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Albert Bensoussan (Traducteur)
EAN : 9782070403363
357 pages
Gallimard (04/11/1997)
3.62/5   170 notes
Résumé :
Sur le front déchiqueté des Andes nous retrouvons le personnage de Lituma, échappé de La Chunga et de Qui a tué Palomino Molero ? , sous-officier rétrogradé et grelottant de froid.
Ou de peur. La menace de la guérilla du Sentier lumineux est ici permanente : un couple de professeurs français sur le chemin de Cuzco est sauvagement assassiné. Trois disparitions successives accentuent l'angoisse et l'effroi qui autorisent toutes les hypothèses. Sur fond d'enquêt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Que peut la littérature ? S'il a cru un temps au pouvoir de l'écriture engagée, Mario Vargas Llosa admet dans ce roman que la capacité de la littérature à changer le monde est bien estompée.
C'est "le monde des autres" qui est dévoilé ici, et qui prend place dans un bourg inhospitalier des Andes péruviennes, mettant en scène le caporal Lituma (protagoniste récurrent dans des oeuvres précédentes) venu de la région côtière et son adjoint andin, Tomás Carreño qui maîtrise la langue locale, le Quechua. Tous deux enquêtent sur des disparitions et des meurtres mystérieux, sous la menace du commando maoïste Sentier Lumineux qui opère dans la région.

Mario Vargas Llosa organise un récit énergique où le réel dialogue avec l'imaginaire, selon une trame qui reprend les codes de l'intrigue policière, révélant progressivement une réalité révoltante adossée à des enjeux de pouvoirs corrompus, donnant une profondeur remarquable à une mosaïque de situations humaines collectivement dramatiques et auxquelles il superpose l'histoire intime de ses deux protagonistes.

Car Mario Vargas Llosa joue des oppostions, pour mieux illustrer la violence déstabilisante, culturellement ancestrale des lieux, et la marginalisation de la région andine du sud-est du Pérou : culture côtière du héros contre celle andine de son adjoint, protagonistes représentant l'ordre institutionnel contre région abandonnée par l'Etat, douleur collective oppressante contre histoire d'amour fleurie tragi-comique de l'adjoint Tomás, réalité violente et temps présent contre pensée ancestrale magique et religieuse andine, horreurs anciennes contre abjections modernes, le "monde des autres" hostile et fermé vu et vécu par le regard personnel de Lituma l'étranger de la côte, opposition de classes sociales polarisées, beauté d'une nature cependant punitive… Et au milieu vit un peuple péruvien pris en étau, dans un temps où passé et présent se rejoignent au final de manière hallucinatoire.

Tout s'oppose et s'intrique, créant une tension inouïe qui interroge la violence collective des actes et des idéologies comme les crises personnelles, et questionne l'improbabilité d'une solution politique, économique et culturelle, à part celle de sacraliser la violence pour rester unis ou bien fuir cette région andine.
A ne plus savoir qui a tort ou raison ou ce qui est justifié ou pas. Finalement peu importe la vérité, Mario Vargas Llosa a opté pour la fantaisie de l'imaginaire puisque c'est finalement la littérature que l'auteur interpelle.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Affectation punitive en cordillère des Andes.

Le brigadier Lituma ( déjà rencontré dans "Qui a tué Palomino Morelo) se retrouve muté dans un bled perdu de l'arrière pays péruvien, au milieu de péons loqueteux, muets et superstitieux, passant leurs nuits dans des bars de beuveries et de débauche, sur le chantier d'une improbable route en construction.

La nature est magnifique mais implacable et oppressante. Les journées sont "fournaise" et les nuits polaires.
Le poste de police est une masure et ses occupants y vivent comme des moines, avec le seul dérivatif de leurs confidences d'histoires d'amour passées.

Un séjour de rêve pour le policier et son jeune adjoint dans l'enquête de trois disparitions inexpliquées. Entre la terreur de la guérilla du Sentier Lumineux, les croyances d'un autre âge des indiens et la misère totale imposée à la garde civile, l'affaire s'annonce complexe.

Avec son style virevoltant, Mario Vargas Llosa est un guide touristique bouffon et truculent pour nous entrainer sur les chemins caillouteux des Andes, pays des extrêmes et de croyances de civilisations perdues.



