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Albert Bensoussan (Traducteur)
EAN : 9782070382316
320 pages
Gallimard (03/04/1990)
3.94/5   138 notes
Résumé :
4e de couverture de l'édition Folio d'octobre 1999 ISBN 9782070382316 :

Le capitaine Pantaleón Pantoja a le génie de l'organisation, l'amour de l'obéissance et une seule mystique : l'efficacité de l'institution militaire.Il met toutes ses vertus au service d'une mission dont le chargent ses supérieurs, et qui consiste à "pacifier" sexuellement les troupes isolées de l'Amazonie péruvienne. Son travail acharné et ses talents lui permettent de monter ra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre oublié dans ma bibliothèque ( acheté il y a plusieurs années ) dévoré une grande partie de la nuit où j'ai re- découvert un auteur que je connaissais bien.

Il y oppose avec une ironie mordante, un culot incomparable qui n'appartiennent qu'à lui la religion et son sectarisme, voire son obscurantisme et pose un regard plus que bienveillant sur le plus vieux métier du monde...
Le capitaine Pantaleón Pantoja reçoit la délicate mission de mettre en place le S.V.G.P.F.A. : Service des Visiteuses pour Garnisons, Postes Frontières et Assimilés , afin de calmer au mieux les ardeurs sexuelles des malheureuses troupes isolées de l'Amazonie Péruvienne.
Gros problème: Pantoja , vertueux , rigide à l'extrême , scrupuleux , maniaque va découvrir en mettant en place ce grand «  Lupanar » , un univers qu'il n'a jamais fréquenté , inconnu , et en plus il doit cacher ses activités à sa femme Pochita à laquelle il est très attaché et à sa chère maman madame Léonor .

Il doit se transformer en commerçant venu faire des affaires à Iquitos.

Même si cette mission est pour lui un supplice , du moins au début , cette mission secrète semble ô combien délicate car armée et proxénétisme n'ont jamais fait bon ménage ....
Pantoja est promu au rang du plus grand proxénète du Pérou, femmes de moeurs légères, tarif des prestations ....
j'en passe..
Son travail acharné et son sens de l'organisation , sa rigueur , son obéissance aveugle à ses supérieurs vont en venir à bout : recruter des «  Visiteuses » performantes pour satisfaire les besoins des soldats , fréquenter des gens de mauvaise vie, rentabiliser les coûts et surtout maintenir hygiène irréprochable et sécurité maximales .
Tout l'art de l'auteur dont j'ai lu beaucoup d'ouvrages consiste à nous offrir la plus grande des pantalonnades, burlesque, joyeuse , hilarante , jubilatoire , contenue mais bien réelle .

De plus les méfaits des putes s'entremêlent aux prières du frère Francisco, ce soi- disant faiseur de miracles ,Fanatique , conjurateur du MAL , le «Saint de la Croix » adepte des crucifixions et autres joyeusetés .

Bouffonnerie , truculence, ironie , satire féroce , hilarité et dérision hantent cette formidable parodie pas facile à lire: surtout les différents rapports, lettres, informations , évaluations , organigrammes , statistiques et ordres de missions détaillés .
Les phrases sont longues et imagées, souvent une suite interrompue de verbes, les dialogues burlesques, tarabiscotés à bon escient , construits sur le fil, sinistres ou burlesques , bien amenés .
«  Vous portez sur vos épaules une responsabilité de la taille d'un volcan » .

«  Votre mission va vous mettre en contact avec toute la racaille de l'Amazonie.
«  Vous devrez fréquenter des bistrots et des boxons » .

«  Alors vous montrerez - vous efficace avec un cortège de prostituées et de maquereaux ? .
«  Nul ne doit savoir » .
Personnages hauts en couleur, roman délirant, ce formidable conteur péruvien ( Prix Nobel de littérature ) est capable de nous offrir des sujets très sérieux comme«  La Fête au bouc  » ouvrage qui m'avait marquée , des biographies instructives comme «  le Paradis un peu plus loin » , «  Tours et détours de la vilaine fille » , «  Tante Julia et les scribouillards » , deux ouvrages joyeux, bouffons, amusants.

Mario V.L. Un conteur vraiment à la hauteur .

Le lecteur se régale à condition d'entrer de plain pied dans la narration particulière, qui peut rebuter, à priori .

