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Critique de Natiora


C'est ma première incursion dans la littérature serbe et je dois cette découverte à l'opération Masse Critique de Babelio et au partenariat avec les Editions Agullo (que je ne connaissais pas).

Je découvre donc cet auteur, Dragan Velikić, un écrivain serbe connu et reconnu, lauréat de nombreux prix littéraires. Dans le Cahier volé à Vinkovci, il propose un voyage dans l'Istrie, un petit bout de la Croatie qui appartenait autrefois à la Yougoslavie. Car il faut se rappeler que l'éclatement de cet État est un évènement récent. Dragan Velikić est né à Belgrade mais a vécu toute son enfance aux quatre coins de l'Istrie, séjournant dans un hôtel, puis un autre, au gré des déplacements de ses parents.

Sa mère avait l'habitude de noter tous leurs séjours dans un cahier, qui lui fut volé avec tous leurs biens dans le convoi qui transportait leurs affaires d'une ville à une autre. Elle ne s'est jamais remise de cette perte. Ce cahier marque le point de départ du voyage dans le temps que fait l'auteur. Nous irons à Rovinj, Rijeka, Pula… Autant de villes qui m'étaient totalement inconnues et que j'ai aimé parcourir au fil des pages.

Il revient sur son enfance, auprès d'une mère au fort caractère. Elle n'a jamais semblé heureuse, plutôt frustrée de son existence. Elle n'aurait pas épousé le bon mari par exemple. L'affection qu'elle montrait à ses enfants était en retenue, comme s'il fallait avant tout qu'ils comprennent qu'il ne faut pas attendre de cadeaux de la vie. A Pula, où il a le plus longtemps vécu, Dragan se remémore la voisine d'en face, une grecque de Salonique, chez qui il allait souvent et qui lui racontait d'où elle venait. de ce qu'elle avait vécu. C'est un des personnages les plus importants du roman.

Ce flux de souvenirs n'obéit pas à une chronologie claire. On passe de l'enfance à l'âge adulte, lorsque Dragan va rendre visite à sa mère en maison de retraite. Elle perd petit à petit la tête et parle souvent des villes qu'ils ont connue. Mais jamais le lecteur ne se sent perdu

En racontant la géographie et l'histoire de l'Istrie, on se sent riches de connaissances et de rencontres. Moi qui ne connaissais absolument rien de ce territoire, pas même le nom, je sais maintenant qu'il y a eu un brassage culturel énorme, avec des Italiens surtout venus d'en face, de l'autre côté de l'Adriatique, et qui ont longtemps occupé ces terres. le voyage dans le temps est aussi intéressant pour la géopolitique, les conflits, les guerres…

Mais c'est plutôt tout ce qui concerne l'identité culturelle qui m'a marquée. En refermant ce livre, que j'ai lu intensément, passionnément, me sont restées des images, des visages, des tranches de vie, des émotions. Je me sens comme si j'avais moi-même voyagé, et que je ramenais dans mes bagages des souvenirs de rencontres qui m'ont enrichies.

Quant à l'écriture, c'est le summum. Elle est d'une beauté ! Quelle maîtrise de la langue ! Bravo à la traductrice Maria Bekanovska, j'ai pris un tel plaisir à lire ce roman. Une véritable symphonie dont la musique entêtante m'a charmée du début à la fin.

Je suis ravie d'avoir eu l'occasion de lire cet ouvrage qui m'a emballée comme rarement. J'ai pu aller à la rencontre d'un auteur, d'un territoire, d'une littérature inconnue et d'une maison d'éditions. le numérique a le vent en poupe, mais le numérique ne permet pas d'apprécier la qualité d'une reliure, le toucher d'un beau papier, le plaisir de tourner les pages. En plus d'aimer le contenu, j'ai aimé l'objet. Deux très bonnes raisons de suivre la production des Editions Agullo.

Un coup de coeur sur tous les plans.
Lien : https://lejardindenatiora.wo..
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