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Critique de Sachenka


Quand j'ai emprunté à la bibliothèque le livre Les amants de la Toussaint, de l'écrivian colombien Juan Gabriel Vasquez, j'ai eu droit à trois surprises. La première, il s'agit d'un recueil de nouvelles. La deuxième, toutes les histoires se déroulent non pas en Colombie mais dans une région comprise entre la Belgique et le nord-est de la France. La troisième, j'ai adoré le style de l'auteur. Pourtant, j'avais déjà lu un ou deux autres trucs de Vasquez et, sans avoir détesté, ça ne m'avait pas particulièrement interpelé. D'où l'importance de donner une autre chance.

Pourtant, dans les sept nouvelles qui composent Les amants de la Toussaint, rien de si extraordinaire. On y présente des personnages à la croisé des chemins, que ce soit une rupture, un voyage, une rencontre, bref, rien de très dramatique. D'ailleurs, en écrivant ces lignes, j'éprouve de la difficulté à me remémorer les histoires. C'est que, ces histoires, elles sont simples et anodines, elles pourraient arriver à n'importe qui, à tout un chacun. Il y a bien une vague tristesse (ou mélancolie ou nostalgie) qui émane de l'ensemble et j'y étais sensible.

Aussi, c'est que, dans ce recueil, c'est l'atmosphère qui a réussi à me tenir accroché. Ces paysages des Ardennes, nuageux, grisâtres, pluvieux ou brumeux. J'aime bien quand les éléments se mettent de la partie. Pareillement pour les animaux, ils apportent une touche de réalisme. Je ne peux l'expliquer mieux. Ajoutez à cela des activités peu usuelles, par exemple, un couple sur le bord de la rupture qui va à la chasse. Mais il ne s'agit pas roman policier, n'allez pas vous imaginer un crime crapuleux. Plutôt quelque chose qui semble décalé, créant un malaise.

Pour continuer sur la même lancée, ce qui m'a également marqué, ce sont les gestes des personnages, un tic, le non dit, un regard, une parole à moitié prononcée ou bien qui en cache une autre. Ou bien des dialogues de sourds.

« - En fait, on aurait très bien pu le trouver, a déclaré Michelle, qui m'avait rejoint. » (p. 38) Elle parle du faisan atteint à la chasse, qui est tombé dans les fleurs et que les chiens n'ont pas retrouvé. Elle se l'imagine blessé, mourant dans d'atroces souffrances. Quand son conjoint se justifie, elle s'emporte. « - Tu es cruel. Ça ne tourne pas très rond dans ta tête. » Las, le conjoint retourne sur le sentier de chasse mais Michelle s'inquiète. « Tu vas revenir ? » Ces phrases, et d'autres encore, laissent deviner une dynamique de couple étrange.

Ces éléments et d'autres me donnent l'impression que le style de l'auteur a des qualités cinématographiques. Ses mots sont comme une caméra qui saisit des éléments du décor, la physionomie des personnages, ils s'y arrêtent un instant afin de donner le ton, de permettre au lecteur de s'imprégner de l'atmosphère puis ils continuent leur chemin. Ainsi donc, pas de longues descriptions, seulement quelques indications qui sont autant le fruit de la narration que du point de vue des différents personnages impliqués dans la scène.

« Les tons violet et fuschia dominaient dans la chambre. La courtepointe était d'un prune impudique, l'encadrement du lit ausis rose que la crème d'un gâteau. Tout près, un miroir trois-quarts renvoya à Oliveira l'image d'un homme moins jeune qu'il ne l'était. » (p. 160) Avec si peu, on en sait déjà beaucoup, et l'histoire se poursuit.

Bref, Les amants de la Toussaint est un recueil de nouvelles toutes en impressions, en regrets, en secrets, en espoirs. Toutefois, à lire tranquillement. Moi, j'en ai étalé la lecture sur une semaine, une histoire par jour.
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