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EAN : 9782246818243
144 pages
Grasset (13/02/2019)
3.4/5   5 notes
Résumé :
Autrefois, lorsqu’on lui demandait si elle était juive, Léa Veinstein répondait : «Mon arrière-grand-père était rabbin ! » De ce dernier pourtant, elle ne savait rien, pas même le prénom : Isaac. La mémoire familiale avait préféré l’effacer… Pourquoi ? C’est ce que Léa décide un jour d’élucider, alors que tout dans sa vie la ramène vers un judaïsme qu’elle avait longtemps tenu à distance : ses études de philosophie, sa rencontre avec Solal, la naissance de s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Tout d'abord un très grand merci à Babélio et aux Editions Bernard Grasset pour ce livre reçu lors de la Masse critique non-fiction. Un petit livre, mais un énorme coup de coeur qui vaut plus de cinq étoiles. Cette lecture m'a touchée et enthousiasmée. Toutes les personnes qui s'intéressent au judaïsme et à l'identité juive ne peuvent pas le manquer.

Léa est issue d'une famille intellectuelle de gauche, son père Alain est écrivain et homme de radio. Il est juif mais athée, sa mère se définit comme juive de coeur et tout aussi athée que son mari, la religion n'a pas de place dans cette famille. Léa étudie la philosophie, en particulier Levinas et Benjamin, elle a des opinions d'extrême gauche bien plus radicales que le reste de sa famille. Si tout le monde désapprouve la politique de Netanyau, ils sont tous attachés à la terre d'Israël. L'identité juive ou pas de la famille de Léa fait l'objet d'un tabou et le sujet n'est jamais évoqué, toutefois elle sait que son arrière-grand-père était rabbin, mais un silence absolu plane sur cet homme dont même son père ignore le prénom.

Des problèmes non précisés surviennent dans la famille, la cousine de Léa la contacte après un long silence. Elle a trouvé des documents sur ce mystérieux personnage en vidant l'appartement de leur grand-mère après son décès. Cette femme ne parlait jamais de son père, elle avait épousé un catholique et se rêvait en bourgeoise catholique selon Paul Claudel, elle avait totalement rejeté son identité juive. Léa, sa soeur Paloma et leur cousine se lancent dans une enquête sur leur arrière-grand-père, les papiers retrouvés leur apprennent qu'il s'appelait Isaac Sawelsky et qu'il officiait à la synagogue de Neuilly. Elles rencontrent deux dames âgées qui l'ont connu à l'époque, peu à peu le visage d'Isaac émerge de l'ombre et du tabou. L'enquête devient quête. Il avait une carte de légitimation de l'UGIF, un organisme créé par Vichy pour regrouper toutes les organisations juives, sa synagogue est restée ouverte et en fonction durant toute la guerre, comme d'autres lieux de culte d'ailleurs. Une question taraude les trois jeunes femmes : de quel côté se situait Isaac ? Est-il un héros ou un collaborateur ? Est-ce à cause de cela qu'il a été gommé de la mémoire familiale ? Elles comprendront que ces réponses ne sont ni toutes noires ni toutes blanches, que cette époque était ambigüe et que la mémoire qu'on en a gardé a été tronquée. Il y aura notamment une confrontation avec des aînés lors de la visite d'une synagogue dans le marais à ce propos, dans le lieu même où Isaac a eu son premier poste en 1921.

Les jeunes femmes n'arrivent pas à répondre à toutes leurs questions, elles arrivent à une limite qui aboutira à un hommage public rendu à Isaac dans la synagogue de Neuilly. le livre continue en racontant les suites de l'enquête pour Léa qui interroge ses origines. Est-elle juive ou pas ? Elle se marie avec Solal, issu d'une famille très pratiquante et se pose la question de la conversion (sa mère n'étant pas juive, Léa ne l'est pas non plus) lorsqu'elle attend un enfant à son tour. Et surtout : C'est quoi être juive ?