Hymne des visiteuses :

«  Servir, servir, servir
L'Armée de la Nation
Servir, servir, servir
Avec zèle et conviction
Rendre heureuse toute la conscription
—— Allez vite les Chuchupettes ! » ———





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Critique croisée du sectarisme religieux et du jusqu'au-boutisme militaire, regard attendri sur le plus vieux métier du monde, exercice de style virtuose qui entrecroise 3 ou 4 types de discours pour rendre compte des événements, c'est tout cela Pantaleón et les visiteuses . Mais plus que tout c'est une joyeuse pantalonnade où chaque situation en emmène une hilarante avec le plus grand sérieux, la méthode la plus stricte. Jubilatoire!
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Mario Vargas Llosa construit avec cette oeuvre une truculente satire globale mais aussi une expérience d'écriture. S'il a tenté au début de la création de ce livre, une oeuvre sérieuse, il a vite enfourché la fine frontière qui sépare l'humour de l'ironique caricature, impliquant un jugement de valeurs que l'auteur assume pleinement, puisque son ironie littéraire est le véhicule de son indignation. Comme dans L'éloge de la marâtre ou Les cahiers de Don Rigoberto, l'humour et la parodie signent là encore le plaisir du texte.

Partant de faits réels, Vargas Llosa livre le récit grotesque de l'organisation officielle mais discrète d'un service de prostitution pour étancher les besoins des troupes militaires péruviennes en zone amazonienne, évitant ainsi le viol des habitantes. Cette mission secrète de proxénète institutionnel est confiée à un zélé militaire dépourvu de vice et respectueux du pouvoir et de la hiérarchie, le précipitant dans la destinée d'un monde qui s'oppose à tous ses principes, croisant la route d'un religieux aussi obsédé de crucifixion que les hommes de troupe sont avides de sexe tarifé.
Adossé à la selva, sorte de théâtre environnemental naturel, la narration de Mario Vargas Llosa transforme le mythe stéréotypé péruvien de l'Eldorado amazonien comme terre des possibles en territoire littéraire paradoxal tragi-comique dépourvu d'authenticité, condamnant au passage l'utopie des penseurs indigénistes et régionalistes (voir son essai La utopía arcaica).
L'incongruité règne en maîtresse sur la narration d'inspiration moderniste comme sur le contenu, tant l'auteur maîtrise dans ce livre le mélange des genres littéraires et des sous-genres (information, notes, récit traditionnel, sollicitation, genre épistolaire…), simulant un discours littéraire factuel et pragmatique qui fait semblant de se passer de littérature.
Au-delà de la dénonciation de la double morale des pouvoirs politique, militaire, médiatique et religieux, Vargas Llosa nous prouve à nouveau qu'il est un incroyable architecte du récit littéraire.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Cela faisait longtemps qu'on m'avait filé ce bouquin, « Pantaléon et les Visiteuses ». Je n'avais pas osé refuser mais comme il traînait là depuis pas mal de temps, les pages jaunies par le temps, les coins cornés par l'usage…Je ne connaissais pas l'auteur, l'histoire ne m'emballait pas plus que ça, et longtemps il a traîné au beau milieu de ma bibliothèque. Et puis en ce 7 octobre 2010, Mario Vargas Llosa, péruvien de naissance, auteur de romans, poésies et essais politiques, reçut le prix Nobel de littérature pour son oeuvre et son engagement. C'était le signe que j'attendais pour m'y mettre…

« Pantaléon et les Visiteuses » écrit en 1973 raconte l'histoire du capitaine Pantaléon Pantoja, un génie de l'organisation qui voue un amour total pour l'Armée. Réputé et apprécié de ses supérieurs, Pantaléon et sa famille attendent avec impatience sa mutation. Il espère la grande ville, au bord de la côte pour apprécier les charmes de la civilisation riche et abondante. Il se retrouve en pleine forêt amazonienne. Premier couac. Il espérait se montrer et afficher ses nouveaux galons de capitaine. Second couac, il y va en mission secrète et doit se déguiser en civil, ne doit pas afficher son appartenance à l'Armée. Troisième couac, sa mission !