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Je découvre cet auteur, peruvien puis espagnol, prix nobel de littérature, membre de l'academie française _ (sans jamais avoir écrit une oeuvre en français) . Proche du parti communiste puis engagé politiquement dans des mouvements liberaux.
Dans ce vrai-faux polar, il décrit par l'intermediaire de ses personnages, la rudesse de la vie andine, région peruvienne abandonnée du pouvoir central de Lima. Les pauvres vigognes sont leur innocent symbole ! Les autochtones, mineurs de compagnie en prochaine faillite , alcoolisants, restent livrés à eux mêmes et, fatalistes, traduisent tout caprice de la nature par la volonté maléfique des Esprits : les huaycos, avalanches rocheuses emportant des villages entiers ou. les disparitions "inexpliquées" d'individus...
"montagnards de merde ! Supersticieux, idolâtres, salauds d'indiens..." hurle, désespéré le lieutenant (ou brigadier ?) Lituma, représentant de l'ordre, missionné  afin de résoudre le mystère de trois disparitions dont celle du muet, gardien de troupeau.
Les bandes armées marxistes du Sentier Lumineux, compliquent et désagrègent encore le faible tissu social.
Des descriptions _ d'atmosphère : paysages, vie quotidienne _ ou de personnes , alternent avec des dialogues entre le naif et amoureux Thomas Careno , garde-civil et le lieutenant (ou brigadier) Lituma. Carenito est amoureux transi et le fait savoir à son interlocuteur. Les scènes ainsi relatées sont décrites en temps réel, créant un style narratif etrange et vivant.
Interfèrent d'obscures personnalités : complexifiant encore les rapports : Dionisio et Adriana , taverniers aux prenoms mythologiques , le Parrain, intermediaire entre l'ordre etabli et les insoumis fuyant les represailles d'éventuels narco-traficants, l'Albinos regardé comme un Pishtaco : Esprit incontournable dont il convient de se méfier... ainsi que les Apus de la montagne.
Les étrangers : ingénieurs , touristes ou bénévoles d'ONG ne sont pas bien accueillis ! sinon massacrés...
La place des femmes dans cette société matériellement et culturellement misérable,
est fantasmée et réduite à une sexualité brutale et sporadique, parfois rémunérée. Aussi la rencontre entre Thomas et Mercedes évoque celui de "la Carpe et du Lapin" : parfaitement improbable. ! Et pourtant...
Le style grossier, voir trivial ? : dans les dialogues uniquement, et correspond aux interlocuteurs ! C'est un langage parlé, à mon avis réaliste dans cette micro société repliée sur elle même . le rythme et les enchaînement d'actions bien soutenus contribuent à cette atmosphère ...anxiogène et peu oxygénée _nous vivons à 5000 mètres et buvons du pisco au comptoir, à en tomber raide ......
Pour vos prochaines vacances ?
Bof, je prendrai des nouvelles de "notre brigadier (ou lieutenant ?) " _encore un anti heros _ par l'intermédiaire de son createur :dans un prochain livre !
Donc: 4,5/5 pour cette découverte littéraire et ce style affirmé.




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N°466 - Octobre 2010
Lituma dans les AndesMario Vargas Llosa*
(traduit de l'espagnol par Albert Bensoussan)
Lituma est un simple brigadier. En compagnie de son adjoint, le truculent garde civil Tomasino Carreňo, ce gradé grelotte de froid dans ce coin des Andes, lui, l'homme du littoral, mais peut-être bien aussi de trouille puisque les terroristes du Sentier Lumineux rodent et que les disparitions mystérieuses se multiplient comme celle de ce couple de touristes français qui se rendait à Cuzco en autocar ou celle de Mme d'Harcourt, cette scientifique écologiste. Ils exécutent les policiers, les cadres des mines ainsi que les étrangers et enrôlent de force les mineurs ou les « peones » dans leur milice. Les meurtres qu'ils perpétuent tiennent davantage du sacrifice humain rituel que de l'assassinat politique au nom du peuple qu'ils disent défendre. Cela procède probablement du mystère du Pérou qui est assez bien résumé par la remarque d'un personnage américain de ce roman :« C'est un pays que personne ne peut comprendre, fit Scarlatine en riant, et rien n'est plus attirant que l'indéchiffrable, pour des gens qui viennent de pays aussi clairs et transparents que le mien ».

Ces deux militaires sont contraints de cohabiter dans ce poste de police perdu dans la montagne au-dessus de Naccos. C'est une pauvre bourgade entre la « puna » de la Cordillère et la « selva » des basses terres, une ancienne ville minière où la seule distraction pour les « peones » qui construisent une route qui ne sera jamais terminée est le bar où ils se saoulent avec une grande régularité. Il est tenu par un couple énigmatique et un peu louche, Dionisio, tenancier bachique et sa femme Adriana, sorcière au passé un peu flou, au présent plus que douteux aussi, à la fois sorcière et habile intrigante. Leurs prénoms à eux seuls évoquent des personnages antiques, Dionysos et Ariane dont ils sont par certains côtés la réincarnation. Ils sont les véritables maîtres de Naccos ! Ils ont ensemble une histoire compliquée que le narrateur de cette histoire rocambolesque livre peu à peu au lecteur.

