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EAN : 9782268073088
276 pages
Les Editions du Rocher (17/11/2011)
4.36/5   14 notes
Résumé :
De ce livre, on sort changé. Il est né des interrogations d'un historien témoin de son temps. Il répond dans un esprit neuf aux questions que se pose notre époque. Qu'est-ce qu'un Français ? Ques-ce qu'un Européen ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?
Pour Dominique Venner, l'Europe n'est pas née du traité de Maastricht. Elle est issue d'une communauté de culture qui remonte à la plus lointaine préhistoire. Elle se définit comme le souvenir d'une civilisation... >Voir plus
Que lire après Histoire et traditions des Européens : 30 000 ans d'identitéVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dominique Venner, historien, directeur de la Nouvelle Revue d'Histoire, fut l'auteur de nombreux ouvrages. Connu du grand public après s'être donné la mort au coeur de la cathédrale Notre-Dame de Paris en 2013, il nous a livré ici un plaidoyer en faveur de l'identité des Européens. Pas question ici de glorifier l'Europe de l'Union Européenne, mais une Europe des peuples et des nations. Par les temps qui courent, il est en effet primordial de rappeler ce que sont les Européens, d'où ils viennent et ce qui doit les unir. C'est pour faire face au délitement des identités et des nations ainsi qu'à l'inversion des valeurs traditionnelles que Dominique Venner a écrit ce livre. Ce n'est pas un livre d'histoire à proprement parler, son intention « est de favoriser la libre réflexion du lecteur à travers un foisonnement créateur ». En opposition au nihilisme, l'auteur propose l'enracinement.

L'Europe a été marquée par les indo-européens dont l'organisation trifonctionnelle va se répandre largement (fonction sacrée, militaire et productive) : l'auteur fait le parallèle avec les dieux du panthéon Européen qui sont souvent organisés de la même manière, afin d'instaurer une harmonie nécessaire mais on la retrouve aussi dans l'organisation des institutions. Outre l'organisation tripartite, la langue indo-européenne est à l'origine des langues européennes. Elle sera reprise dans toutes les cultures européennes. Le regard tourné vers le nord, comme les Grecs, ils ont cherché une origine septentrionale : c'est le mythe de l'Hyperborée, « le pays des Dieux ». Venner reprend le terme « Boréens » tout au long de son ouvrage pour indiquer une différence avec l'indo-européeanité, afin de ne pas amalgamer ethnie et langue.

Pour l'historien, l'oeuvre fondatrice, à qui l'on doit tout n'est autre que l'Iliade et l'Odysée d'Homère, poème épique qui insufflera les valeurs européennes, ces textes « sont l'expression grecque de tout l'héritage constitutif du noyau européen ». Les exploits d'Ulysse ou d'Hector incarnaient un héroïsme tragique devant le Destin. L'oeuvre d'Homère a d'ailleurs été à l'origine de nombreux débats en philosophie, discipline profondément européenne elle aussi (reprise par Héraclite, les néo-platoniciens, etc…). L'apport de la culture grecque ne s'arrête pas là : L'Histoire est aussi une invention européenne avec Hérodote, « Père de l'histoire ».

Sans avoir de notion d'appartenance à un ensemble européen, l'identité s'est créée face à l'ennemi extérieur, c'est le cas des Hellènes contre les Perses notamment. Malgré les tensions qui peuvent subsister entre les cités voisines, les Grecs se réclament du « même sang ». La virtù et la dignitas, déjà présentes dans l'oeuvre d'Homère sont des éléments essentiels de l'héritage romain. La rigueur du stoïcisme d'Epictète dont Marc Aurèle est l'un des plus grands représentants le sera aussi.

Puis vient le Moyen Age, qui malgré la nouvelle religion, le christianisme, garde ses racines profondes. La langue, le latin, est empruntée aux Romains et les contes populaires celtiques ne cessent pas. Le christianisme, sans être d'origine européenne, s'inscrit dans la continuité. Les châteaux forts et les cathédrales marqueront tout l'Occident. Ainsi l'imaginaire arthurien, le Roman du Graal, Perceval, seront des éléments indissociables des mentalités européennes (symbolique de l'épée, quête de la sagesse, etc..). C'est aussi le temps de la noblesse d'âme de la chevalerie et de la fascination du combat dans les tournois.