Cette réflexion sur les origines, la culture, l'identité et la religion est absolument passionnante. La mémoire est souvent biaisée. Dora Bruder de Patrick Modiano, un de mes livres fétiches est cité dans la bibliographie et j'imagine sans peine Issac rencontrant Dora dans une rue de Paris.

Ce portait impressionniste d'Isaac le rabbin de Neuilly est un gros coup de coeur que je recommande chaleureusement, une vraie pépite.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Grasset pour l'opération Masse critique qui m'a permis de lire ce récit !
L'auteure n'a que peu entendu parler de son arrière-grand-père paternel. Il était rabbin, mais quoi d'autre ? Même son prénom semble passé aux oubliettes de la mémoire familiale. Quelle faute a-t-il commise pour qu'une telle chape de silence recouvre son existence ? C'est par une plaque commémorative à la synagogue de Neuilly et par une lettre de remerciements adressée à son aïeul que Léa Veinstein, sa soeur et sa cousine entreprennent cette quête des origines.
Mais, paradoxalement, les réponses qu'elles obtiennent génèrent toujours davantage de questions : chantre à la synagogue, Isaac Sawelski, a remplacé le rabbin quand celui-ci a été déporté. Comment Isaac a-t-il pu, sans se cacher, échapper aux rafles et à la déportation ? Comment a-t-il pu continuer à officier ouvertement à la synagogue ? Les trois jeunes femmes soupçonnent des manipulations, de basses intrigues qui expliqueraient le silence que la famille a fait peser sur cet homme et la révolte de sa fille, Jacqueline, qui s'est mariée civilement et a rejeté la religion de son père. Mais une visite à un historien de l'Occupation leur apprend que la plupart des synagogues parisiennes n'ont jamais cessé leurs offices pendant toute la durée de la guerre. Isaac a choisi de prendre tous les risques sans céder sur sa foi et il a pu survivre.
L'histoire fragmentaire d'Isaac incite l'auteure à s'interroger sur son propre rapport à la foi et au judaïsme et, au-delà, sur son identité. Son père est issu d'une famille juive, sa mère s'affirme "juive de coeur", sa grand-mère (la fille d'Isaac) s'est voulue catholique... Mais finalement, qu'est-ce que c'est "être juif" ? Quels enjeux a une conversion ?
Ce cheminement tout en sinuosités, avancées et revirements m'a passionnée tout en me laissant un peu sur ma faim. La réflexion m'a paru trop rapidement ébauchée alors qu'il me semble que toute la vie d'Isaac et les recherches de l'auteure menaient à cette question de la foi et de l'identité. Je le regrette un peu mais j'ai beaucoup apprécié l'écriture vivante et concrète qui décrit ces trajectoires, celle d'Isaac et celle de son arrière-petite-fille.
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Il y a les histoires que l'on se raconte de génération en génération, et celles que l'on ne raconte pas. Il y a les vides de la mémoire, les cases manquantes, les trous béants laissés par le tabou.

Dans son livre éponyme paru aux editions Grasset, Léa Veinstein redonne corps à Isaac, son arrière grand-père rabbin. “Je ne connaissais pourtant rien de lui, pas même son prénom. La mémoire familiale l'avait effacé. Mais les hasards de la vie m'ont ramenée jusqu'à lui. Je me suis mise à chercher, à parler aux témoins et à mes proches, à tenter de comprendre. J'ai découvert qu'il avait officié durant cinquante ans à la synagogue de Neuilly, y compris pendant l'Occupation. Qu'il y avait chanté, avec une voix si claire qu'elle résonne encore pour ceux qui l'ont entendue”

Son enquête la mène à un paradoxe : comment un rabbin a-t'il pu continuer à officier dans une synagogue sous l'occupation, avec l'aval des autorités ? le tabou familial se double d'un tabou historique - sa recherche ne plaira pas à tout le monde.

