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Albert Bensoussan (Autre)
EAN : 9782070376490
469 pages
Gallimard (14/05/1985)
3.93/5   609 notes
Résumé :
A dix-huit ans. "Varguitas" fait mollement des études de droit, travaille un peu à la radio, écrit des nouvelles et est éperdument amoureux de la tante Julia, belle divorcée de quinze ans son aînée. Malgré les obstacles, leur amour triomphera.
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Eh, eh, le scribouillard n'est pas celui qu'on croit !

Première et quatrième de couvertures obligent (et j'en profite ici pour m'insurger contre cette satanée habitude qu'ont certains éditeurs de dévoiler le dénouement du roman par une phrase lapidaire dès son résumé ; je revendique le droit au suspense, b***** !), le lecteur s'attend à découvrir la romance déraisonnable qui se noue entre le narrateur, tendrement appelé « Marito » en raison de ses 18 ans, et la belle Julia, sa tante par alliance, une Bolivienne de 33 ans fraîchement divorcée. Mais, en vérité, Vargas s'amuse à leurrer son lecteur dès le titre et donne ainsi le « la » de sa narration, à savoir une note humoristique continue et juste, au rythme entraînant sans pour autant tomber dans la cacophonie.

Bien qu'il s'agisse d'un roman autobiographique, le « scribouillard » n'est pas « Varguitas », bien qu'il s'essaie sans grand succès à l'écriture de nouvelles et travaille comme journaliste radiophonique en parallèle de ses peu passionnantes études de droit. Non, le scribouillard, c'est Pedro Camacho, le feuilletoniste vedette du Pérou qui aimante l'auditoire de Lima par son imagination géniale qu'il aura de plus en plus de difficulté à canaliser et à structurer. « Scribouillard » est le terme affectueusement péjoratif que Vargas choisit donc pour pointer du doigt le fait que malgré sa prolixité, Camacho, cet artiste qu'il admire et cherche à comprendre, n'a pas le statut d'écrivain. Lui-même rêve de le devenir (écrivain, pas feuilletoniste) et il ne vit que pour la littérature ; enfin, « ça, c'était avant » [dixit]. Car la tante Julia est entrée dans sa vie et l'amour avec elle. Emporté par les folles ambitions de la jeunesse, l'auteur s'attellera dès lors à abattre toutes les difficultés qui se dresseront sur le parcours de son couple : famille, moeurs, convenances sociales, moyens de subsistance, lois, etc.

Vingt chapitres. Dix consacrés à tante Julia, dix consacrés à Pedro Camacho et à ses productions littéraires. Parce qu'elle virevolte tel un pas de deux de danse péruvienne, l'alternance pourtant très équilibrée de ces chapitres aurait de quoi perturber le lecteur ou le lasser, l'abandonnant à bout de souffle au bord de la piste de danse, mais en ce qui me concerne, j'ai pris énormément de plaisir à savourer tout le piquant de l'humour « vargassien » et ce très bel hommage qu'il rend à l'imagination des écrivains, qu'ils soient feuilletonistes ou prix Nobel. Si les chapitres traitant de la romance avec tante Julia sont homogènes et suivent le fil rouge du développement de la relation amoureuse, ceux consacrés à Camacho sont en réalité dix nouvelles (pied-de-nez de Vargas, nouvelliste alors peu sûr de lui) très vivantes et qui ont pour principal intérêt de nous faire découvrir le Pérou des années 50' (et plus largement le monde latino-américain) sous bien des aspects. Un voyage ethnique et culturel totalement dépaysant pour moi qui ne lit encore que très peu de littérature sud-américaine.

Malgré les quelques rares imprécisions de la traduction (Gallimard, coll. Folio), je tire mon chapeau à Albert Bensoussan, traducteur attitré de Vargas Llosa, qui a su, j'en suis persuadée, rendre à la perfection le style très enlevé de l'auteur.


