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EAN : 9782020859554
161 pages
Seuil (23/03/2006)
3.57/5   7 notes
Résumé :
Présentation brève et vivante du prophète de l'Iran et de la religion qu'il fonda. On y trouvera l'histoire légendaire du fondateur, de sa religion, et la traduction d'hymnes et de textes introuvables en français.
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Cet essai, qui remonte à 1966, est une introduction succincte et illustrée à la religion mazdéenne, telle qu'elle apparut en Iran apportée par les Aryens autour du IIe millénaire, fut réformée par Zarathushtra au VIIe s. av. J.-C., et telle que les Parsis la pratiquent encore de nos jours, en faible nombre, en Iran mais aussi dans quelques parties de l'Inde. Il se compose en parts presque égales d'une histoire de la religion ainsi que du personnage prophétique, et d'une brève sélection d'extraits commentés des différents textes sacrés : l'Avesta, le Zarâthusht-nâma, les Gâthâ.

Jean Varenne est un indologue et sanskritiste : son approche est donc particulièrement adaptée à relever les similitudes entre mazdéisme antique et brahmanisme, de même que l'histoire des Mazdéens qui, fuyant la chute de l'empire sassanide et l'islamisation de la Perse au VIIe s. ap. J.-C., s'installèrent en Inde où furent rédigés : le Dênkart, « encyclopédie mazdéenne » au IXe s., la « Vie de Zarathushtra » au XIIIe, les Riwâyat au XVIIe. Il apparaît donc clairement de l'ensemble de cet essai que les échanges démographiques, commerciaux, culturels au sens le plus large et spécifiquement religieux entre l'Iran et l'Inde ont toujours été vivaces, au point de suggérer une unique aire géo-historique s'étendant de la Mésopotamie bien au-delà de l'Indus, jusqu'au moins à Bombay.

J'ignore si des recherches philologiques et archéologiques ont infirmé certaines des thèses ici défendues. Pour ma part, j'ai trouvé un peu trop rapidement survolées (ou insuffisamment documentées) deux périodes : celle des Achéménides (entre Cyrus le Grand et Darius) au cours de laquelle, d'après ce que je sais, la mazdéisme, religion d'Etat, vécut cependant une « contre-révolution », réactionnaire et cléricale, par rapport à l'enseignement de Zarathushtra ; et celle des Sassanides (du IIIe s. à la conquête arabe) au cours de laquelle on assista à la compilation de l'Avesta qui – coïncidence ? - se superposa à la prédication de Mani (216-277) et à sa rapide éradication.

Concrètement, il m'a semblé, tout au long de la lecture, que l'auteur a cédé, en parlant de Zarathushtra, à des tentations de « modernisation » de sa pensée sur deux points, que peut-être un approfondissement des deux périodes ci-dessus indiquées eût pu corriger : une insistance trop appuyée sur le monothéisme qui aurait caractérisé le mazdéisme depuis Zarathushtra, et, dans le même sens, une trop faible attention au dualisme, qui apparaît comme un apport typique et spécifique de Mani. Lorsqu'on visite le Temple mazdéen de Yazd, avec ces citations des textes sacrés encadrées et traduites, et à entendre une guide de Persépolis aujourd'hui, cette tendance à la « modernisation » et à l'émoussement des différences avec les doctrines musulmane et chrétienne est encore plus évidente et, à mon sens, assez choquante.
En particulier, Varenne affirme :
« Cet hymne montre bien que le dualisme, au moins dans les Gâthâ, n'est pas une doctrine qui partagerait le monde entre deux dieux rivaux et égaux en puissance, mais la croyance au conflit actuel de deux hypostases divines au-delà desquelles règne un Dieu qui les transcende absolument. » (p. 166).
Or, je choisis deux extraits : le premier de Varenne lui-même, le second qui est un cit. de ce même hymne que l'auteur utilise pour sa démonstration contre le dualisme. Il me semble, personnellement, que c'est justement l'inverse qui est démontré...


Cit. :

« Du moins pouvons-nous avoir une idée générale du fond de la doctrine, sinon de ses détails, par la comparaison entre ce qu'était la religion aryenne au moment de la scission et ce que devint la religion iranienne après Zarathushtra : de polythéistes qu'elles étaient, les croyances se voulurent monothéistes ; le sacrifice cessa d'être sanglant et céda le pas, sans s'effacer totalement, à un culte d'adoration dédié à la personne divine ; les anciens dieux furent tenus pour des démons – quitte à retrouver une place clandestine dans la religion nouvelle ; enfin et surtout l'accent fut mis désormais sur les valeurs éthiques : gagner le ciel serait affaire de conduite quotidienne et personnelle, non d'exactitude rituelle ou de conformité à une norme sociale acquise à la naissance avec la caste. » (p. 50)

[Extrait des Gâthâ – poèmes de Zarathushtra – Yasna 30, strophes 3-5]
« Or, à l'origine, les deux esprits qui sont connus comme jumeaux
Sont, l'un, le mieux, l'autre, le mal
En pensée, parole, action. Et entre eux deux,
Les intelligents choisissent le bien, non les sots.

