varenne s'amuse à déplacer son pion (et nous avec !) d'est en ouest, en voilier, en train, en vapeur, en diligence, à cheval, pour notre plus grand plaisir : le contexte est évoqué avec précision mais sans pédantisme affecté, sans étalage complaisant, juste ‘histoire' de piquer notre curiosité.
Le fil de l'intrigue ‘policière' est très ténu et ne sert qu'à nous tenir en haleine tout au long du voyage, dans l'impatience de découvrir quelles sont exactement ces mystérieuses et terribles cicatrices que Bowman et ses anciens compagnons d'armes ont ramené de captivité, et lequel des rares survivants en est devenu fou furieux.

Un extrait d'une interview de l'auteur :
[...] Fan de western depuis longtemps, j'ai décidé de me lancer et de là s'est greffée l'idée de la poursuite d'un tueur qui aurait pu être un tueur du XXe siècle, mais pendant la conquête de l'Ouest. Ensuite il a fallu des personnages, ils ont pris corps au fur et à mesure, selon les besoins de l'histoire...
Pour la première fois je crois que j'ai vraiment forcé le destin d'Arthur Bowman (le personnage principal) à aller exactement là où je voulais. Ce que je n'ai pas maîtrisé, c'est par où il allait passer. [...] Je savais où je voulais faire arriver le héros, mais Bowman est passé par des endroits que je ne m'attendais pas du tout à visiter ...

Au long de ses pérégrinations, l'increvable Sergent Bowman rencontrera toute une galerie de personnages hauts en couleurs, au figuré comme au propre puisque le monde de l'époque se confronte aux jaunes, aux noirs et même aux rouges du far-west. Bowman fera même la connaissance d'un étonnant indien métis qui s'est lui-même baptisé John Doe ! … et d'une belle rousse du far-west (joli portrait de dame).
Le sergent Bowman réussira-t-il à racheter sa rédemption après les horreurs commises et subies quand il n'était qu'un spadassin au service de Compagnie ?
Commencé à grand bruit dans la fureur des guerres coloniales en Asie, le roman s'achèvera au son des canons de la Guerre de Sécession sur laquelle Arthur Bowman et Antonin Varenne jettent un regard désabusé.
En pleine transformation industrielle, le XIX° siècle finissant annonce déjà les terribles fracas des années à venir et la plume d'Antonin Varenne a suffisamment de souffle et d'ampleur pour nous entrainer et nous faire partager ces bouleversements.
Bien sûr on peut se dire que le récit d'Antonin Varenne joue la facilité avec des épisodes assurés d'emporter l'adhésion de ses lecteurs. Mais il faut bien reconnaitre aussi que l'auteur maîtrise et sa plume et ses effets et que sans ces talents il nous aurait perdu en chemin depuis bien longtemps.
Les romans d'aventure modernes et contemporains sont assez rares pour s'attarder sur celui-ci, vraiment très intéressant.

(1) - pour les curieux, il semblerait que l'histoire de cette manif et de la répression sanglante qui suivit (l'armée aurait ouvert le feu sur les ouvrières) ne soit qu'une légende destinée à occidentaliser la commémoration du 8 mars. Mais cela n'enlève rien au récit de Varenne !

Pour celles et ceux qui aiment les aventuriers.


Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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