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Critique de Floyd2408


Rien reste un mot usuel souvent utilisé après un remerciement, de rien, ces quatre lettres forment une absence, une légèreté éphémère, un nihilisme, Rien est le titre du roman du Psychiatre lyonnais Emmanuel Venet. Rien n'est qu'une parenthèse légère, une virgule, une histoire de souvenir, une vie banale de petits gens, ceux partis dans l'oubli, comme ceux de Vies minuscules de Pierre Michon.
Ce Rien d'Emmanuel Venet contorsionne habillement l'enchevêtrement de deux histoires aux destins différents. Les pauvres gens tintent comme un larsen la misère des vies rencontrées dans le récit de la vie de ce violoniste, pianiste et compositeur d'opéras perdu dans l'oubli des âmes. La petitesse de cette vie ressuscitée par le narrateur devient le reflet intérieur de l'échec artistique de ces deux alter égo, intime par intérim, celui de ce musicologue ressuscitant l'un par une thèse et un ouvrage. le fantôme de ce piètre musicien révèle la vie terne de cet homme, pensif de son passé à côté de sa femme.
Dans un hôtel de Nice Jean Germain Gaucher spectre d'une nuit avec son amante Marthe Lambert invite notre musicologue à côté de sa femme Agnès dans ce même hôtel au souvenir de ce musicien médiocre pour méditer sur sa condition et celui de son couple.
Le roman commence par ces mots "À quoi penses-tu?" …Question d'Agnès après l'amour dans cette chambre 214 du Negresco laisse songeur son mari s'évaporant dans le veloute de ses pensées, celle de jean Germain Gaucher, prisonnier de sa vie conjugale au détriment de ses rêves de gloire de compositeur. Emmanuelle Venet se laisse inspirer par les sans grades, la banalité de ces êtres, ces rêveurs de gloire s'enlisant dans cette vie maritale pour ce plaidoyer de célibataire…
Ce roman coule lentement la vie de ce violoniste, compositeur de fortune dans un établissement Parisien de seconde zone pour touriste, un cabaret de Pigalle avant la grande guerre, qu'il use sa vie d'étudiant préférant les gammes et les belles poitrines des danseuses qu'aux bancs de son université de droit au grand d'âme de son père. Puis sa lâcheté poursuivra sa chute vers l'oublie comme celui du narrateur frustré de sa carrière pour une vie amoureuse en demie teinte, cherchant un deuxième souffle dans cet hôtel comme cet espoir d'hommage d'avoir voulu choisir celui jadis par ce violoniste déchu….
Une question se pose sur le suicide ou accident de Jean Germain Gaucher avec son piano demi-queue Pleyel, écrasé dans une cage d'escalier, le 10 novembre 1924, comme une enquête psychologique ne cherchant pas à savoir mais comprendre, un jeu de piste dans les méandres de l'esprit. Considérant cette vie comme « une sorte de lent suicide métaphorique » Emmanuel Venet sonde dans ces deux vies l'inaptitude d'associer le talent à la vie conjugale comme deux oxymores.
Lorsque le narrateur allongé près de sa femme, en proie à une évaporation de sa vie, la senteur de deux corps chauds aux effluves de concupiscentes présentes, retrace la vie de Jean Paul Gaucher comme au spectre de sa propre existence, celle d'un couple au secrets de complaisances, des non-dits, des adultères de liberté pour cimenter un mariage sociétale, une trajectoire linéaire consensuelle dictée par la force d'un monde de consommation, sa rêverie s'enlise dans des déboires intimes et incertains pour une réponse sans prétention, comme une évidence comme la réponse à sa femme qui clôt le roman par « A rien »
Une belle écriture pour une histoire artistique passionnelle en suspension cristallisant le choix et la vie conjugale comme un frein à la création, un petit écrit anti mariage….
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