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4,06

sur 4354 notes
Rien d'exceptionnel, pas de transcendance dans les livres de l'archéologue écrivain (je rejoins sur ce point l'ami Terrains vagues), et pourtant, on y revient toujours avec plaisir. Je dirais qu'il s'agit de goûter des dialogues savoureux, absurdes ou poétiques, qui construisent une ambiance particulière et mettent les personnages dans une autre dimension pour décrire une réalité tangible - celle de de la brutalité ordinaire du monde. À cela on peut ajouter une bonne dose d'humour, qui ne s'interdit pas d'être foireux.

En fait, c'est le concept même du rompol, le cinquième que je lis, dont on peut dire, sans dévoiler l'intrigue, que des tombes profanées et des cerfs mutilés occupent le commissaire Adamsberg. Quand il ne pouponne pas Tom le fils qu'il a eu avec la belle Camille, pour un moment lassée de ses atermoiements amoureux. Des soucis pour le commissaire auxquels s'ajoute l'arrivée d'un béarnais dans sa brigade, un beau gars de son pays qui plaît à Camille et semble vouloir en découdre avec lui pour une affaire très ancienne. Bref, une bonne histoire tordue à déguster sans modération.
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Autour de moi, « on » n'arrêtait pas de me vanter Fred Vargas, cette grande-prêtresse du polar, cette impératrice des intrigues ficelées bien fagotées, cette magicienne de l'humour.
Ma foi oui, je suis bien d'accord avec « on ». Et j'ajouterais les dialogues savoureux, la psychologie fine comme de la pâtisserie. Me voilà en train de parler cuisine, ce qui n'est pas le cas, pourtant.

Quoique...
Il est question dans cette histoire d'une boisson assez curieuse, un élixir, plutôt, dont la recette est tirée d'un vieux grimoire exposé chez un curé de village normand. Mais il est question aussi de cadavres, d'exhumations de vierges, de tripatouillages de tripes de cerfs, de tortures.

Là, franchement, vous croyez que je vais vous raconter l'histoire ? Vous vous trompez complètement. Non seulement je trouve que dans un polar, il ne faut rien dévoiler, car même ce qui est dit au début est resservi à la fin avec une autre sauce, donc autant garder l'intérêt intact (ça y est, me revoilà en train de parler cuisine) ; mais aussi parce que tout est tellement bien imbriqué, que si l'on tire sur un fil, le reste vient, et ça, ce serait vraiment dommage.

Je me contenterai donc de vous dire que j'ai fait la connaissance d'un commissaire très spécial, « pelleteux de nuages », qui prend son rôle de flic très au sérieux, mais à sa manière : il a l'habitude de marcher le long de la Seine pour donner de l'air à ses idées, qui s'amasseront toutes seules et se trouveront une ligne directrice tout à fait par hasard. Il fait confiance à l'intuition et malgré son incompétence soi-disant affichée dans les rapports humains, il s'en tire haut la main. Il me plait, cet Adamsberg, encore amoureux de sa Camille qui s'éloigne et protecteur de son petit Tom. Et quand un gars du village d'à côté de son enfance arrive dans sa Brigade, sa tête aérée s'encombre de nuages... Toute la Brigade, d'ailleurs, en sera remuée et bien mélangée.

Quel plat, mes amis ! Je boirais bien un petit élixir pour faire passer le tout !
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J'avais lu de cette écrivaine « pars vite et reviens tard » que j'avais adoré…
j'ai mis beaucoup de temps à lire un de ses livres, je ne sais pas pourquoi ! Trop de livres à lire… et pas assez de temps !
Je regrette, puisque j'ai aussi beaucoup aimé celui-ci.

J'ai apprécié la fine équipe d'enquêteur, les intrigues, l'originalité du récit (j'ai appris beaucoup de choses quand même, sur les os cachés chez certains mammifères), et cette fin qui m'a laissé sans voix…
Et je raffole lorsque je suis étonné et que je n'ai rien vu venir…

Une auteure incontournable, que je vais m'empresser de lire.

Bonne lecture !
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Vous prendrez bien quelques vers de Racine pour faire passer une affaire sordide de profanation de tombes? Et même un dernier ver après la découverte des deux profanateurs retrouvés égorgés.

"Mais je le vois, tu trembles et ton âme vacille.
Toi le vainqueur de Troie qui conquis en un jour
Et les murs de la ville et du peuple l'amour
Se peut-il que ton coeur faiblisse pour une fille?"

Rien n'étonne le commissaire Adamsberg même si le nouveau l'agace un peu, le lieutenant Veyrenc. Ce dernier émet de mauvaises ondes à toujours conclure ses interventions par quelques alexandrins lourds de sens. D'ailleurs, la douce Camille, encore séparée de notre héros, pourrait bien tomber dans ses filets. Danger! Et ainsi échapper une fois de plus à notre Jean-Baptiste.

Une fois ses directives planantes laissés à son équipe, cela laisse du temps à Adamsberg pour s'occuper de son petit Thomas. Même si, tranquille dans sa maison en Normandie, une ombre grise rôde dans les parages.

