Aux personnes qui me reprocheront d’avoir trop loué les maîtres anciens et modernes, et de les avoir comparés entre eux, je répondrai que j’ai distribué des louanges, non d’une manière absolue, mais en ayant égard aux lieux et aux temps, et à d’autres semblables circonstances. Ainsi Giotto, par exemple, mérite les plus grands éloges, en raison de l’époque où il vécut ; peut-être n’en serait-il pas de même s’il eût été le contemporain du Buonarroti. Il faut considérer, en outre, que les hommes de notre siècle ne seraient point arrivés au point où ils sont, si leurs prédécesseurs n’eussent point été ce qu’ils furent. En somme, on doit être persuadé que dans mes éloges et mes critiques je me suis uniquement appliqué à obéir à la vérité, ou du moins à ce que j’ai cru vrai. On ne peut avoir constamment en main la balance de l’orfèvre : ceux qui savent par expérience combien il est difficile d’écrire, surtout lorsqu’il faut prononcer des jugements et faire des comparaisons qui, de leur nature, sont toujours odieuses, m’excuseront donc facilement, je l’espère.
Francesco Camiliiani , sculpteur et académicien florentin, fut le disciple de Baccio Bandinelli. Après avoir montré son habileté dans maints ouvrages de sculpture, il consacra quinze années de sa vie à construire des fontaines et à les enrichir de ses statues. La fontaine la plus étonnante qu’on lui doive est celle qui est à Florence , dans le jardin du senor Don Luis de Tolède. Elle est décorée de figures d’hommes et d’animaux d’une variété extraordinaire et d’une somptuosité vraiment royale.
L’Académie compte encore dans son sein plusieurs jeunes peintres de la ville et de l’état de Florence, qui ont travaillé aux décorations des obsèques de Michel-Ange et des noces de Son Altesse.
Alessandro del Barbiere, jeune Florentin, âgé de vingt-cinq ans, peignit, entre autres choses, à l’occasion des noces , d’après les dessins et sous la direction de Vasari, les toiles de la grande salle où sont représentés les plans de toutes les villes des états du seigneur duc. Le talent qu’Alessandro déploya dans ce travail fit concevoir de lui les plus hautes espérances. Le Vasari fut encore aidé dans ses entreprises par beaucoup d’autres de ses élèves et de ses amis, tels que Donienico Benci; Alessandro Fortori, d’Arezzo ; Stefano Veltroni, son cousin; Orazio Porta, de Monte-Sansovino; et Tommaso del Verocchio.
Ilarione Ruspoli, jeune citoyen florentin, cultive avec succès la sculpture, sous la direction de Vincenzio. Les statues qu'il a exécutées, à l’occasion des obsèques de Michel-Ange et des noces du duc, témoignent qu’il n’est ni moins savant dessinateur, ni moins bon praticien que ses collègues de l’Académie.
Giorgio Vasari : Vies des
peintresOlivier BARROT, depuis l'ermitage Sainte Catherine, sur le Lac Majeur en Italie, présente "Les vies des
peintres),
reportagemoderne et concret sur la vie des grands
peintres écrit par un contemporain,
Giorgio VASARI, édité pour la première fois en 1750.