Challenge NOBEL 2013 - 2014
Challenge AUTOUR DU MONDE
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Quel régal, mais quel régal que ce livre! Il contient tout ce qui m'enchante dans la littérature : une puissance d'évocation qui emporte, une plongée empathique dans la vie des autres, la convocation d'un ailleurs rendu si familier à la grâce des mots, un art du conte, un entremêlement de fictions plus réelles que la réalité, un peu, beaucoup de passion et de folie, une plume riche pleine de verve et d'humour!

D'abord il y a la fougue et le romantisme joyeux du tout jeune auteur, Mario lui-même, écrivain et amoureux en herbe, qui fait ses premiers pas d'homme dans la vie et dans la ville de Lima, trouve un travail improbable et fort peu contraignant au sein de la radio populaire, écrit laborieusement ses premières nouvelles, fait la connaissance de la volcanique tante Julia. L'histoire d'amour dans laquelle ces deux-là s'engagent à leurs corprs défendant est l'une des plus toniques et vivifiantes qu'il m'ait été donné de lire.

Mais ce n'est pas tout, car autour de ce fil rouge, une multitude de fictions rocambolesques et hautes en couleur viennent s'enchevêtrer, nées du cerveau prodigieusement créatif de Pedro Camacho, auteur de feuilletons radiophoniques qui font se pâmer toute la ville. Mais avant que l'ont ait commencé à s'interroger sur les liens entre ces fictions et les déboires amoureux de Mario et Julia, voilà qu'elles se mettent à s'emmêler les unes aux autres, emportant leurs personnages dans une tornade de folie à la mesure de la passion de nos jeunes tourtereaux déterminés à vivre leur histoire contre vents et marées.

Une fois que l'on a dit cela on n'a rien, dit, il faut se laisser emporter dans ces pages et sucer le miel des univers créés par cet auteur péruvien merveilleux qui n'a pas volé son Nobel.
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Un très bon cru du Vargas Llosa narquois et égrillard, celui que je préfère.

Virtuose aussi. Il maëlstrome peu à peu son ordonnancement de chapitres enchâssés. Mécanique qu'il dévoile d'abord peu à peu (« large front, nez aquilin, regard pénétrant, esprit plein de bonté et de droiture »), qu'il nous expose tout à coup au détour d'une anodine phrase de dialogue (« la tragédie d'un jeune homme qui ne peut dormir parce qu'à peine ferme-t-il les yeux, il recommence à écraser une pauvre fillette »). Puis il nous annonce le bouquet final à venir (« il se paie la tête des gens, il fait passer les personnages d'un feuilleton à l'autre ») et tient sa promesse.

Pour davantage brouiller les pistes - fausse confession ou pirouette ultime ?, son jeune narrateur est appelé Marito (petit Mario) par les unes, Varguitas (petit Vargas) par un autre.

Il y a aussi, par les archétypes présentés, quelques réflexions sur ce qu'est la littérature, quel type d'écrivain louer.

Le tout dans un roman qui se laisse lire comme un roman feuilleton, avec sa dose de bonté et de violence, d'érotisme et d'amour, d'ironie et d'humour. Roman total (quasiment toutes les couches sociales et tous les types de caractères passent dans ces lignes), teinté de régionalismes sud-américains (par exemple, les différents quartiers de Lima, ou encore les Argentins comme motifs de risée des « petits » pays alentours). Et en plus, c'est très drôle. de la belle ouvrage.
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Manifestement je suis en plein cycle "j'ai failli arrêter au début et c'aurait été une bêtise tant j'ai aimé ce livre" !!!
Vous l'aurez compris, j'ai eu un peu de mal au début... au point de m'interroger sur la continuation de la lecture. Et finalement, j'ai continué et très rapidement je n'arrivais plus à lâcher ce magnifique livre.

Ce texte entremêle deux histoires :
- celle de Tante Julia, récit autobiographique de l'auteur, son histoire d'amour avec la soeur de l'épouse de son oncle (donc aucun lien de sang, mais elle est divorcée, shocking !, et plus âgée, re-shocking !)
- les récits radiodiffusés (courtes nouvelles) écrit par le "scribouillard" du titre
Et le Pérou bien sûr comme décor de fond....

