Celle qui ne pleurait jamais est un bon polar, qui se lit vite et fait passer un bon moment de lecture. Il est basé sur un suspense classique, avec des meurtres qui ne sont élucidés qu'à la fin, une porosité entre l'histoire des policiers et celle des suspects, des révélations qui sont distillées au fur et à mesure. Il est très bien écrit, il se lit très bien. Que des qualités !
"Classique", "que des qualités"... mais alors, et le petit grain de folie qui fait qu'on a envie d'en écrire une chronique pour le conseiller autour de soi ? La petite bizarrerie, l'originalité ? Eh bien il me semble que c'est un roman qui n'est pas ce qu'il semble être. Il y a du suspense, mais de gros pans en sont levés assez tôt. Il y a une histoire du passé qui rattrape celle du présent, mais à chaque supposition formulée dans le présent répond immédiatement la confirmation que cette supposition est la bonne : on n'attend pas. Il y a un dénouement qu'on ne voit pas venir, mais comme de gros pans de suspense ont été levés au fur et à mesure, il n'est pas complexe et n'oblige pas (trop) à relire toute l'histoire. De ce fait, le dosage est vraiment subtil : suffisamment de suspense pour donner envie de terminer le livre très vite, mais suffisamment peu pour qu'on prenne le temps de se laisser emporter par tous les autres aspects.
Or, tous les autres aspects sont bien plus originaux que le polar lui-même, et intéresseront un public différent... car c'est aussi un livre sur les rapports entre parents et enfants : comment élever une adolescente quand on est séparé ? Quels risques est-on prêt à prendre pour réparer le passé et dire à sa fille qu'on l'aime ? Comment se construire face à un parent fragilisé par la maladie ? Peut-on échapper à son destin quand on a vécu l'impensable dans son enfance ? Toutes ces questions sont posées et explorées dans le livre, de plusieurs manières différentes au fil des générations, et font accepter que l'auteur en passe par quelques scènes de violence peu soutenables. Un polar qui a l'air classique et s'avère finalement bien plus subtil !
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Séverin est un flic bipolaire, passionné par l'écriture et père d'une ado gothique. Quand il apprend que la mère de sa fille est accusée d'un double meurtre il est incrédule et décide d'enquêter.
Un thriller efficace qui se lit à grande vitesse et ne manque pas d'actions! Recommandé par un proche je le recommande à mon tour. Pas de nuit blanche ni de nausée car ce roman n'est ni trop gore, ni trop effrayant. L'histoire tient la route et les personnages sont intéressants. Bref un prix mérité pour ce titre!
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Le flic Séverin Berthelot va très vite apprendre qu'une personne de son entourage est soupçonnée d'un meurtre, sa trace génétique a été retrouvée sur la scène de crime. Ne la croyant pas coupable il va tout faire pour retrouver le véritable tueur.
J'ai tourné les pages sans m'en apercevoir. le style est fluide et agréable mais ce que je redoute le plus quand je lis un polar est arrivé avec celui-ci. J'ai très vite compris qui était l'assassin et vu venir les rebondissements. Je n'ai pas trop accroché au personnage de Séverin, je ne le trouve pas crédible, (un flic avec le problème de santé qu'il a ?!) J'ai du passer à coté de ce roman qui a plutôt de bons retours et qui a même reçu un prix. Ce n'est pas une catastrophe mais il ne restera pas mémorable pour moi.
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Elle l'observa un moment, à la recherche d'un quelconque signe qui aurait pu trahir ses émotions. Séverin lui avait fait beaucoup de confidences sur ses troubles. Elle avait pu se rendre compte par elle-même de leurs manifestations puisqu'elle l'avait vu s'enfoncer dans des épisodes dépressifs ou maniaques à plusieurs reprises. Alex considérait comme de sa responsabilité de veiller sur son partenaire. Elle avait appris à reconnaître les signes avant-coureurs de ses crises: mélancolie, absence de motivation, difficulté à se concentrer, manque de tonus... Autant de signes de la survenue d'un épisode dépressif dont elle craignait qu'ils fussent tous réunis aujourd'hui. Elle savait qu'il était sous traitement - il lui avait parlé du lithium, des antidépresseurs et des antipsychotiques-, mais elle le soupçonnait de manquer parfois de sérieux dans le suivi de sa thérapie. Elle avait par ailleurs fait quelques recherches sur Internet et avait lu qu'il était parfois indispensable de revoir les doses de médicaments ou, même, de modifier le traitement. Séverin était censé rendre régulièrement compte de son état de santé à son médecin traitant mais, connaissant l'opinion qu'il était arrivé à se faire du corps médical, elle en arrivait à douter qu'il fût fidèle à ses rendez-vous. Inutile, dans ces circonstances, de lui parler des séances depsy qui étaient recommandées dans ce genre de pathologies.
Elle observa le contenu de son gobelet d'un oeil incertain. Elle ne voulait pas laisser Séverin seul dans son coin, bien qu'il répétât à longueur de temps qu'il se suffisait largement à lui-même et qu'il n'avait pas besoin de la sollicitude des autres. C'était son côté bon Samaritain: elle ne pouvait tout simplement pas se dire que, dans la vie, c'était chacun pour soi. Elle avait ses propres problèmes et personne ne s'occupait de savoir si elle s'en sortait, mais pousser le raisonnement jusqu'au bout revenait à accepter l'idée qu'il ne fallait compter que sur soi-même et que l'être humain restait à jamais égoïste.
Un rayon de lumière frappa un instant son visage. Séverin n'avait pu contenir sa surprise en entrant. C'était une espèce d'amalgame entre un masque de carnaval bon marché et un portrait d'une créature de Bosch, l'oeuvre d'un chirurgien qui aurait commencé avec les meilleures intentions, mais qui aurait perdu la raison en cours de route.
Un casque sur les oreilles, elle lisait allongée sur son lit. Son père lui avait un jour demandé comment elle pouvait lire et écouter de la musique en même temps.Elle lui avait opposé qu'un être normalement constitue captait les mots avec les yeux et la musique avec les oreilles et qu'il était donc naturellement apte à remplir les deux fonctions à la fois.
Son corps et son esprit étaient littéralement anesthésiés. Il avançait comme une machine inconsciente de sa propre existence, ignorante du sens même que ce mot revêtait.
Il se sentit soudain immensément fatigué. Sa vie était un vrai désastre. Un mariage raté, une fille incontournable, un boulot de merde, des ambitions d'écrivain complètement absurdes. Il ne se sentait plus le courage de continuer, de se lever le matin et de faire comme si ne rien n'était. Faire comme tout le monde, comme tous ses collègues de bureaux, qui se contentaient d'une misérable petite vie de flic consciencieux et servile.
À l'occasion de l'événement Babelio, nos trois auteurs (Nicolas Druart, Frank Leduc et Christophe Vasse) répondent à nos questions. Un beau moment d'échange et de partage.