La douleur et la clarté vont ensemble
mélangées
et distinctes
ainsi que le sont les racines et la terre
Dans le train du retour
à la tombée du jour
je vois l'herbe éclaircie
d'un givre de vitesse
et ce paysage qui fuit d'oû je vais
le soir a des pastels variés
et des barbes de sucre rose (...)
Nous allons droit à la souffrance
nous nous taisons couverts de bruit
nous sommes en fuite du silence
nous avons le bonheur agacé
nous plongeons dans l'amour
aux flammes de papier
comme elle est étrange
cette envie de devenir
le désir
le désir vrai
est immobile
T'aimer c'est ne jamais dire mon amour
mais rester guetteur dans l'éternelle course
tes yeux sont la fosse aux étoiles
je ne sais ce que l'ombre devrait nous apprendre
nous la croisons coeur nu
le ciel baisse comme une chanson douce
et sous nos pieds le sol
le sol de l'autre bout du monde
le sol sous nos pieds tendu comme une corde
Bâtir sur une faille
écrire court
convaincre que ce qui est bref
est appelé à moins souffrir
Écoute
écoute
qu'est-ce que c'est
ce n'est rien
ce sont les jours qui se dévorent
écoute
j'entends
ce sont les hommes qui regrettent
Aujourd'hui j'ai le souvenir
de ce qu'il me reste à faire
creuser des chemins de soleil
user des stylographes
sur des papiers sans ombres
emprunter les rues qui rallongent
courir aux chemins de ronde
envelopper tes épaules tendres
Au plus profond de nous
chante une porte ouverte
C'est la lumière qui nous révèle
c'est la lumière qui nous gagne
je te veux à cet horizon
je suis la voile ouverte de ta bouche
la fontaine arrondie de ta joue
je suis l'inconcevable maison
et au carreau des fenêtres
ce qui échappe à la raison