Saisissante mini-épopée de guerre aérienne dans les années 30, au-dessus de la vallée du Rhône.
Publié en 2001 à La DIfférence, le deuxième roman de
Jean Védrines constitue un bel hommage à son grand-père pionnier de l'aviation, aux temps héroïques de ces premières machines de guerre volantes, et à l'esprit de résistance.
Tout baigné du soleil de la vallée du Rhône, des brumes de chaleur des Préalpes et de la majesté fragile des ces oiseaux de plomb, de toile et d'acier, le roman recueille échanges et confidences entre les pilotes et les mécaniciens d'une escadrille de bric et de broc qui, basée dans les hauteurs des Alpes, résiste envers et contre tout à l'avancée terrestre d'un ennemi allemand conquérant le France, et donc la vallée du Rhône, dans les années 30, tandis qu'un contrepoint subtil est fourni tout au long par les voix de ceux restés dans les villes de la vallée, oscillant entre résistance, indifférence et déjà, franche collaboration avec l'envahisseur...
Au-delà de ce canevas où l'on sent les échos du
Malraux de "
L'espoir" (davantage le film que le livre, en réalité), c'est la langue de
Jean Védrines qui surprend et enchante, mêlant dans sa violence guerrière les accents lyriques du
Giono du "Chant du monde" à la précision technique et admirative du
Zola de "La bête humaine", sans dédaigner les saisissantes bouffées de poésie qu'y aurait insufflées, par à-coups vertigineux, le résistant
René Char.
Une belle découverte qui donne envie de lire rapidement les autres romans de l'auteur.