Je me suis régalée du début à la fin. J'ai particulièrement aimé les nouvelles, mais progressivement, j'ai été touchée par l'histoire entre Mario et Julia.
Un très roman qui m'aura fait découvrir cet auteur nobellisé que je n'avais jamais lu !
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Je me suis régalée ! Un roman autobiographique rempli d'humour, d'amour, d'amitié et de pas mal de dérision, sans parler de la peinture de la société péruvienne de cette époque.

J'ai particulièrement aimé les épisodes des feuilletons qui dérivent au gré de la folie du Scribouillard et j'ai tellement ri que j'ai dû plusieurs fois faire une pause !

La structure du récit est intéressante et fait monter crescendo le suspens quant à l'histoire d'amour (même si on connait le dénouement) et celle des feuilletons radios en les intercalant tout du long ! On y retrouve aussi ce qui fait le sel de la littérature sud-américaine : tout est empreint d'une aura qui fleurte avec le magique !

C'était une relecture que je ne me priverai pas de refaire, ce roman est devenu pour moi un incontournable ! Je ne peux qu'en recommander la lecture.

Challenge ABC 2021/2022
Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge ATOUT PRIX 2021
Challenge XXème SIECLE
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Citations et extraits (44) Voir plus Ajouter une citation
Dans l’extrait ci-dessous un juge d’instruction tente d’éclaircir l’affaire du viol d’une mineure en interrogeant la mineure elle-même. La jeune fille se révèle bien différente de ce qu’il attendait :

