Un regard subjectif parfaitement assumé, l'économie n'est pas une science exacte. Les thèmes abordés : l'inégalité des sociétés, la création de la monnaie (et la monnaie virtuelle), la dette, l'origine des crises, l'intervention de l'Etat lors des crises, la collusion entre Etat et système bancaire, le marché et l'anticipation auto-réalisatrice etc.
La quatrième de couverture dit : « un livre pédagogique ». Ce n'est pas mon avis, c'est trop subjectif. Un livre pédagogique devrait présenter en quelques mots les avis des autres courants dominants en économie.
J'ai beaucoup aimé son choix d'ancrer son discours dans la différence entre valeur d'échange et valeur subjective. La valeur d'échange = monnayable et quantifiable ; la valeur subjective = non quantifiable (voir l'extrait à la fin de ce compte rendu).
L'auteur fait appel aux mythes modernes (Frankenstein et Matrix) afin d'illustrer ‘les machines hantées' : à un certain moment, les machines cessent d'être au service des humains. Ceux-ci deviennent les esclaves de leurs propres outils. Non, l'auteur n'explique pas pourquoi, à quel moment s'ouvre la faille ; il se contente d'esquisser sa pensée, en faisant appel à notre intuition.
Le mécanisme de la dette est un emprunt fait sur l'avenir : le banquier « va puiser dans le futur pour alimenter le présent ; [la main du banquier] franchit la ligne du temps pour se saisir dans le futur d'une valeur qui n'existe pas encore, la ramener au présent et la prêter au chef d'entreprise, lequel peut dès lors engager la production, créer de la valeur et rembourser le banquier, ce qui permettra au futur de recouvrer la valeur qui lui avait été ‘volée' » (p75). A mes yeux, avec cette ligne du temps, l'essayiste fait appel à nouveau à notre perception intuitive.
Tout à la fin, lors de remerciements il cite quelques personnalités qui l'ont inspiré :
Jared Diamond, avec son ouvrage de l'inégalité parmi les sociétés ; les Wachowski « pour leur superbe Matrix, un film bourré de questionnements économiques, écologiques et éthiques ». En guise d'épilogue, l'injonction de garder « l'esprit critique et la volonté de ne jamais admettre quoi que ce soit sous prétexte que c'est ce que disent ou croient les puissants, la majorité, les autres. »
Extrait :
Au sujet de la valeur subjective versus la valeur d'échange : « le coucher de soleil, les blagues [ ], le plaisir de rendre service [ ]. Trois biens mais pas trois marchandises. [ ] Dans la société où nous vivons nous confondons biens et marchandises. [ ] Ce que représente un coucher de soleil, une plongée, une histoire drôle est très différent. Ce sont des expériences vécues qui peuvent avoir une immense valeur subjective, mais aucune valeur d'échange. » p 36/37. Dans ce contexte, l'auteur note que la pratique du don du sang diminue quand elle se monnaye…