Et le rôle de la femme dans tout ça ? Venner insiste sur les différences fondamentales qui existent entre les hommes et les femmes (fonction émettrice / réceptrice). Ces différences sont à la fois physiques, biologiques, mentales. Aucune misogynie ici : les hommes et les femmes sont complémentaires. Contrairement à la nouvelle vague féministe qui souhaite faire des femmes des hommes, l'auteur revient sur le rôle spécifique de la femme en Europe et l'imaginaire de l'amour courtois au XIIe siècle.

Enfin Dominique Venner revient sur des notions historiographiques. Il réfute la vision linéaire de l'histoire et y voit une histoire cyclique (à l'image du Ragnarök). La notion de décadence est analysée : l'Europe d'aujourd'hui est souvent comparée avec la chute de Rome. Pour l'auteur son manque d'homogénéité ethnique en est l'un des facteurs.

Quelques points sont discutables, notamment sa datation. L'auteur nous donne une date, une borne : « 30 000 ans d'identité ». Il remonte ainsi à la préhistoire où les Hommes nous ont fourni nos premières oeuvres d'art : les gravures et peintures rupestres « spécifiques à l'Europe et à elle seule ». Sur ce point, je reste sceptique, il existe des oeuvres rupestres partout à travers le monde, par exemple en Indonésie (vieilles de 40 000 ans et les représentations animales sont déjà présentes), il est donc difficile d'y voir une préfiguration de l'identité européenne. De même, il défend l'idée du recours à l'uchronie (même s'il n'en fait pas usage dans ce livre) afin d'élargir le champ des possibles, mais quel en est l'impact sur le réel ? Les différents sujets sont parfois expédiés rapidement, mais l'auteur donne des clefs de compréhension et les références à d'autres ouvrages sont nombreuses.

Malgré ces quelques points, il n'en demeure pas moins que c'est un livre d'utilité publique. Les sujets sont tellement nombreux qu'il serait trop long de tous les évoquer (un chapitre est consacré au nihilisme et au saccage de la nature). Forcément, les tenants de la pensée occidentale actuelle, incarnant la négation des identités (sauf celles des autres !), seront choqués d'un tel ouvrage. Il est pourtant inutile de s'insurger, pour Dominique Venner : « Chaque peuple porte une tradition, un royaume intérieur, un murmure des temps anciens et du futur ». Ce livre est toutefois indispensable à quiconque souhaite sortir des sentiers battus et percer le voile de la propagande insufflée quotidiennement. Car si les Européens sont riches dans leur diversité, ils sont les dépositaires d'une « même histoire et d'un même héritage spirituel ». Un ouvrage qui permet de retrouver ses racines, non pas pour s'y terrer, mais pour permettre à l'Homme européen de s'élever en ayant conscience de sa nature profonde et de son identité millénaire.

Ps : étant nouveau sur Babelio et ne connaissant pas la politique du site, j'espère que ma critique ne sera pas censurée. J'imagine qu'un livre sur les traditions des peuples africains ne poserait pas de problème.
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selon Venner, les caractéristiques de l'esprit européen sont avant tout une certaine idée de l'amour, la volonté et une quête de la sagesse, un sens tragique de la destinée et un héroïsme du désespoir, une exultation du héros intrépide, brusquement terrassé par le destin ( c'est une constante : Napoléon, Roland, Vercingétorix adopté tardivement comme « premier héros national français ») et enfin une recherche d'harmonie entre le clan, la cité et la libre individualité.

Le lecteur doit être prévenu : l'auteur est connu pour ses réflexions critiques envers le christianisme, et ce livre ne fait pas exception. Dominique Venner y développe une critique acerbe de cette religion, jugée extérieure à l'esprit européen et créatrice d'une certaine schizophrénie chez l'européen. Cependant, il fait en parallèle l'éloge de la spiritualité chrétienne face au nihilisme contemporain (page 200) par rapport à la question du rapport à la sexualité.

