Une forme d'histoire muséale américaine, avec en fil rouge celle de la Smithsonian Institution de Washington, racontée par un narrateur conscient mais sans rôle, comme un vieil oncle encyclopédiste et bavard, rasant vaguement l'assemblé de ses récits académiques construits sur des causalités simplificatrices et naïves, voir sur des erreurs scientifiques motivées par l'ethnocentrisme américain supposé.
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Procédé bizarre, ce truc: on nous raconte une histoire, en brouillant volontairement le vrai du faux, mais sans aucune intention d'établir « un narrateur non fiable », l'oncle barbant restant bien enfoncé dans son fauteuil, divaguant-jacassant sur la vie personnelle de tel ou tel personnage, sans aucun intérêt pour l'histoire générale, souvent sans suites, si ce n'est ce chat dont il nous parle plusieurs fois… sans jamais sortir, montrer son visage, et pourquoi nous raconte-t-il cette histoire imbibée de ses biais personnels ?
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Bien-sûr, il se fout un peu de nous, humour dans la tasse de thé, la vôtre ou bien celle des autres; personne ne songe à se verser quelque chose de plus fort, alors que la maitresse de maison se prépare à resservir les jus de fruits.
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Curieux livre, fait de courts foisonnements anecdotiques, comme les bases d'un travail beaucoup plus grand, ponctué de chapitres-paragraphes, certains comme ruptures narratives, plus elliptiques et « littéraires », d'autres nous intéressant à des caractères, pour ensuite les abandonner d'une carte postale, le Musée et la relativité humaine comme uniques sujets.
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C'est sûrement de ça qu'il s'agît, au fond. Un début d'interrogation sur l'Histoire, la manière dont on la montre ou raconte; de la notion de spectacle dans la diffusion de la culture; de la subjectivité civilisationnelle sous couvert d'universalisme; etc…. oui, mais tout le monde dans le salon dort déjà, les animaux empaillés encore plus que les autres… l'oncle se retire sans bruit, maugréant tout bas qu'il n'avait pas encore terminé.
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Avec ce roman, l’écrivain argentin signe un espiègle pastiche scientifique, une histoire alternative des débuts du Smithsonian, grand musée de Washington.
Lire la critique sur le site : LeMonde
"Les océans qui avaient été un des lieux les plus agréables de l’univers, devinrent d’une extrême dangerosité. Avant l’Ordovicien précoce, les êtres vivants pouvaient se promener dans toute région sous-marine et profiter des beautés d’un récif corallien ou admirer les formes plumeuses des crinoïdes. C’était désormais inenvisageable. Des mafias de poissons aux mâchoires acérées montaient la garde partout, prêts à planter leurs dents dans le moindre visiteur. les assassinats au grand jour se multiplièrent, même dans les endroits les plus fréquentés, bien souvent gratuits pour le simple plaisir de tuer. Cet accroissement de l'insécurité eut pour conséquence un des faits les plus importants de l'histoire de la vie : la conquête de la terre ferme."
Les océans, qui avaient été un des lieux les plus agréables de l'univers, devinrent d'une extrême dangerosité. Avant l'Ordovicien précoce, les êtres vivants pouvaient se promener dans toute région sous-marine et profiter des beautés d'un récif corallien et admirer les formes plumeuses des crinoïdes. C'était désormais inenvisageable. Des mafias de poissons aux mâchoires acérées montaient la garde partout, prêts à planter leurs dents dans le moindre visiteur. Les assassinats au grand jour se multiplièrent, même dans les endroits les plus fréquentés, bien souvent gratuits, pour le simple plaisir de tuer. Cet accroissement de l'insécurité eut pour conséquence un des faits les plus importants de l'histoire de la vie: la conquête de la terre ferme.
Diego Vecchio - Ours .Diego Vecchio vous présente son ouvrage "Ours" aux éditions Arbre vengeur. Traduit de l'espagnol (Argentine) par Stéphanie Decante. http://www.mollat.com/livres/vecchio-diego-Ours-9791091504058.html Notes de Musique : Générique de "Bonne Nuit le Petits"