Et lorsque ces deux esprits se rencontrèrent,
Ils établirent à l'origine la vie et la non-vie,
Et qu'à la fin la pire existence soit pour les méchants,
Mais pour le juste la Meilleure Pensée.

De ces deux esprits, le méchant choisit de faire les pires choses ;
Mais l'Esprit Très Saint, vêtu des plus fermes cieux, s'est rallié à la Justice ;
Et ainsi firent tous ceux qui se plaisent à contenter, par des actions honnêtes, le Seigneur Sage. » (p. 166)
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Zoroastre ou, plutôt, Zarathoustra, est l'une des figures séminales de la pensée religieuse universelle : ce prophète, né au septième siècle avant notre ère dans la région historique du Khorassân (plus précisément dans le nord-est de l'Iran ou les frontières de l'Afghanistan) est apparu au même moment que son "frère d'Inde", le Bouddha, et pour les mêmes raisons (mais dont les finalités différent fondamentalement, d'après l'auteur du moins), la revitalisation "éthique" sous la forme mazdéenne d'un culte qui n'était plus "que" ritualisme aride ; et si je parle de "frère d'Inde", c'est que l'auteur, avant d'expliciter le personnage et la doctrine de Zarathoustra, consacre un grand nombre de pages aux Indo-Européens, et surtout sa branche des Indo-Iraniens, qui ont fomenté les civilisation iranienne et indienne "cousines", et donc on retrouve des points communs dans la religiosité avestique et celle des Védas, que le spécialiste ne manque pas de souligner.

Ensuite, Jean Varenne aborde le cas des Zoroastriens toujours présents, comme les cas rares en Iran mais, surtout, les Parsis d'Inde, quelques centaines de milliers immergés dans un océan (plus d'un milliard) de non-Parsis : ceux-là, autant "collaborateurs" des colonialistes anglais qu'importants acteurs dans la société indienne, ont non seulement atteint une prospérité économique, mais ont su gardé leurs traditions intactes, même si une dégénération "ritualiste" est signalée, en plus des acnés "modernistes" et "laïcs" (mixité matrimoniale, etc).

Pour finir, nous bénéficions de la lecture de plusieurs textes sacrés du zoroastrisme (ou mazdéisme), une spiritualité qui se démarque par la prépondérance accordée à une "éthique" de vie.
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Jean Varenne décrit dans ce volume une religion originale, extrêmement minoritaire sur son sol natal, l'Iran, et dont le fondateur n'est tout au plus pour nous qu'un nom célèbre. Quand les écrits qui lui étaient attribués furent traduits, toute l'Europe du XVIII°s exprima sa déception devant ce "galimatias" mystique : Zoroastre n'était pas tel qu'on l'avait imaginé. le livre de Jean Varenne a le grand mérite de nous donner une petite anthologie de textes introuvables en français, et de présenter une religion fort ancienne, toujours vivante et extrêmement séduisante dans sa vision du monde.
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Une introduction à un précurseur finalement méconnu.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Lorsque, vers la fin du VII°s, l'Iran est tout entier aux mains des conquérants musulmans, on assiste à un phénomène habituel : la conversion massive des populations à l'Islam. La religion mazdéenne disparaît ... Toutefois, l'islamisation de l'ancien Empire sassanide fut lente et jamais tout à fait complète : des Mazdéens subsistèrent un peu partout en Médie, près de Téhéran, dans le nord et dans les montagnes de la Perse. D'autre part, la religion de Zarathoustra se trouva perpétuée par les marchands iraniens installés dans les comptoirs maritimes de l'Inde, de l'Asie du Sud-Est et de la Chine. A eux se joignirent des groupes de réfugiés quittant l'Iran pour échapper à l'impôt frappant les Infidèles. Enfin toute l'inde du Nord-Ouest, du Sindh à la vallée du Gange, posséda des colonies iraniennes où les traditions se conservaient : en 1709, Ibrahim le Ghaznévide se vante d'avoir exterminédes Zoroastriens à Dun (ville au nord de Delhi), et c'est à Penjâ Dehra qu'en 1178 et en 1323 que se rendent les prêtres parsis de Sanjan désireux de vérifier leur version du Vendidâd.

p. 67
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