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EAN : 9782213609638
528 pages
Fayard (24/09/2003)
4/5   2 notes
Résumé :
Etude de la transmission du pouvoir et des interrègnes à la cour d'Istanbul. Les successions permettent à l'historien de mieux comprendre la place et l'influence des différents acteurs de l'entourage du sultan (janissaires, grand vizir, femmes, officiers du palais, oulémas).
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cet ouvrage très documenté témoigne de la richesse des sources de l'époque: chroniques ottomanes de style fleuri et hyperbolique, rapports des ambassades étrangères et de leurs espions. Au coeur du processus complexe et vulnérable de la succession du sultan, les auteurs exposent, illustrent et analysent la loi non écrite du fratricide qui persiste jusqu'à la fin du XVIe siècle, où elle sera remplacée par le séniorat au sein de la dynastie. Pour prévenir toute contestation, le nouveau sultan faisait étrangler ses frères et parfois ses fils, parfois même en bas âge, en contradiction manifeste avec les prescriptions du coran. Les auteurs donnent le contexte de ces crimes d'état: le défaut de règle successorale, l'opacité du jeu de ceux "qui ont le pouvoir de lier et de délier" (oulémas, vizirs, militaires, officiers des corps du palais), les conséquences névrotiques de l'enfermement des princes, l'obsession du secret, la défiance vis-à-vis du peuple (l'intronisation avait lieu pendant le prêche du vendredi, quand le peuple était à la mosquée), ou l'agitation des janissaires, qui allait jusqu'au pillage d'Istanbul lors des successions. le miracle est que le sultanat, du moins après l'institution du séniorat, ait survécu plus longtemps que notre monarchie, laquelle était construite à l'opposé sur des règles dynastiques et la publicité de toute la vie des princes.
L'ouvrage est copieux (523 pages), de format académique avec cartes, illustrations, bibliographie, glossaire et index. le titre métaphorique a été probablement imposé par l'éditeur, le sous-titre universitaire décrivant mieux le contenu et le style de l'ouvrage.
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Pendant six siècles, la même famille ottomane a eu le pouvoir absolu sur l'empire du même nom, empire qui s'étendait sur trois continents et sur la mer Méditerranée. Plutôt que d'en faire l'histoire chronologique, les auteurs, spécialistes renommés, étudient la façon dont le pouvoir se transmettait entre le moment de la mort d'un sultan et l'avènement de son héritier. Etrangement, malgré la stabilité dynastique, chaque mort d'un souverain provoquait une grave crise de succession parmi ses fils, ses nombreux fils nés de diverses sultanes du harem. Les auteurs étudient les modalités de ces crises : au début de l'empire, des XIV° au XVII°S, les massacres familiaux entre frères concurrents, puis, à partir de Mehmet III en 1603, l'apaisement du mode de succession qui n'implique plus le meurtre des concurrents malheureux. Malgré l'absence de perspective chronologique, cet essai est absolument passionnant et décrit avec vivacité et exactitude comment le principe dynastique coexiste avec la polygamie.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
A sa mort en 1603, mort prématurée qui ne lui avait pas laissé le loisir de préparer sa succession d'aucune façon (sinon en ayant fait exécuter deux de ses fils), Mehmet III ne laissait que deux garçons mineurs : Ahmed, âgé de treize ans et demi, et Moustafa, qui en avait environ douze, tous deux résidant au Palais. L'aîné fut placé immédiatement sur le trône, ce qui était parfaitement conforme aux usages. La seconde décision prise en cette circonstance, dans des conditions qui ne nous sont d'ailleurs pas précisément connues, l'était en revanche beaucoup moins : ce fut de laisser vivre Moustafa. Ahmed était à un âge où la survie restait incertaine et il n'avait pas encore engendré. La menace d'extinction de la dynastie était ainsi, du fait de la situation laissée par Mehmet III, très réelle, plus qu'en aucun autre temps. (...)
L'épisode était gros d'une autre conséquence durable. Le sort réservé à Moustafa avait mis en évidence le second terme de l'alternative : si les frères n'étaient pas tués, il fallait néanmoins qu'ils fussent neutralisés de manière à ne pas perturber le règne du sultan en exercice. La solution fut de les tenir prisonniers dans un recoin de l'enderoun, la partie "interdite" du Palais, hermétiquement coupés du monde extérieur. (...) Le nom de "cage" (kafes) a fini par s'imposer pour désigner le quartier du harem de Topkapï dans lequel ces princes étaient confinés, condamnés à une vie d'isolement, solitaire et misérable, à laquelle seule la mort, ou, comme nous le verrons, le cas échéant, l'accession au trône étaient susceptibles de mettre un terme.

p. 185-187
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