Au fin fond de cette Amazonie, des filles se font sexuellement abusées, agressées, violées. Rien de grave, en somme, mais ces actions semblent perpétrées par des militaires en service. Avec mon esprit pur, j'ai naïvement pensé au début que le capitaine Pantaléon y allait pour rétablir l'ordre et cesser de telles viles actions. Que nenni ! le capitaine Pantaléon se voit ainsi muter pour être à la tête d'une toute nouvelle organisation, le S.V.G.P.F.A. (Service de Visiteuses pour Garnisons, Postes Frontières et Assimilés). Qu'est ce donc ce grand Service aux nombreuses initiales ? Rien moins d'autre que quelques putes rassemblées sous un même emblème, sous un même drapeau, sous un même hymne, sous une même mission, noble et belle : satisfaire la libido excessive de quelques militaires. le capitaine Pantaléon est devenu ainsi pour le compte de l'Armée un proxénète et son service doit par conséquent satisfaire tous les plaisirs voraces et libidineux de ses trouffions.

Ce service sera dirigé avec rigueur comme une cellule à part entière de l'Armée et avec son génie de l'organisation, le capitaine Pantaléon affichera enquêtes et statistiques pour déterminer exactement et de façon professionnelle les besoins de son organisation, y déclinera toute une logistique (bateau et avion) afin d'acheminer sa petite troupe de prostituées dans les garnisons les plus reculées du fin fond de la forêt amazonienne…

J'ai lu ce roman avec une jubilation contenue, mais amusée par une telle truculence d'esprit. Toute en drôlerie et finesse, voilà une lecture bien divertissante et dépaysante où le burlesque se mêle et se compose de gravité. Une satire du fanatisme militaire et religieux où les exactions des putes s'enchevêtrent aux prières fanatiques d'un frère Francisco, grand adepte des crucifixions parmi ses ouailles… Quand le bordel militaire de campagne part en campagne militaire !

Cela faisait longtemps qu'on m'avait filé ce bouquin, cela faisait longtemps que je ne m'étais pas autant amusé avec un tel bouquin…
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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SVGPFA : Service des Visiteuses pour Garnisons, Postes frontières et Assimilés. Tel est le nom du grand lupanar amazonien que le haut commandement de l'armée péruvienne décide de mettre en place pour calmer les ardeurs sexuelles des militaires cantonnés dans ces contrées lointaines.

Mission, ô combien délicate et secrète, car armée et proxénétisme ne font comme même pas bon ménage et que se voit confier le capitaine Pantaléon Pantoga, choisi pour ses indéniables compétences organisationnelles, sa rigueur et surtout son obéissance aveugle à ses supérieurs.
Bien qu'embarrassé par la teneur de cette mission, Pantaléon va mettre toute sa « conscience professionnelle » au service de son succès, s'attachant à recruter les visiteuses les plus performantes pour satisfaire les besoins de ses comparses et rentabiliser les coûts, tout en maintenant des conditions d'hygiène et de sécurité optimales et en préservant une ambiance de service aussi militaire que possible.
Le burlesque de cette situation est d'autant plus accentué, que notre Pantaléon est un homme vertueux, qui découvre là un univers bien éloigné du sien et qu'il doit de surcroît cacher ses activités à sa femme et à sa mère.

Malgré un business plan à faire pâlir d'envie un consultant, les beaux rouages du SVGPFA vont se trouver quelques peu grippés par des éléments perturbateurs que la logique militaire de notre vaillant capitaine ne lui permettait pas d'anticiper.

Autant vous dire que l'on ne s'ennuie pas dans ce roman et qu'on y rit beaucoup.
Vargas Llosa nous offre une satire jubilatoire du fanatisme militaire et religieux, originale également par sa forme.
L'auteur alterne différentes formes narratives qui dynamisent le récit, surprennent et contribuent à sa drôlerie : lettres, retransmission radiophonique, dialogues enchâssés où se glissent des sortes de didascalies indiquant les actions du locuteur, et rapports entre militaires au sujet du Service des visiteuses où l'antagonisme entre la forme et le sujet traité sont hilarants.

Bref, une lecture réjouissante et un auteur surprenant que j'aurai grand plaisir à lire de nouveau.

