Extraits significatifs de résumé.
Le voyage de Gauguin a commencé, irrésistiblement ; sa volonté se nourrit des obstacles rencontrés, mépris, indifférence, voire misère, et trouve son cap et sa boussole dans l'assurance d'être en route pour un renouvellement décisif de la peinture. Il ne part pas en Utopie, dans un lieu de nulle part qui attristerait encore plus la vie d'être inaccessible ou inconsistant, c'est une hétérotopie où il s'agit de transfigurer le rapport à l'espace, d'en élargir l'horizon et d'en intensifier les vibrations et les résonances. C'est le contraire d'un espace refuge : un espace à conquérir.
__
« J'obtiens par des arrangements de lignes et de couleurs, avec le prétexte d'un sujet quelconque emprunté à la vie ou à la nature, des symphonies, des harmonies ne représentant rien d'absolument réel au sens vulgaire du mot, n'exprimant directement aucune idée, mais qui doivent faire penser comme la musique fait penser, sans le secours des idées ou des images, simplement par les affinités mystérieuses qui sont entre nos cerveaux et tels arrangements de couleurs et de lignes »
__
« Par l'expression idée esthétique j'entends cette représentation de l'imagination qui donne beaucoup à penser, sans qu'aucune pensée déterminée, c'est-à-dire de concept, puisse lui être adéquate et que par conséquent aucune langue ne peut complètement exprimer et rendre intelligible ».
Commenter  J’apprécie         40
Au lieu de représenter la religion illuminant la vie du peuple croyant, Gauguin montre le peuple lui donnant les couleurs de son imagination et la faisant descendre sur le terrain de sa vie terrestre ; ce qui résonne dans le rouge profond d’une cour de ferme ou d’un parvis d’église bretonne n’est pas la voix de dieu mais celles, multiples, ferventes et poétiques, d’un chœur populaire.
« Surtout ne transpirez pas sur un tableau ; un grand sentiment peut être traduit immédiatement, rêvez dessus et cherchez-en la forme la plus simple » (Gauguin à son ami peintre, Schuffenecker)