Lituma va donc devoir résoudre un de ces meurtres qui s'est produit dans sa juridiction, mais, cette fois, celui-là a été perpétré par les « peones » et non par les terroristes, sur la personne de Pedrito Tinoco, un pauvre muet, sorte d'idiot du village qui leur rendait de menus services au poste. Sa tâche ne sera pas facile parce qu'il doit enquêter sur fond de violence quotidienne, mais aussi dans la crainte des milices terroristes qui peuvent intervenir à tout instant et anéantir ces deux militaires, sans ignorer les croyances populaires héritées des Incas, les rites magiques d'un autre âge pleins de charlatanismes et de superstitions, la présence des « amarus », les « apus » esprits des montagnes qui inspirent à chacun la crainte et surtout les « pishtacos », sorte de personnages mystérieux mais apparemment bien réels qui vident ceux qu'ils rencontrent de leur substance, de leur graisse et dont les victimes finissent par mourir. Les tremblements de terre et autres catastrophes naturelles leur sont systématiquement attribué. Lituma échappera à l'une d'elles, par l'entremise probable de ces divinités, faisant de lui un homme que cette montagne accepte comme l'un des siens !
Et tout cela dans le contexte d'une histoire d'amour passionnée et un peu compliquée entre Mercedes qui fut jadis vendue comme une vulgaire marchandise et Tomasino. Après moult péripéties, elle reviendra vers lui, faisant le choix de cet homme que tout cependant éloignait d'elle. Lutima, de son côté, a avec les femmes, des relations qui tiennent du fantasmes et de l'éternelle attente, comme une recherche de la compagne idéale ! Il verra son avenir professionnel prendre un tour enfin favorable.

Ce roman un peu policier se déroule dans le décor grandiose, dépaysant et dépouillé de cette Cordillère mystérieuse et envoûtante.

Ce n'est pas le premier roman de Llosa que je lis. J'avais déjà apprécié « L'éloge de la marâtre » (la Feuille Volante n° 279) qui se situe pourtant dans un tout autre registre. Comme souvent chez les écrivains sud-américains, j'ai retrouvé cet art du conteur que j'attends toujours de la part d'un romancier.

*Prix Nobel de littérature 2010].

Hervé GAUTIER – Octobre 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Après la lecture de " La ville et les chiens" dont la lecture m' avait ennuyé, il ne me semblait plus plausible de prendre un nouveau Vargas Llosa. Pourtant, ayant eu à ma main Lituma dans les Andes en espagnol, j' ai retente l' expérience. Les mots sont recherchés mais le style est froid. La narration glacée. On pourrait même dire sans ame. La polyphonie est un artifice mineur, le sexe et les grossièretes de langage et de situations n' ont même pas la justification de produire de l' humour.
Je n' oublie pas qu'il il s' agit d' un prix Nobel mais pour moi cet auteur n'est pas intéressant.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Mais ce qui plaisait le plus [à Casimiro] c'était cette vie à l'air libre qu'ils menaient, sans horaires ni buts prédéterminés, à la merci de la rigueur ou de la clémence du temps, des foires et des fêtes patronales, des commissions dont on le chargeait et des caprices de sa camionnette, facteurs qui décidaient de leur destination quotidienne, de leurs itinéraires, de leurs nuits passées en chaque bourg. Don Pericles avait une maison stable et sans roues, une fermette à Pampas, qu'il partageait avec une nièce mariée et ses enfants. Quand ils étaient là, Casimiro logeait dans la maison, comme s'il était de la famille. Mais la plupart du temps il vivait dans le camion, où, au milieu de la marchandise et protégé par une grosse bâche, il s'était construit un abri avec des peaux de vache. S'il pleuvait, il allait dormir dans la cabine ou au-dessous du camion.
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Il faut avoir des dispositions et perdre son orgueil, sa honte, descendre du piédestal où les gens sont juchés. Celui qui ne met pas en sommeil sa pensée, celui qui ne s'oublie pas lui-même, ni ne se libère des vanités et des orgueils, ni ne devient musique quand il chante, danse quand il danse, saoulerie quand il se saoule, celui-là ne sort pas de sa prison, ne voyage pas, ne perd pas la boule, n'accède pas à l'esprit. Il ne vit pas : il est décadence et mort-vivant.
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Le Pérou ! Ahí estaba: inmenso, misterioso, verdegris, pobrísimo, riquísimo, antiguo, hermético. Era este paisaje lunar y las caras cobrizas, desabridas de las mujeres y hombres que los rodeaban. Impenetrables, la verdad.

Le Perou! Il était là : immense, mystérieux, vert de gris, très pauvre, très riche, ancien, hermétique. C' était ce paysage lunaire et les visages cuivrés, maussades des femmes et des hommes qui les entouraient. Impenetrables, á dire vrai.
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Ne tue-t-on pas ici un peu tout le monde et pour n'importe quoi ? A tout moment on découvre des tombes, comme celle des dix évangélistes aux environs de Huanta. Rien d'etrange à ce que l'on en vienne aux sacrifices humains.
Il rit, mais Latuma ne trouva pas cela drôle.
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Ainsi. sort-on de la prison du corps, pour entrer dans le monde des esprits. En chantant. En dansant. Également en picolant, certes. Avec la soulerie, tu voyages, dit Dionisio, tu perds la boule, tu secoues tes soucis, tu découvres ton secret, tu t'accordes à toi-même.
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Vidéo de Mario Vargas Llosa
Avril 2011 Mario Vargas Llosa parle de Pedro Camacho - "La tante Julia et le scribouillard"
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