Une fois les personnages en présence bien identifiés, il ne reste plus qu'à dérouler le fil de l'intrigue. J'ai particulièrement apprécié les tiques de langage toujours repris à propos qui finissent par constituer des comiques de répétition très réussis.
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Ce roman est un policier certes intéressant, mais un policier comme tant d'autres...

Oui mais voilà....

Ce qui fait les policiers de Fred Vargas si différents, si attachants, c'est ce style particulier mêlant, dans les dialogues des personnages, langage courant et sophistication littéraire croustillante telle qu'elle donne une épaisseur, une consistance à ses héros ; je ne parle pas ici du lieutenant Veyrenc s'exprimant en Alexandrins mais bien des autres capables de sortir :

« Il lui manque une case ; la question étant de savoir si elle est née sans ou bien si elle l'a perdue en route. »

Ou bien encore :

« Pas un acheteur depuis six ans ! Ça ne vous a pas chiffonné cela ?
C'est-à-dire, monsieur Velasquo, que je suis difficile à chiffonner. »

Il en ressort des personnages typés, au caractère trempé plus ou moins sympathiques mais qui ne laissent jamais indifférents. Un commissaire Adamsberg à l'esprit singulier à l'intellect creux, comme il le dit lui-même, ne fonctionnant bien que lorsqu'il déambule (idée qui me touche profondément) et dont le corps entier va résoudre l'énigme !


Les descriptions de Fred Vargas, quant à elles, sont pleines d'inventions verbales, de comparaisons incongrues qui donnent du pétillant à ses romans. Prise au hasard, en voici une :

La voix du commissaire qui passait comme un vent, lente, tiède et mouvante, emportait son adhésion involontaire comme s'il était une feuille roulant au sol ou l'un de ces foutus galets dans cette foutue rivière qui se laissaient faire. [ ] à la fin c'est l'eau qui gagne.

Mais ce qui m'épate chaque fois que je lis un Fred Vargas, c'est son excellente intégration de la psychologie masculine dont j'ai du mal à trouver un équivalent si pertinent chez d'autre auteur femme que j'ai pu lire.

Enfin bref, vous l'avez compris ; chaque nouveau roman me rend plus addict à cette auteure. Si vous ne connaissez pas Fred Vargas, goûtez-y, mais peut-être pas forcément avec « dans les bois éternels » qui n'ai pas, à mon goût, son meilleur cru.
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Des êtres dissociés, des cousins remués, un compatriote des vallées pyrénéennes qui parle en alexandrins, une médecin légiste dont la soixantaine n'a pas entamé le charme propre à faire chavirer Adamsberg, et pour couronner le tout des cerfs éventrés en Normandie, avouons qu'il y a de quoi disperser les idées et y faire perdre son latin à un être rationnel. Oui mais voilà, Adamsberg n'est pas un être rationnel. C'est un "pelleteur de nuages."

Disons-le tout net Adamsberg a un problème de management. Il pèche par manque de capacité de persuasion, d'esprit de cohésion et de pédagogie à l'égard de ses subordonnés. En fait, il ne veut pas s'en donner la peine. Ils doivent donc le suivre aveuglément. Réfléchir, c'est s'opposer. Car lorsqu'il est pris dans les réflexions que lui inspire son sixième sens, ses équipiers en sont réduits aux croyances. Il y a donc ceux qui croient et ceux qui ne croient pas. C'est pour ça que sa brigade criminelle est souvent divisée.

Il faut dire que dans l'affaire des bois éternels, il y a de quoi leurrer son monde. le fil qui pointe de l'écheveau est plutôt ténu et fragile pour élucider le meurtre de deux gros bras que rien ne relie au milieu du banditisme. Ce fil, lorsqu'on l'exploite, fait apparaître une recette codée extraite d'un grimoire du 17ème siècle, celle d'un d'élixir de vie. C'est confus à souhait, voire impénétrable au commun des mortels. Il faudra bien toutes les ressources combinées d'un commissaire inspiré et de son adjoint instruit, l'encyclopédie de la brigade, fraîchement promu commandant, pour démêler l'écheveau que le commanditaire des crimes a savamment enchevêtré. Fred Vargas l'a bien mitonné celui-là. Difficile pour le lecteur de se faire son opinion du coupable avant qu'Adamsberg le lui désigne.

On retrouve la passion de l'auteure pour les contes et légendes du Moyen-âge. Mais c'est tellement tortueux qu'on a du mal à se figurer un esprit moderne s'engluer dans pareille machination autour d'une croyance d'un temps où la pierre philosophale faisait encore rêver. C'est un peu dommage, cela déprécie le scénario. Mais soit, le genre autorise tous les artifices pour convoquer les fantômes du passé et tenir en échec les techniques d'investigation modernes.

En tout cas cette affaire donne à Adamsberg l'occasion de renvoyer l'ascenseur à sa fidèle lieutenant Violette Rétancourt, dont d'aucuns prétendent que son gabarit et ses chances de séduction refoulées lui autorisent certaines libertés et prises de risque. Mais cette fois elle est allée un peu loin dans l'indépendance. Elle avait extirpé son patron du Canada où il était en mauvaise posture, il la tire in extremis d'un mauvais pas. le flair d'Adamsberg lui fera faire confiance à celui d'un membre de la brigade qu'on avait pris l'habitude de voir se réchauffer sur la photocopieuse. C'est Boule, le chat. Pour une fois il intervient dans une enquête. On en pensera ce qu'on voudra.