Léa Veinstein rapporte ce fait frappant : lors de la visite d'une synagogue à Paris, elle demande au guide si cette dernière était ouverte pendant la guerre. le guide est agacé “Vous savez, l'occupation a été une période très dure pour les Juifs, il ne faut pas croire. Vous pensez sérieusement qu'ils pouvaient se réunir et prier en toute tranquillité ? Vous vous rendez compte de la menace qui pesait sur eux ?”. Elle expose le résultat de ses recherches mais cela ne convainc pas, l'assemblée devient agressive, le gardien de la synagogue doit intervenir pour nuancer les propos de chacun. Edifiant.

Au fur et à mesure qu'elle sonde la vie de cet ancêtre oublié, Lea Veinstein interroge la mémoire collective, ses zones d'ombres, ses silences.

Je vous conseille ce récit court et passionnant, qui redonne vie à des fantômes, nos propres fantômes.
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Tout d'abord un grand merci à Babélio et aux éditions Bernard Grasset pour cette petite pépite. Un livre qui m'a touchée et que j'ai déjà conseillé à tout mon entourage.

Isaac : c'est l arrière grand –père de léa Veinstein. Celui dont on ne parle pas, celui dont on ne sait rien, celui dont la propre fille disait qu il était instituteur. Mais aussi celui dont on disait qu'il était rabbin. Effacé volontairement de la mémoire familiale. Forcément cela intrigue.
Léa quant à elle est une intellectuelle de gauche, comme ses parents avant elle. Son père est juif non pratiquant, sa mère n'est juive que de coeur. Léa n'est donc pas juive (la religion juive se transmet par la mère). Son petit ami est juif de famille pratiquante. Un rapport assez étrange à la religion règne dans cette famille.
En fouillant dans les papiers de la grand-mère décédée, la cousine de Léa découvre des traces de ce grand-père renié par sa propre fille qui se rêvait bourgeoise catholique.

Alors, l'auteure, sa cousine et sa soeur, décident de partir sur les traces de cet inconnu, l'ancien chantre de la synagogue de Neuilly.
Elles vont interroger les membres de leu famille, enfin ceux qui vont accepter de leur répondre, les anciens voisins, les membres de la communauté de Neuilly… pour connaitre cet homme. Elles vont aussi interroger les institutions pour comprendre. Pour comprendre, comment ce rabbin a-t-il pu survivre à Paris pendant l'occupation ? comment a-t'il même pu continuer à assurer les offices dans la synagogue de Neuilly pendant cette période ?
Cela ne correspond pas du tout à ce que l'on a entendu jusqu'à aujourd'hui du Paris sous l'occupation …
Toute à son enquête, Léa Veinstein nous révèle un pan de l'histoire peu connu. Il existe donc encore des choses à découvrir sur cette triste période…

Ce livre est incroyablement bien écrit , les études littéraires de l'auteure sont très présentes aussi bien dans ses références, entre autre à Kafka, que dans le style. Cette autobiographie nous intrigue. Elle est bien rythmée et nous entraine dans son sillage. Un seul défaut : j'aurai apprécié avoir plus de détails sur ses découvertes, participer un peu plus à cette « chasse au trésor » qu'est l'histoire de sa famille.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
De comprendre pourquoi elle a fait de la religion non seulement un tabou mais une interdiction, une fiction.
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Interdite d'enseignement, elle décide en 1942 de tenir son journal.
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Video de Léa Veinstein (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Léa Veinstein
L'histoire à la loupe avec Philippe Collin (Le fantôme de Philippe Pétain, France Inter), Léa Veinstein (La voix des témoins, Mémorial de la Shoah) et Alain Lewkowicz (La rafle du Vel d'Hiv, récits d'un crime français pour La Série Documentaire, France Culture) – animée par Carole Lefrançois
Journée proposée par Télérama et le Festival « Longueur d'ondes »
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