Challenges Nobel 2013-2014
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Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Dans la tente de campagne de l’état-major du régiment N° 17 de Chiclayo, près du fracas des obus, du rataplan de la mitraille et des sèches éructations des balles des compagnies d’avant-garde qui viennent de commencer les manœuvres de fin d’année, le lieutenant Pantaleon Pantoja, qui, debout devant un tableau et un panneau de cartes, explique aux officiers, d’une voix ferme et métallique, les stocks, système de distribution et prévisions de par cet d’approvisionnements, est soudain invisiblement soulevé du sol, de la réalité la plus immédiate par un courant foudroyant, ardent, effervescent, émulsif et crépitant qui brûle, cuit, exacerbe, multiplie, supplicie, affole le vestibule anal et le couloir rectal et se déploie comme une araignée entre ses fesses, mais lui, brusquement livide, subitement inondé de sueur, le cul secrètement froncé avec une obstination forcenée, la voix à peine voilée par un tremblement, il continue à émettre des chiffres, à produire des formules, à additionner et soustraire. « Il faut te faire opérer Pantita », murmure maternellement Mme Leonor. « Fais-toi opérer mamour », répète, doucement, Pochita. « Qu’on te les enlève une bonne fois, mon frère, fait écho le lieutenant Luis Rengifo Flores, c’est plus facile à opérer qu’un phimosis et à un endroit moins dangereux pour la virilité. » Le Major Antipa Negron, de la Santé militaire, rit aux éclats : « Je vais décapiter ces trois hémorroïdes d’un seul coup, comme si c’étaient des têtes d’enfants en beurre, mon cher Pantaleon. »
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...Vraiment ces provinciaux sont si affolés par les filles de Pantoja ?
- Affolés, mon général ? - se prend le pouls, se regarde la langue, dessine des croix sur son buvard le général Scavino. Ce matin j'ai eu dans mon bureau l'évêque avec son état-major de curés et de bonnes soeurs.
- J'ai le regret de vous annoncer que si le dénommé Service des Visiteuses ne disparaît pas, j'excommunierai tous ceux qui y travaillent ou l'utilisent - entre dans le bureau, fait un salut de la tête, ne sourit pas, ne s'assoit pas, nettoie son anneau et le présente l'Evêque. Les limites minimales de la décence ont été violées, général Scavino.
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La plupart exigeant une série de variantes, élaborations, fioritures, distorsions et complications qui correspondent à ce qu'on a coutume d'appeler aberrations sexuelles. Que dans la gamme variée de prestations proposées, figurent depuis la simple masturbation effectuée par la prostituée (manuelle : 50 sols ; buccale ou "pompier" : 200), jusqu'à l'acte sodomite (en termes vulgaires "porte étroite" ou "mousse au chocolat" : 250), le 69 (200 sols), spectacle saphique ou "gouines" (200 sols chacune), ou des cas plus rares comme ceux de clients qui exigent de donner ou de recevoir le fouet, de passer ou de voir des déguisements et d'être adorés, humiliés, voire même déféqués, extravagances dont les tarifs oscillent entre 300 et 600 sols. Que tenant compte de l'éthique sexuelle en vigueur dans le pays et du petit budget du S.V.G.P.F.A., le soussigné a pris la décision de limiter les services qu'il exigera de ses collaboratrices, et auxquels par conséquent pourront aspirer les utilisateurs, à la prestation simple et normales, en excluant toutes les déformations énumérées ou qui s'y apparentent.
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[...] et maintenant El Sinchi est en mesure de révéler, en toute première exclusivité pour vous, chers auditeurs, l'impressionnante vérité. Une vérité de celles qui font trembler les murs et provoquent des syncopes. El Sinchi demande : combien de femmes - si tant est qu'on puisse donner ce digne nom à celles qui font indignement commerce de leur corps - croyez-vous qui travaillent actuellement dans le gigantesque harem de M. Pantaleon Pantoja ? Quarante, tout juste. Ni une de plus ni une de moins : nous avons même leur nom. Quarante prostituées constituent la population féminine de ce lupanar motorisé qui, mettant au service des plaisirs inavouables les techniques de l'ère électronique, mobilise sur l'Amazone sa marchandise humaine dans des bateaux et des hydravions.
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«  Il y a des hommes n’ayant pour mission parmi les autres que de servir d’intermédiaires; on les franchit comme des ponts , et l’on va plus loin » .
Gustave Flaubert ,
L’éducation sentimentale .
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Vidéo de Mario Vargas Llosa
Avril 2011 Mario Vargas Llosa parle de Pedro Camacho - "La tante Julia et le scribouillard"
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