![]() |
S'adapter. Ça fait des mois que l'on s'adapte avec pour horizon, celui de retrouver nos repères habituels, ceux d'avant. Parfois, malgré tout, il y en a un qui passe. Alors tu t'empresses de le saisir, pour renouer avec le confort rassurant de tes marqueurs passés. C'est le cas de la sortie du nouveau Valerio Varesi, La Maison du commandant, traduit par Florence Rigollet. Soneri, Parme, le Pô, Angela, la brume, la bouffe, Juvara… Tout est en place. On est bien. S'adapter Lui dit pas ça au commissaire Soneri, qui enquête après enquête voit son monde s'écrouler, ses valeurs se diluer dans la médiocratie corrompue de l'époque : la télé qui abrutit, les téléphones et leurs technologies obsolescentes qui remplacent le cerveau des hommes, les jeunes générations désabusées et résignées. Heureusement il reste Parme et le Pô : « le mouvement du fleuve est la seule chose qui n'a pas changé. Pour le reste, je ne reconnais plus rien. » Réac le Soneri ? Résistant serait plus adapté. S'adapter À une hiérarchie qui pèse de plus en plus à Soneri quand elle doute de ses capacités à retrouver les tueurs des deux cadavres découverts dans la Bassa, la basse plaine du fleuve. Un marécage nauséabond où trainent des pêcheurs-pilleurs venus d'Europe de l'Est, des trafiquants d'armes nostalgiques des luttes ancestrales entre partisans et fascistes, des chercheurs d'or volé aux Allemands en 45, et des néo-révolutionnaires à la petite semaine, persuadés qu'un casse de DAB est le début d'une insurrection populaire. Se délecter Et profiter pleinement de ce 6e opus d'une série dont on ne dira jamais assez l'originalité attachante de l'ambiance et de l'atmosphère, comme l'excellent travail de ses personnages. Livre après livre, Soneri expose davantage ses doutes et ses faiblesses, trouvant en Angela l'écoute et le réconfort qui l'équilibrent. Et parfois un peu plus, à la hussarde dans un camion ou dans la voiture de fonction sur les rives du Po en crue. Car définitivement mal à l'aise dans une époque où il voudrait retenir le passé mais « fuir la nostalgie qui pue toujours la mort », Soneri sait rester pragmatique : « En clair, y a plus que le cul ». Précipitez-vous ! + Lire la suite |