Des êtres dissociés entre l'alpha et l'oméga, des cousins remués, y aurait-il du rififi dans la famille Adamsberg ? La lecture des Bois éternels nous affranchit sur ces expressions pour le moins surprenantes lesquelles trouvent leur éclaircissement dans la criminologie ou le parler local. L'étude des caractères étant une marque de fabrique chez Fred Vargas, elle nous soumet un ouvrage dans lequel on reconnaît bien sa touche cérébrale pour nous concocter une énigme musclée sur fonds historique. Un bon moment de lecture à partager l'ambiance de la brigade criminelle version Adamsberg avec laquelle j'ai eu l'occasion de me familiariser.
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J'adore Fred Vargas pour diverses raisons.
D'abord, les enquêtes sont toujours originales et différentes de tout ce que l'on a pu entendre jusque là.
Les personnages sont croustillants. A commencer par le flic, qui n'est pas border line, mais vraiment à l'ouest. Même les personnages secondaires sont travaillés et ont tous leurs petites manies, leur signe distinctif. Sans oublier le chat qui est unique.
Et surtout, n'oublions pas l'écriture. Attachante, captivante, savoureuse, imagée... Je m'arrète là mais la liste des qualificatifs pourrait s'allonger encore et encore.
Le must, c'est qu'on se retrouve avec un policier très "français". L'auteure ne s'est pas laissée embarquée dans la frénésie américaine.
Bref, un vrai régal que je savoure chaque fois avec un plaisir grandissant.
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Un très bon Vargas !
L'intrigue est excellemment construite, entremêlant plusieurs histoires, emportant le lecteur de page en page, sans oublier de lui faire miroiter quelques jolies fausses pistes et de lui laisser croire, un moment, que l'auteur a joué la facilité en débutant son histoire par un simple coup de hasard. Mais de hasard, il n'y a pas : tout s'emboîte parfaitement, y compris les éléments les plus loufoques (que Fred Vargas affectionne tout particulièrement).
Les personnages, anciens ou nouveaux, prennent chair avec beaucoup de précision et une psychologie très fine (et pourtant, ils sont nombreux !) et l'ont a plaisir à retrouver ceux que l'on a déjà côtoyés, tant l'auteur sait les rendre attachants, avec leurs faiblesses et leurs qualités.
Le langage, quant à lui, est toujours très travaillé, tout en coulant avec aisance (et toujours beaucoup d'humour et d'humanité). Là aussi, pas de hasard : les mots sont choisis, précis, parfois techniques, mais sans lourdeur. On sent le plaisir que l'auteur a lorsqu'elle écrit (plaisir qu'elle sait transmettre car elle ne se regarde jamais écrire : elle écrit pour servir son histoire... et nous réjouir !). C'est notamment le cas lorsqu'elle joue parfois sur les différents sens des mots pour rendre compte des états d'âme et des questionnements des personnages, utilisant parfois des parallèles très bien trouvés entre les hommes et les animaux.
Enfin, il faut, une fois encore, souligner la capacité de l'auteur à aller chercher des histoires ancestrales des plus étranges et à les mettre en phase avec la réalité actuelle d'une enquête policière, grâce à une foule de détails aussi réalistes que farfelus.
On adhère ou pas à tous ces ingrédients, si caractéristiques de l'oeuvre de Vargas.
Pour ma part, j'adhère !
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Dans les Bois Éternels, série: Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, volume 5/10, paru en 2006.
Un roman policier bien sûr! Mais pas que… Un véritable roman avec une intrigue fouillée, une collection de personnages nouveaux relevant de l'étrange et du fantastique, une étude de caractères pointue, des rebondissements inattendus, une désopilante utilisation d'alexandrins, un grimoire du 16è siècle, quelques ombres fantomatiques, et un serial killer tapis dans la nuit ou bien y'a t'il une taupe dans la brigade criminelle du 13ème? Équipe que nous retrouvons avec ses figures hautes en couleurs. Un vrai Rompol à la Vargas au mieux de sa forme.
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Pas mon Vargas préféré mais quand-même, comme toujours, un très très agréable moment de lecture! Un Adamsberg évaporé et cotonneux mais si humain qu'on en chavire, des relations entre les personnages étudiées en profondeur qui nous donnent envie de les avoir tous pour amis, voilà les ingrédients clefs qui font des romans de la grande Fred de vrais délices!
A cela j'ajouterais en temps normal aussi son don pour l'intrigue et le suspense, mais ce n'est pas ce que j'ai trouvé de plus brillant dans cet opus et à vrai dire j'ai trouvé assez facile la clef de l'énigme et j'avais compris qui était le tueur assez tôt dans l'histoire, dommage.. Mais enfin l'enquête au fond des bois a tant d'atout dans ses manches que le plaisir fut quand-même de la partie! Je le recommande - évidemment!
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