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EAN : 9782070135325
56 pages
Gallimard (06/10/2011)
4.03/5   16 notes
Résumé :
La conférence du prix Nobel de Mario Vargas Llosa, Éloge de la lecture et de la fiction, réunit les idées, les obsessions, les souvenirs, les peurs et les espoirs d’un homme qui, au sommet de sa carrière, nous offre ces quelques pages à la manière d’une confession. Le ton est en effet intime et émotif. Le lauréat évoque son enfance, sa famille et son pays, il parle des auteurs et des livres qui ont marqué ses années de formation et sa trajectoire professionnelle, et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"Écrire, créer une vie parallèle où nous réfugier contre l'adversité, et qui rend naturel l'extraordinaire, extraordinaire le naturel, dissipe le chaos, embellit la laideur, éternise l'instant et fait de la mort un spectacle passager." Cet extrait est tiré du magnifique discours tenu par Mario Vargas Llosa pour la remise de son prix Nobel le 7 décembre 2010. Sur un ton confidentiel, l'auteur hispano-péruvien nous partage son amour de la lecture et de l'écriture envisagée comme une fiction. Revenant sur les origines de sa passion pour l'écriture et les raisons qui l'ont poussé à continuer à écrire pendant toute sa vie, l'auteur nous ballade dans l'intimité de sa vision littéraire. Pour lui, lire et écrire forge l'esprit. Telle un arme redoutable contre la suprématie des idéologies politiques et religieuses, la littérature est un fabuleux remède à la misère et à l'ignorance. Ainsi qu'il le dit si bien: "La littérature crée une fraternité à l'intérieur de la diversité humaine et éclipse les frontières érigées entre hommes et femmes par l'ignorance, les idéologies, les religions, les langues et la stupidité."

Très attaché à son pays natal, le Pérou, Mario Vargas Llosa rend un superbe hommage à la lecture ainsi qu'en témoigne le titre donné au livre édité par Gallimard : Eloge de la lecture et de la fiction. Je n'ai jamais lu d'ouvrage de l'auteur mais la teneur de ses propos m'a convaincue de le faire. le message de l'auteur m'a paru juste et mesuré et cela a rendu son texte d'autant plus percutant. Entre son amour du Pérou, son pays natal et celui de l'Espagne, son pays d'adoption, Vargas Llosa montre qu'il n'est rien si puissant que le pouvoir des mots et "c'est pourquoi nous devons continuer à rêver, à lire et à écrire, ce qui est la façon la plus efficace que nous ayons trouvée de soulager notre condition périssable, de triompher de l'usure du temps et de rendre possible l'impossible". A lire sans modération.

Ce discours est également accessible en ligne sur le site du prix Nobel à l'adresse suivante : http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2010/vargas_llosa-lecture_fr.html
Lien : http://livresacentalheure-al..
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Le 7 décembre à Stockholm, l'écrivain Mario Varga Llosa prononça en espagnol son discours de réception du Prix Nobel de littérature 2010, allocution intitulée : Éloge de la lecture et de la fiction. D'une voix émue et pleine, LLosa nous fait traverser son devenir écrivain, il parle des livres qui ont compté pour lui, des écrivains qui ont marqué son enfance, des grands auteurs de la littérature universelle dont les Français Balzac, Baudelaire et Proust occupent une place essentielle. Il y a surtout Flaubert, qui lui a inspiré la persévérance et le travail minutieux du style – c'est à cet auteur que Llosa dédie particulièrement le prix. S'y ajoute bien entendu la littérature innovante et vivace du Pérou qui n'a cessé de nourrir son goût de la littérature. Des écrivains comme : Borges, Octavio Paz, Coltázar, García Márquez, Fuentes, Rulfo demeurent toujours présents.

Plus loin, la figure de « la ville » participe à la singularité de l'imaginaire de LLosa. Paris, Londres, Barcelone et Madrid, Washington et New York restent des lieux de coeur, des espaces de rencontres, d'amitiés, d'illusions perdues et retrouvées. Ce sont des métaphores en acte qui abritent des histoires, témoignent de personnages, deviennent espaces vivants qui grouillent de voix, d'hommes et de femmes qui nous font voir quelque chose de l'ambiance d'un quartier, d'un jour ou d'une époque. « Citoyen du monde », comme il se sent, Llosa ne s'est jamais éloigné du Pérou qui reste la matrice de son être : « le Pérou, je le porte dans mes entrailles parce que j'y suis né, que j'y ai grandi et m'y suis formé, et que j'ai vécu là ces expériences d'enfance et de jeunesse qui ont modelé ma personnalité, forgé ma vocation, et parce que c'est là que j'ai aimé, haï, joui, souffert et rêvé ».

