Citations sur L'amour extrême précédé de Le septième sommet et suivi de Une.. (46)
Où que tu sois, je t’aime
Pour te rejoindre
nul parcours sur la terre,
il y faut l’ascension
de la montagne immense
qui me déchire le cœur.
Là tout est vertical
de l’abîme du sang
aux mille soleils de l’âme,
une épée de lumière
et pas un seul sentier.
Est-ce mon amour
au souffle fragile,
à la fougue patiente
et légère, qui va ouvrir
la septième voie?
Amour sauvage que tu voudrais
libre du chasseur et de la proie,
amour qui inventait l’amour
sans un appui sans une corde,
amour absolu, tout à toi.
Quelque tendresse que j’y mette, et même une fervente douceur, je me heurte sans cesse à ta présence désincarnée, à ta présence qui force les prodiges, déchaîne les images. multiplie les éclats.
Comment croire que tu me guettes, que tu m’escortes, que tu te joues d’un réel qui sans toi serait moins qu’une chimère? Comment céder à ce miracle de toi qui peuples les rues de tournesols, pose un papillon sur mon épaule et fait merveille à contre-mort?
Tu es celle
avec qui je vais
mot à mot enlacés
donner corps à notre chant,
prendre langue et mesurer
la démesure inaltérable
d'une magie mortelle
qui ne peut pas mourir.
Amour et poésie
Tu es la voix
qui répond à ma voix,
sans elle aucun poème
ne peut fasciner l’écho
qui mêle la rumeur des amants
à la poussière des siècles.
Tu es celle
avec qui je vais
mot à mot enlacé
donner corps à notre chant,
prendre langue et mesurer
la démesure inaltérable
d’une magie mortelle
qui ne peut pas mourir.
Tu es pour moi
comtesse de Tripoli
autant que louve de Pennaurier
et je m’en vais pèlerin
par les chemins d’Antioche
ou ménestrel changé en loup
dans les pierres de Provence.
Tu es l’énigme
qui me voit venir de loin
mais se dévoile sans façon :
amour et poésie obligent…
Il n'est pas de fleurs
pas de pierres
pas de ciels
où je ne t'ai cherchée
Il n'est pas d'océans
pas de déserts
pas d'horizons
où je ne t'ai rêvée
Je dirai
Je dirai qui est mon amour
dans le présent ruiné, je dirai
sa beauté et son rire,
sa lumière et sa force,
je dirai comme elle va
toujours au-dessus d’elle-même,
comme elle danse au-delà du dernier pas,
je dirai ce qui ne se dit
qu’aux anges et aux fées,
aux vagabonds et aux amants, je dirai
le midi de nos corps en bataille,
le vertige de nos yeux,
cette évidence dans nos âmes
qui brûlait sans brûler,
qui criait sans crier, qui était de pure merveille et de grâce incarnée,
je dirai ta vie lèvre à lèvre
et tes secrets sur ma bouche,
la bascule de tes cheveux
l’éclat de ta voix soudain qui tutoyait les dieux.
Quand je ne pense pas à toi, je pense à toi. Quand je parle d'autre chose, je parle de toi. Quand je marche au hasard, j'avance vers toi.
Je quitte les livres où tu n'entres pas. Je jette les poèmes qui ne trouvent pas tes lèvres. J'efface les tableaux qui n'attirent pas tes yeux. J'éteins les chansons qui n'éveillent pas ta voix.
Tournesol
Du côté du soleil
de jour et même de nuit,
La tête tournée
et qui tourne et qui tourne
pour voir l'azur
à la renverse
pour être au monde
plus ébloui
pour larguer l'ombre
et les amarres.
Sans rien céder de nous
Tu es venue dans un halètement d’altitude
en suivant le galop de mon cœur.
Tu es venue mot à mot jusqu’à moi
avec dans le sang mon poème.
Tu es venue comme une aile d’azur
toute à son battement de ciel sur ciel.
Tu es venue ouvrir les fenêtres, les portes,
dilapider, enchanter, mettre en feu, foudroyer.
Tu es venue changer l’heure des cadrans,
choisir tes nuits et ton soleil.
Je suis piégé comme un écorché vif.
C'est tout le corps qui s'est mis à crier,
toute cette surface de moi qui n'a plus rien
à recouvrir, plus rien à préserver.
Au-dedans au-dehors la blessure
est sans lèvres, sans repères,
comme la mémoire où je sombre
n'a ni centre ni surplomb.
Qui oserait se plaindre ?
Porter une fois ton manteau
comme une toison d'or
vaut d'y laisser la peau.
(p.151)