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EAN : 9782021472295
128 pages
Seuil (07/01/2021)
3.88/5   4 notes
Résumé :
La dynamique de la société " hyper-industrielle " est-elle compatible avec l'urgence écologique ? Les gains d'efficacité considérables mis en œuvre par la machine industrielle ne suffiront pas à enrayer le désastre écologique qui menace. Pour être désirables, les nouveaux régimes de sobriété doivent s'inscrire dans une réorientation des priorités productives : santé, éducation, alimentation, loisirs, sécurité, mobilité. L'économie ancienne est progressivement englob... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Sortir de l'usage des énergies fossiles est devenu une nécessité absolue, la plupart d'entre nous l'avons bien compris et faisons des efforts à notre niveau. Mais qu'en est-il des États trop souvent impuissants, des grands groupes industriels, des collectivités ? Les changements qui s'imposent peuvent amener certains à une forme de radicalité souvent contre productive et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il nous manque une boussole et une méthode pour mettre en oeuvre la transition.
Pour l'auteur, la solution doit s'appuyer sur la sobriété, la transformation de notre consommation, passant d'une économie de la possession des objets à une économie de l'usage, du partage, du lien, ce que l'auteur appelle une économie humano-centrée..
Pour lui, la cohérence réside davantage à l'échelon d'un petit territoire appelant une dimension collective plus forte que dans l'économie marchande traditionnelle. Les territoires foisonnent d'initiatives et forment un terrain d'expérimentation passionnant. Pourtant, les initiatives individuelles et collectives ne suffiront pas si nous ne sommes pas entraînés par des politiques publiques plus déterminées. Aussi, il propose la mise en place d'une véritable planification, non pas à la chinoise, mais en concertation avec les populations.
Nous avons d'incroyables ressources et il y a tant à faire pour retrouver du sens dans nos échanges marchands et non marchands, pour que l'éducation, la santé ne soient pas considérés comme une charge mais plutôt comme un investissement, pour changer nos villes, notre agriculture et pour que l'air de notre planète reste respirable.
Un petit ouvrage aussi passionnant qu' inquiétant car ma dernière impression est qu'on est bien loin d'être tirés d'affaires tellement le tournant est difficile à négocier !

Challenge Riquiqui 2023.
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J'ai déjà eu le loisir de dire sur ce blog tout le bien que je pensais de l'émission le Nouvel Esprit Public, de Philippe Meyer, diffusée sur Internet. Quel plaisir d'écouter les différents intervants expliquant sans interruption leur point de vue sur le ou les thémes choisis dans le rendez-vous dominical. Elle est agrémentée de temps à autre par des rendez-vous thématiques ; c'est à cette occasion que j'ai pris connaissance de l'ouvrage de Pierre Veltz, L'économie désirable.

Ingénieur des Ponts et Chaussées, sociologue, économiste, polytechnicien spécialiste des dynamiques territoriales, Pierre Veltz est l'auteur en 1996 de Mondialisations, villes et territoires où il mentionne la concentration des activités dans un ensemble de grandes régions urbaines (on ne peut lui donner tort 25 ans après) ainsi que de la société hyper-industrielle, qui reçut le prix du livre d'économie en 2017.

L'économie désirable a pour dessein de tracer des voies pour « sortir du monde thermofossile ». Un des grands mérites de l'auteur est de nous proposer cette synthèse en à peine plus de 120 pages et d'aller au-delà des idées reçues. Dans un premier temps, il nous montre que l'industrie reste au cours de l'économie (c'était déjà le cas dans son précédent ouvrage) ; on est encore loin d'une société de l' »immatériel ».

Pierre Veltz insiste sur les nécessaires gains d'efficacité dans une société gourmande sur les ressources, tout en nuançant sa portée en raison de l'effet rebond (hausse de la consommation quand on améliore le rapport efficacité-ressources d'un produit) et la profondeur technologique croissante des produits.

Produire mieux, cela est bien connu ; mais la question fondamentale que pose Pierre Veltz est bien celle du quoi produire :
Dans ce cadre, il propose et détaille une vision « mobilisatrice et positive » autour de ce qu'il appelle « l'économie humano-centrée » : toutes les dépenses concernant « l'individu, son corps, ses émotions, son intelligence » représentent les secteurs où l'on devrait se spécialiser.

