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Critique de Sachenka


Mario Vargas Llosa est un auteur que j'apprécie davantage à chaque roman. Je n'en ai pas lu beaucoup de lui mais mais il réussit toujours à m'intéresser, avec des histoires très différentes les unes des autres et un style personnel. C'est son nom sur la couverture de La fête au Bouc qui m'a poussé à le choisir. le résumé à l'endos m'a confirmé mon choix : Saint-Domingue, la dictature de Rafael Trujillo (que je connais très peu).

Le roman s'ouvre avec Urania Cabral qui revient dans son Saint-Domingue natal après plusieurs années d'absence. Elle cherche ses repères d'antan, avec un souvenir à chaque coin de rue, à chaque bâtiment. Surtout, elle se rappelle, se pose des questions sur le passé qu'elle tente de comprendre. Elle rend visite à son père mourant, un homme autrefois important sous la dictature de Trujillo. J'aime beaucoup ces romans où des personnages jètent un regard nostalgique sur une époque révolue, même quand cette dernière fut sombre.

Mais le chapitre suivant nous ramène en arrière, alors que Rafael Trujillo contrôlait encore d'une main de fer sa petite île des Antilles. Un agent américain intrigue. Puis, l'autre chapitre après, quatre conjurés organisent l'assassinat du dictateur. Les chapitres vont et vient entre tous ces personnages, faisant promener le lecteur entre le présent et le passé. Les premières fois, c'était un peu mélangeant, surtout que les personnages n'étaient pas les mêmes. Mais on s'y habitue plutôt facilement après un certain moment.

Quelques rares chapitres mettaient en scène directement Trujillo lui-même. Je trouvais le dictateur un peu distant, même quand la narration nous projetait dans sa tête, dans ses pensées. J'aime croire que c'était volontaire de la part de l'auteur, que Mario Vargas Llosa ne voulait pas créer un lien qui pourrait faire en sorte qu'on soit interpellé par le tyran, qu'on puisse le prendre en pitié.

La fête au Bouc est un roman certes instructif. La rigueur historique que s'est imposée Vargas Llosa l'a amené à être très précis, à nommer toutes les personnes impliquées dans le complot, et beaucoup des autres participants au gouvernement de Saint-Domingue, tant avant qu'après son assassinat. Par moment, c'était mélangeant mais on s'y fait rapidement. de plus, ça met en lumière les mécanismes de la corruption qui affligeaient ce petit pays, beaucoup y gagnaient au change à se soumettre au Bouc, Trujillo, ce démon fornicateur, allant jusqu'à lui envoyer leurs jeunes filles, soeurs et mêmes épouses…

Je crois que j'aurais préféré que l'histoire se concentre sur Urania Cabral et que l'intrigue se déroule via ses souvenirs et ce qu'elle aurait pu reconstituer grâce son père mais tant pis. C'est l'histoire qu'a voulu raconter Mario Vargas Llosa. Il est certain que la présenter de façon non-linéaire et à travers la narration des différentes personnes impliquées ajoutait du suspense (le roman prenait parfois des accents de thriller !) et de l'intérêt.

La fête au Bouc est un roman magistral. Ne vous laissez pas décourager par l'épaisseur du bouquin.
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