L’entrée de Sarita huanca Salaberria illumina l’austère bureau du juge d’instruction. En homme qui avait tout vu, devant qui avaient défilé victimes ou meurtriers, toutes les bizarreries, toutes les psychologies humaines, le Dr Don Barreda y Saldivar se dit, cependant, qu’il se trouvait devant un spécimen authentiquement original. Sarita Huanca Salaberria était-elle une fillette ? Certes, à en juger d’après son âge, et son petit corps où pointaient timidement les turgescences de la féminité, elle en était une, sans parler des tresses de ses cheveux, de sa jupette et du tablier d’écolière qu’elle portait. Mais, en revanche, dans sa façon de se déplacer, si féline, et de se tenir debout, jambes écartées, déhanchée, les épaules rejetées en arrière et les petites mains posées avec une désinvolture aguichante à sa taille, et surtout par sa façon de regarder, avec ses yeux velouteux, et de mordiller la lèvre inférieure avec ses petites dents de souris, Sarita Huanca Salaverria semblait avoir une vaste expérience, une sagesse séculaire.
Le Dr Don Barreda y Zaldivar avait un tact extrême pour interroger les mineurs. Il savait leur inspirer confiance, user des détours pour ne pas blesser leurs sentiments, et il lui était facile, avec douceur et patience, de les amener à aborder des sujets scabreux. Mais son expérience cette fois ne lui servit pas. A peine eut-il demandé en termes voilés à la mineure s’il était vrai que Gumercindo Tello l’embêtait depuis longtemps par des propos mal élevés, Sarita Huanca se mit à parler avec volubilité. Oui, depuis qu’il vint vivre à la Victoria, à toute heure, en tout endroit. Il allait l’attendre à l’arrêt de l’autobus et la raccompagnait chez elle en disant : " J’aimerais sucer ton miel ", " Tu as deux petites oranges et moi une petite banane " et " Pour toi je dégouline d’amour ". Ce ne furent pas les allégories, si inconvenantes dans la bouche d’une enfant, qui chauffèrent les joues du magistrat et entravèrent la dactylographie du Dr Zelaya, mais les actes pour lesquels Sarita se mit à illustrer les harcèlements dont elle avait été l’objet. Le mécanicien essayait toujours de la toucher, ici : et les deux menottes s’élevant se gonflèrent sur sa tendre poitrine et s’employèrent à la chauffer amoureusement. Et ici aussi : et les menottes tombaient sur ses genoux et les parcouraient, et elles montaient, montaient, froissant la jupe, le long des (naguère, encore impubères) petites cuisses. Battant des cils, toussant, échangeant un rapide regard avec le secrétaire, le Dr Don Barreda y Saldivar expliqua paternellement à la fillette qu’il n’était pas nécessaire d’être aussi concrète, qu’elle pouvait s’en tenir aux généralités. Et il la pinçait aussi ici, l’interrompait Sarita, se tournant à moitié et tendant vers lui une croupe qui sembla subitement pousser, se gonfler comme une bulle. Le magistrat eut le vertigineux pressentiment que son bureau pouvait devenir d’un moment à l’autre un temple de strip-tease.
Faisant un effort pour surmonter sa nervosité, le magistrat, d’une voix calme, incita la mineure à oublier les prolégomènes et à se concentrer sur l’acte même du viol. Il lui expliqua que, bien qu’elle dût rapporter avec objectivité les événements, il n’était pas indispensable qu’elle s’arrêtât aux détails, et il la dispensa de ceux qui – et le Dr Don Barreda y Zaldivar se racla la gorge, avec une pointe d’embarras – pourraient blesser sa pudeur. La magistrat voulait, d’une part, abréger l’entretien, et de l’autre, le rendre décent, et il pensait qu’en rapportant l’agression érotique la fillette, logiquement choquée, allait se montrer expéditive et synoptique, prudente et superficielle.
Mais Sarita Huanca Salaverria, en entendant la suggestion du juge, ainsi qu’un coq de combat à l’odeur du sang, s’enhardit, exagéra, se lança toute dans un soliloque salace et une représentation mimicoséminale qui coupa le souffle du Dr Don Barreda y Zaldivar et plongea le Dr Zelaya en un trouble corporel franchement malséant (et peut-être masturbatoire ?). Le mécanicien avait frappé à la porte ainsi, et dès qu’elle avait ouvert, il l’avait regardée comme si, et parlé comme ça, puis il s’était mis à genoux ainsi, se touchant le cœur comme ça, et il lui avait adressé une déclaration comme ci, en lui jurant qu’il l’aimait comme ça. Ahuris, hypnotisés, le juge et le secrétaire voyaient la femme-enfant battre des ailes comme un oiseau, se dresser sur les pieds ainsi qu’une danseuse, s’accroupir, se redresser, sourire et se fâcher, changer sa voix et la doubler, s’imiter elle-même et Gumercindo Tello, et, finalement, tomber à genoux et déclarer (lui, elle) son amour. Le Dr Don Barreda y Zalvidar allongea une main, balbutia que cela suffisait, mais déjà la victime loquace expliquait que le mécanicien l’avait menacée d’un couteau comme ci et s’étendant sur elle comme ça, et lui saisissant la jupe comme ci, et à ce moment le juge – pâle, noble, majestueux, courroucé prophète biblique – bondit de son siège et rugit : " Assez ! Assez ! Ca suffit ! " C’était la première fois de sa vie qu’il élevait la voix.