Enfin, Pierre Veltz passe en revue certains thèmes (l'aspect local, la fiscalité verte, la technologie) et apporte un angle de vue très intéressant allant à rebours de certaines idées bien établies :
• Oui, le local est important mais « la question, en réalité, est moins celle de la « relocalisation » d'entreprises avec armes et bagages, et susceptibles de revenir au pays, que celle de la maîtrise des grandes chaînes de valeurs mondialisées ». Sur la production alimentaire notamment, « l'enjeu de la proximité est social et sociologique avant tout. Il est de recréer du lien concret dans un univers devenu abstrait et impersonnel »
• Il nous incite à prendre compte des interdépendances et des fausses bonnes idées. Par exemple, alors que la grande ville est brocardée, il souligne que la densité reste un moyen très efficace d'économiser la ressource et insiste sur l'importance des réseaux de transport collectif
• L'isolation des logements fait partie justement des points qu'il nuance en terme de gain énergétique

Enfin, la dernière partie du livre sur la fiscalité et la finance est également très éclairante. In fine, il nous invite à voir les limites de la régulation par les marchés et pointe finalement le rôle nécessaire de l'Etat et de la planification pour construire cette économie dite désirable.
Livre passionnant, extrêmement riche que je vous conseille vivement

Lien : https://etsionbouquinait.com..
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A peu près tout le monde convient aujourd'hui que, si la modernité, en libérant le ressort de la concurrence, a permis la croissance des niveaux de vie parallèlement à celle, plus grande encore, de la population, cette croissance n'est plus soutenable, compte-tenu tant des pollutions qui en résultent que de l'épuisement proche de certaines ressources minérales. Pour reprendre le titre du livre, l'humanité doit donc jeter les bases d'une "économie désirable" et "sortir du monde-thermo-fossile". Pour Pierre Veltz, "la question en suspens est celle de la vision d'ensemble. Cette vision doit être réaliste (...) mais elle doit aussi être mobilisatrice et positive." Il appelle de ses voeux une "économie humano-centrée (...) à la fois plus riche en valeurs positives pour les personnes, plus coopérative et plus écologique, plus économe en ressources matérielles et énergétiques".
Malheureusement, au fil du livre, on constate, sans surprise, qu'un tel objectif n'est pas simple à atteindre. de nombreux problèmes sont évoqués en reprenant des aspirations actuellement ressassées car politiquement porteuses (vie à la campagne, re-localisation, re-territorialisation, fiscalité écologique, rôle de l'Etat, etc...). Mais la traduction concrète de ces voeux apparaît lointaine. L'auteur a d'ailleurs le mérite de faire observer que certains sont contradictoires les uns avec les autres.
J'avais été très intéressé par deux précédents ouvrages de Pierre Veltz. J'ai été déçu par "L'économie désirable". Certes, bon nombre de problèmes actuels y sont bien posés mais j'ai trouvé Pierre Veltz trop vague sur la sorte de plate-forme sociale et politique dont il veut jeter les bases. En outre, il m'a donné l'impression de peu tenir compte des contraintes géopolitiques : la France n'est pas seule au monde (titre d'un excellent livre de Jean Sérisé).
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La question qui vient naturellement à l'esprit est la suivante : ses avancées technologiques sont-elles vraiment proportionnées à l'augmentation des services rendus , à l'amélioration effective de notre qualité de vie ? Bien sûr, on ne sait pas mesurer cette dernière. Mais chacun ressent intuitivement qu'elle n'a pas augmenté au rythme de l'énorme croissance de dépenses et énergétique et matériel. Avec nos 600 esclaves, vivons-nous 6 fois mieux qu'à l'époque où nous en avions que 100 ? Dès la fin des années 1950, Bertrand De Jouvenel, un des pionniers oubliés de la pensée écologique, en faisait la remarque : n'importe quelle mesure du progrès dans le niveau de vie de l'individu, donne un coefficient de progrès incomparablement plus faible que le progrès dans la quantité d'énergie dépensé par habitant. Il avait perçu l'essentiel, parce qu'il avait l'oeil fixé sur la demande et la qualité de vie, et pas seulement, comme la majorité des économistes d'hier et d'aujourd'hui, sur la productivité de l'offre.
