Petit à petit, à petits pas, les petits devant, les grands derrière, chacun monte en rang par deux, avec sa chacune.
Petit à petit, le niveau de l'eau monte, les petits seraient emportés mais heureusement, ne dépassent que les plus grands, les plus forts.
Petit à petit, les petites branches de l'olivier, celles de la cime, disparaîtront et puis, chacun trouvera sa place, même toute petite, attendant que le niveau de l'eau fasse redescendre le navire et ses occupants, vers un olivier qui ne prendra pas l'eau et fera la fête du renouveau aux nouveaux arrivants.
: Dans un style frais et délicat,
Emilie Vast offre aux jeunes lecteurs un défilé animalier, les petits doigts pointeront vers les animaux en aplats de couleurs qu'ils reconnaîtront et les parents ou les grands frères et grandes soeurs n'hésiteront pas à renseigner sur les noms parfois compliqués de femelles comme la Hase pour le lièvre ou d'espèces connues mais dont les petits ignorent le nom comme les Suricates.
Nous n'ignorons pas l'eau qui monte au fil des pages.
L'auteure détourne la célèbre histoire biblique de Noé et de son arche, jouant donc sur une double lecture que chacun sera libre de prendre ou d'interpréter. L'imagier animalier permet par le défilé de mettre à l'honneur une diversité, mettre en comparaison des espèces animales sur des critères de taille, de force certainement aussi, les familles pourront prendre le temps de s'arrêter et de cerner les caractéristiques de chacun si elles le souhaitent. L'album s'ouvre ainsi pour un pluis large public aussi.
Les humains sont complètement éludés du panorama et les jeunes s'interrogeront peut-être sur cette eau qui monte et cette arche qui abrite tout ces couples d'animaux.
Des éléments permettront d'offrir la version que l'on souhaite de la simple prouesse d'un bateau pouvant contenir tous les animaux du monde à l'histoire de Noé qui eut la chance d'être sauvé avec toute sa famille, avec la mission de repeupler le monde tandis que les eaux effaçaient un monde corrompu et égoïste, emportant des couples de chaque espèce animale.
Enfin,
Emilie Vast joue sur la morale de cette histoire, glissant des phrases sybillines qui n'échapperont pas aux plus grands, « il paraît que cela fond là-bas... » et « ils auraient du faire plus attention, c'est sûr... ». le message écologique sera passé.
Fort heureusement, dans tous les cas, le brin d'olivier porté par la colombe de l'histoire confirme une nouvelle terre d'accueil en terminant cet album, d'une symbolique également à multiples interprétations possibles, l'olivier en fleur est symbolique d'un renouveau. Qui sait si ce n'est pas un hiver trop rigoureux qui en fondant se montra trop sévère?
Au delà de l'idée d'une seconde chance, nous pouvons profiter d'un magnifique album au graphisme tendre qui rappelle dans l'idée le sympathique «
Qui est le plus fort ? de
Eitaro Oshima,
Setsuko Hasegawa,
Kenji Uesawa », la compétition en plus. Cet titre vient confirmer le talent d'Emile Vast, les autres titres sont à découvrir.