Du sol où elle s’était étendue en arrivant au point névralgique de sa graphique déposition, Sarita Huanca Salaverria regardait effrayée l’index qui semblait fulminer contre elle.
- Je n’ai pas besoin d’en savoir plus, répéta-t-il, plus doucement. Relève-toi, remets ta jupe en place, retourne vers tes parents.
La victime se releva en acquiesçant, avec un petit visage libéré de tout histrionisme et impudeur, fillette à nouveau, visiblement contrite. Faisant d’humbles saluts de la tête elle recula jusqu’à la porte et sortit. Le juge se retourna alors vers le secrétaire et, d’un ton mesuré, nullement ironique, il lui suggéra de cesser de taper à la machine car est-ce qu’il ne voyait donc pas que la feuille de papier avait glissé à terre et qu’il tapait sur le rouleau ? Cramoisi, le Dr Zelaya bégaya qu’il avait été troublé par ce qui s’était passé. Le Dr Don Barreda y Saldivar lui sourit :
- Il nous a été donné d’assister à un spectacle hors du commun, philosopha le magistrat. Cette enfant a le diable au corps et, ce qui est pire encore, elle ne le sait probablement pas.
- Est-ce cela que les Américains appellent une Lolita, monsieur le juge ? tenta d’accroître ses connaissances le secrétaire.
- Sans aucun doute, une lolita typique. – Et faisant contre mauvaise fortune bon cœur, loup de mer impénitent qui même des cyclones tire des leçons optimistes, il ajouta : - Réjouissons-nous, au moins, de savoir que dans ce domaine le colosse du Nord n’a pas l’exclusivité. Cette aborigène peut souffler son mâle à n’importe quelle Lolita yankee.
- On comprend qu’elle ait fait sortir de ses gonds le bonhomme et qu’il l’ait violée, divagua le secrétaire. Après l’avoir vue et entendue, on jurerait que c’est elle qui l’a dépucelé.
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Je lui expliquai que l'amour n'existait pas, que c'était une invention d'un Italien appelé Pétrarque et des troubadours provençaux. Que ce que les gens croyaient être un jaillissement cristallin de l'émotion, une pure effusion du sentiment, était le désir instinctif des chats en chaleur dissimulé sous les belles paroles et les mythes de la littérature. Je ne croyais rien à cela, mais je voulais me rendre intéressant.
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- Ce qu'il y a de terrible pour une femme divorcée, ce n'est pas que tous les hommes se croient obligés de te faire des propositions, m'informait tante Julia. Mais qu'ils pensent, puisque tu es une femme divorcée, qu'il n'est pas besoin de romantisme. Ils ne te font pas la cour, ils ne t'adressent pas de propos galants, ils te proposent la chose de but en blanc le plus vulgairement du monde. Ça me met hors de moi. [...]
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Notre situation s'était rapidement stabilisée dans le flou, elle se situait quelque part entre les catégories opposées d'amoureux et d'amants. C'était le sujet constant de nos conversations. Nous avions des amants la clandestinité, la crainte d'être découverts, la sensation du risque, mais nous l'étions spirituellement, non matériellement, car nous ne faisions pas l'amour ( et, comme Javier s'en scandaliserait plus tard, nous ne " nous touchions " même pas ). Nous avions des amoureux le respect de certains rites classiques du couple adolescent de Miraflores de ce temps ( aller au cinéma, s'embrasser pendant le film, marcher dans les rues la main dans la main ) et la conduite chaste ( en cet âge de pierre les filles de Miraflores arrivaient généralement vierges au mariage et ne se laissaient toucher les seins et le sexe que lorsque l'amoureux accédait au statut formel de fiancé ), mais comment aurions-nous pu l'être avec la différence d'âge et le lien de parenté ? Face à l'ambiguïté et l'extravagance de notre romance, nous jouions à la baptiser " fiançailles anglaises ", " romance suédoise ", " drame turc ".
- Les amours d'un bébé et d'une vieillarde qui est en plus quelque chose comme sa tante, me dit un soir tante Julia.
Je lui rappelai qu'elle n'était que ma tante par alliance.
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L'inexpérience érotique des époux fit que la consommation du mariage fut très lente, un véritable feuilleton où, entre les velléités et les fiascos par précocité, manque de précision dans le tir et fausse route, les chapitres se succédaient, le suspense allait croissant, et l'hymen têtu n’était toujours pas perforé. Paradoxalement, s’agissant d'un couple si vertueux, doña Zoila perdit d'abord sa virginité (non par vice mais par hasard stupide et manque d’entraînement des nouveaux mariés) de façon hétérodoxe, c’est-à-dire sodomique.
Hormis cette abomination fortuite, la vie du couple avait été fort correcte.
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Avril 2011 Mario Vargas Llosa parle de Pedro Camacho - "La tante Julia et le scribouillard"
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