Ana-Mua "grande étoile scintillante devenue pilier d'entrée du dôme du ciel" donne son titre à ce roman tissé de correspondance entre une fille aimée tendrement (toute jeune institutrice à Papeete) et un père adoré, de prose oscillant entre passé,présent et avenir et de légendes polynésiennes.
Le vouvoiement de "votre petite oie sauvage" au "Pacha" qui la traite de "drôlesse" ou de "fofolle", qui s'inquiète ou lui reproche d'être un "casse-tête chinois" dépeint l'admiration empreinte de respect que Paulana éprouve pour un père protecteur. Les signatures "votre pisseuse" ou "votre garçon manqué", empreintes d'humour reprochent avec impertinence les regrets d'un marin-pilote en manque d'héritier mâle mais complices jouent.
Marin-pilote, car ce père là navigue aussi bien dans l'océan que dans le ciel.Mais en lisant entre les lignes on perçoit un secret et des mots qui abolissent la souffrance,la guerre et la perte.Alors le lecteur voyage du lagon aux "gerbes de tous les bleus, tous les verts, tous les ors" en "tortue qui mange les nuages", en Idriss, le Marocain aux baisers passionnés, en Klaus, l'étudiant d'Alger qui "écope les larmes" ou en
Jean-Balthazar mordu par les étoiles.
J'avoue avoir perdu parfois le fil, ne voulant garder que l'aspect poétique du récit, son dépaysement, la complicité de la relation père-fille et l'amour transmis des étoiles et de l'océan.
Lysane Vauchez-Douënel, après avoir "bourlingué" avec son père marin, a joué sur des scènes de théâtre et créé un atelier d'écriture à Toulon en 95.Elle a également co-publié (avec
Geneviève Jackson et
Sylvette Raoul) Si tu t'imagines.