La découverte du monde du cinéma - et de l'Exposition coloniale( 1931) dans la foulée- par une jeune et jolie Inuit qui n'a jamais quitté son grand Nord et qui se retrouve à la merci d'un publicitaire en quête de succès au beau milieu de la crise déclenchée en octobre 1929. La jeune Emily ne devra son " salut" qu'à son courage, son intelligence et son grand coeur ( et un peu l'aide du vieil ami de sa mère, ex musher établi en Californie)
Une belle étude de caractères sur fond de crash boursier, une confrontation des cultures qui renvoie au douloureux problème du colonialisme et de ses pratiques discutables.
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Le personnage d'Emily suivi par un narrateur externe m'a touchée, mais moins que ne l'avait fait Elisabeth dans les précédents romans.
Lire la critique sur le site : Ricochet
L’adolescente buvait littéralement les paroles de son aînée. Elle comprenait son désir de prendre son destin bien en mains. Elle n’était pas différente et en avait largement fait la démonstration depuis son arrivée à Los Angeles.
Débarquer en Californie, après avoir passé toute sa vie à Pilgrim Hot Springs – autrement dit au milieu de nulle part – c’était un peu comme atterrir sur une autre planète. Tout ici lui était étranger. Le climat, les gens et leur façon de se vêtir, d’être souvent pressés ; l’immensité de la ville et de ses immeubles qui tutoyaient le ciel ; les voitures, les tramways, les trains… ; le confort inimaginable des maisons, avec l’électricité, les aliments tout préparés et plus personne pour trapper ou chasser. Ici, la nature passait au second plan, un simple décor au milieu duquel une vie artificielle grouillait, jour et nuit. En fait, le plus étrange pour la jeune Yupik était certainement l’absence d’ombre et de silence. La Californie paraissait le royaume de la lumière et de l’agitation. Le soleil quittait bien le ciel, à chaque crépuscule, mais une féérie de lumières s’empressait aussitôt d’exploser, redessinant la ville en pointillés : phares, lampadaires, enseignes, projecteurs, habitations… pas une rue qui ne scintillait de mille feux. Pourtant, Emily n’était pas effrayée ! Elle regrettait juste de ne pouvoir se fondre en toute discrétion dans cet environnement nouveau, afin de mieux l’explorer. Elle se sentait un peu trop observée elle-même ; comme cela avait déjà été le cas à Vancouver, peut-être même davantage. Toutefois, il lui avait été facile de ne pas y attacher plus d’importance que nécessaire et de continuer à se laisser guider par Darren dans ce monde surprenant.
Alors, oui, elle comprenait très bien Nancy Columbia, et elle était plus curieuse que jamais de connaître la suite de son histoire.
Le chant des galahs, polar australien de Pascal Vatinel, COUP DE COEUR FRANCE INTER 2021.