On ne peut rester indifférent à un certain air commun des discours du Nobel de littérature. Les écrivains remontent à l'origine, au pays natal, pour parler de leur cheminement d'écriture. Ils rendent hommage à leurs prédécesseurs, aux proches, à la famille et à la fois, convoquent les grands défis de notre temps : immigration, analphabétisme, famine, guerre, totalitarisme, censure… En 2008, Le Clézio intitulait son discours Dans la forêt des paradoxes et parlait entre autres, de la position paradoxale de l'écrivain qui souhaite « changer le monde » et qui, depuis son milieu privilégié de happy few, ne parvient souvent qu'à dire dans l'espoir que ses mots se feront acte. L'écrivain voudrait par-dessus tout que ses mots, ses interventions et ses rêves interviennent dans la réalité, changent les esprits et les coeurs, ouvrent un monde meilleur. Son souhait rime avec l'espoir que tôt ou tard, ses paroles seront entendues et qu'elles feront bouger des impasses de toutes sortes.

Pour le Clézio, il y a cette question toujours présente : « Pourquoi écrit-on ? ». Elle traverse son oeuvre et son existence, c'est sa manière d'aborder la place et l'implication de l'écrivain dans la société, son choix de faire l'éloge de la pensée, comme il le dit : « Si l'on écrit, cela veut dire que l'on n'agit pas. Que l'on se sent en difficulté devant la réalité, que l'on choisit un autre moyen de réaction, une autre façon de communiquer, une distance, un temps de réflexion ». Prendre du recul donc, trouver la distance juste pour dire le monde, voilà ce qui en dit long sur l'art unique de l'écrivain à saisir « quelque chose de simple, de vrai, qui n'existe que dans le langage ».

Après tout, c'est le langage surtout qui fait le coeur et l'essence de l'écriture. Dans son discours, Varga Llosa nous transmet ce même message de confiance dans le pouvoir des mots, dans leur magie qui pourrait contribuer « à diminuer la violence, non à en finir avec elle. Parce que la nôtre sera toujours, heureusement, une histoire inachevée. C'est pourquoi nous devons continuer à rêver, à lire et à écrire, ce qui est la façon la plus efficace que nous ayons trouvée de soulager notre condition périssable, de triompher de l'usure du temps et de rendre possible l'impossible ».
par adina balint-babos
Lien : http://adinabb.blogspot.fr/2..
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J'aime les textes que l'on peut lire tout haut. le titre juste m'a accroché, plus tard j'ai compris que c'était un discours.
Je l'ai lu en le savourant, en sentant les rythmes et les sons, en m'arrêtant pour reprendre des passages à haute voix (mes enfants sont habitués).
Je l'ai emporté en montagne et je l'ai lu au soleil, sous une falaise, et cela lui a donné une saveur spéciale et sauvage de livre qui parcours le monde pour le dire.
Je viens de le trouver en téléchargement gratuit sur le site du Nobel, dans plusieurs langues.
Mais cette traduction de l'Espagnol me parle à l'oreille : c'est la langue de mes parents, ce français mâtiné d'expressions typiquement traduites de leur langue espagnole d'enfance.
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Jamais je n'aurais pensé qu'une conférence de Nobel soit si passionnante, je m'attendais à un discours un peu soporifique et je suis enchantée par la lecture de ce texte profond.

Mario Vargas Llosa choisit de faire un « Éloge de la lecture et de la fiction » titre de sa conférence de remise du Nobel, plutôt que de s'exprimer sur la création littéraire et l'écriture. Il donne des conseils certes mais ses propos me semblent essentiels : « Aussi faut-il le répéter sans cesse jusqu'à en convaincre les nouvelles générations : la fiction est plus qu'un divertissement, plus qu'un exercice intellectuel qui aiguise la sensibilité et éveille l'esprit critique. C'est une nécessité indispensable pour que la civilisation continue d'exister, en se renouvelant et en conservant en nous le meilleur de l'humain. »
Ce qu'il écrit dans ce texte me touche beaucoup.