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(…) il est crucial de retrouver une perspective positive, de construire un récit d'une économie désirable. En dehors de la vision profondément anxiogène du désastre écologique, vision renforcée par la pandémie, le seul récit positif dont nous disposons aujourd'hui, est celui de la révolution numérique. Or, il faut bien reconnaître que la digitalisation du monde et plus généralement les progrès des sciences et technologies, dont les promesses restent excitantes pour beaucoup d'entre-nous, ont échoué à dessiner une perspective mobilisatrice largement partagée.
(…) Quel peut être le récit positif, dès lors ? On touche ici à un angle mort de la pensée écologiste, dominée par la question du « comment produire ? » (de manière plus sobre, avec moins de ressources, en polluant moins) plutôt que par la question du « quoi produire ? » (quels secteurs faut il développer ? Quelles activités ? Quels types d'emplois ? Etc.)
P10
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« … ciment, acier, papier, aluminium, plastique. Ces cinq matériaux à eux seuls sont responsables de 55% des émissions de CO2 de l’industrie. Leur demande a quintuplé depuis 1960 et elle est toujours en forte croissance. Certains chiffres sont à peine croyables : pour ses villes et ses infrastructures, la Chine a utilisé en trois ans (2011-2013) près d’une fois et demie plus de ciment que les Etats-Unis durant tout le XXe siècle. (…) Le numérique, ce sont des cables sous-marins, posés en continu par de gigantesques bateaux. Ce sont des satellites-relais et, maintenant, des constellations de micro-satellites pour absorber la croissance explosive du streaming. Ce sont de gigantesques fermes de serveurs, pour abriter le cloud (…) »
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Bien sûr, réduire les passoires thermiques est une politique indispensable. Mais, outre le fait que la rénovation des enveloppes est particulièrement sensible à l’effet rebond (on monte le thermostat et tout le gain est perdu), cette obsession des enveloppes du bâtiment laisse de côté d’autres enjeux, de magnitude équivalente : le carbone gris des matériaux de construction, les équipements électriques et électroniques du logement, le mode de production de la chaleur et du froid. Elle oublie surtout que la localisation est le premier facteur d’émissions. Une bouteille thermos dans un lotissement inaccessible est moins écologique qu’un logement à peu près isolé mais relié aux transports publics.
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Les cœurs de ville représentent 2% des émissions, les échanges internes aux couronnes urbaines 73% et les échanges entre cœur et couronne 25%. Oublions donc les coeurs urbains, leurs voies sur berges et leurs pistes cyclables. Les médias ne parlent que de cela, mais les enjeux sont ailleurs. Le problème est celui des nappes suburbaines, proches ou lointaines, et des zones rurales peu denses. Les choses seraient très différentes si l’on avait su concentrer la croissance le long d’axes de transports collectifs.
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Videos de Pierre Veltz (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Veltz
Lundi 1er février, de nouvelles projections climatiques ont été publiées par Météo France, alors que le projet de loi issu de la Convention citoyenne climat suscite en ce moment de nombreuses controverses. Si les scénarios étudiés sont alarmants, il est encore possible d'agir précise le rapport.
A quoi ressemblera le climat de la France ces prochaines années ? le projet de loi "Climat et résilience" est-il à la hauteur des enjeux ? Comment adapter notre économie aux enjeux environnementaux ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Samuel Morin, directeur du centre national de recherches météorologiques (principal laboratoire commun entre Météo France et le CNRS), chercheur à Météo France, spécialiste de l'environnement de montagne, Pierre Veltz, économiste, ingénieur et sociologue, auteur de “L'Économie désirable Sortir du monde thermo-fossile” (Seuil, 2020) et Camille Etienne, activiste pour la justice climatique et porte-parole du mouvement “On est prêt”.
L'invité des Matins de France Culture. Comprendre le monde c'est déjà le transformer(07h40 - 08h00 - 3 Février 2021) Retrouvez tous les invités de Guillaume Erner sur www.franceculture.fr
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