Challenge Nobel illimité
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Un très beau discours écrit pour la cérémonie de remise du prix Nobel de littérature, reçu en 2010. Un éloge de la lecture et de la fiction qui nous en apprend un peu plus sur ce grand écrivain péruvien.
Au fil des pages, on se rend compte à quel point Mario Vargas Llosa est allé puiser dans sa propre histoire pour écrire ses romans « La tante et le scribouillard » ou « La ville et les chiens ».
Il nous raconte ses influences et délivre un message puissant sur l'importance de la lecture et de l'écriture dans notre capacité à résister aux barbaries et aux dictateurs qui voudraient nous maintenir sous leurs jougs, tuant ou censurant les libres penseurs qui permettent à nos démocraties d'exister et aux hommes d'être libres. Un prix Nobel bien mérité !
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Revenons à la littérature. Le paradis de l’enfance n’est pas pour moi un mythe
littéraire, mais une réalité que j’ai vécue et dont j’ai joui dans la grande maison
familiale aux trois patios, à Cochabamba, où, avec mes cousines et mes camarades de
classe, l’on pouvait mimer les histoires de Tarzan et de Salgari, et à la préfecture de
Piura, sous les poutres de laquelle nichaient les chauves-souris, ombres silencieuses qui
peuplaient de mystère les nuits étoilées de cette terre chaude. Ces années-là, écrire était
un jeu auquel ma famille applaudissait, une grâce pour laquelle on m’acclamait, moi, le
petit-fils, le neveu, le fils sans père, parce que mon père était mort et se trouvait au ciel.
C’était un monsieur de haute taille et joli garçon, en uniforme de marin, dont la photo
trônait sur ma table de chevet et qu’après avoir fait mes prières j’embrassais avant de
m’endormir. Un matin à Piura, dont je crois ne m’être jamais remis, ma mère me révéla
que ce monsieur, en vérité, était vivant. Et que ce même jour nous irions vivre avec lui à
Lima. J’avais onze ans et, dès lors, tout changea. Je perdis mon innocence et découvris
la solitude, l’autorité, la vie adulte et la peur. Mon salut fut de lire, lire les bons livres,
me réfugier dans ces mondes où vivre était exaltant, intense, une aventure après l’autre,
où je pouvais me sentir libre et être à nouveau heureux. Et d’écrire, en cachette, comme
quelqu’un qui se livre à un vice inavouable, à une passion interdite. La littérature cessa
d’être un jeu, pour devenir une façon de résister à l’adversité, de protester, de me
révolter, d’échapper à l’intolérable : ma raison de vivre. Dès lors et jusqu’à présent,
dans toutes les circonstances où je me suis senti abattu ou meurtri et au bord du
désespoir, me livrer corps et âme à mon travail de fabulateur a été la lumière qui signale
la sortie du tunnel, la planche de salut qui porte le naufragé jusqu’au rivage.
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Aussi faut-il le répéter sans cesse jusqu'à en convaincre les nouvelles générations : la fiction est plus qu'un divertissement, plus qu'un exercice intellectuel qui aiguise la sensibilité et éveille l'esprit critique. C'est une nécessité indispensable pour que la civilisation continue d'exister, en se renouvelant et en conservant en nous le meilleur de l'humain.
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Parce qu'un monde sans littérature serait un monde sans désirs, sans idéal, sans insolence, un monde d'automates privés de ce qui fait que l'être humain le soit vraiment: la capacité de sortir de soi-même pour devenir un autre et des autres, modelés dans l'argile de nos rêves.
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La bonne littérature tend des ponts entre gens différents et, en nous faisant jouir, souffrir ou en nous surprenant, elle nous unit par-delà les langues, les croyances, les us et coutumes ou les préjugés qui nous séparent.
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La littérature cessa d’être un jeu, pour devenir une façon de résister à l’adversité, de protester, de me révolter, d’échapper à l’intolérable : ma raison de vivre. (p.10)
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Avril 2011 Mario Vargas Llosa parle de Pedro Camacho - "La tante Julia et le scribouillard"
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