Livres à lire pour aller plus loin : l'art du roman de Milan Kundera, Politique d'Aristote, Ethique à Nicomaque d'Aristote, les oeuvres de Chrestien de Troyes, le roman de la Rose de Guillaume de Lorris, l'Héptaméron de Marguerite de Navarre, Mémoires de Mme de la Guette, le communisme de marché de Flora Montcorbier, Bernard de Clairvaux, Saint François d'Assise, Dit de Franc Gontier de Philippe de Vitry, Ovide, Virgile, l'âge d'or de la forêt de Sophie Cassagne-Brouquet et Vincent Chamberlhac, le temps des cathédrales de Georges Duby
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Résistance médiévale des divinités sylvestres
À la façon de tout bouleversement spirituel, celui que décrit le théologien
catholique fut lent à produire des effets. Au-delà du XIe siècle de
notre ère, l'animal se trouve encore fréquemment représenté dans la
statuaire religieuse. L'art roman puis l'art gothique lui accordent une
place nullement négligeable. Il est souvent transposé en animal fabuleux
par l'imaginaire celtique renaissant au Moyen Âge. Les légendes celtes
montrent en effet que ne s'était pas perdue la faculté de communiquer
avec l'animalité sacrée. Comme dans la mythologie grecque, les dieux
celtes de la chasse protégeaient les animaux tout en favorisant les chasseurs.
La littérature du Moyen Âge, chansons de geste ou romans du
cycle breton, toute débordante de spiritualité celtique, brode invariablement
sur le thème de la forêt, univers périlleux, refuge des esprits et
des fées, mais également source de purification pour l'âme tourmentée
du chevalier, qu'il s'appelle Lancelot, Perceval ou Yvain. En poursuivant
un cerf ou un sanglier, le noble chasseur s'approprie son esprit. En mangeant
le coeur du gibier, il s'approprie sa force même. Dans le Lai de
Tyolet, en tuant le chevreuil, le héros devient capable de comprendre
l'esprit de la nature sauvage dont il s'est pénétré.
Les efforts n'avaient pourtant pas manqué pour diaboliser et détruire
les grandes forces émotionnelles de l'ancienne tradition. Dès le Haut
Moyen Âge, l'un des soucis de l'épiscopat avait été de combattre les
pratiques païennes attachées aux arbres et aux sources. Écrivant son Historia Francorum à la fin du VIe siècle, Grégoire de Tours tonnait
contre le peuple franc qu'on «a toujours vu s'adonner à des cultes
fanatiques ; il ne connaît pas Dieu ; il se fabrique des images des forêts,
des oiseaux, des bêtes sauvages et des autres éléments ; il leur rend un
culte ; il leur offre des sacrifices comme s'ils étaient des dieux ». C'est
aux arbres sacrés que l'on en voulait tout spécialement, à l'exemple de
saint Martin, l'évangélisateur de la Gaule. Mais parfois l'Église choisissait
de composer, appliquant les instructions données en 596 par
Grégoire le Grand à Augustin de Canterbury, envoyé pour évangéliser
l'île de Bretagne : «Tant que la nation verra subsister ses anciens lieux
de prière, elle sera plus disposée à s'y rendre, par un penchant d'habitude,
pour adorer le vrai Dieu. » On annexa donc les lieux de culte et
l'on christianisa les dieux familiers, transformés en saints locaux.
En dépit de ses efforts et de son inflexibilité, principalement en Saxe,
en Scandinavie, dans les Pays baltes, l'Église peinait à déraciner les
croyances associées aux arbres et aux forêts. Au XIIIe siècle, pour désigner
les esprits de la sylve, Gervais de Tilbury employait le terme de
sylvains. Mot qui renvoie bien entendu à sylva, mais aussi à Sylvanus,
divinité gallo-romaine, maître de la forêt, équivalent du dieu Pan.
Sylvanus disposait d'un temple à Rome sur l'Aventin, bien que ses
séjours fussent surtout forestiers. Les sylvains étaient aussi les
« Hommes Verts » des sculptures romanes et gothiques. Ils désignaient
les esprits rebelles que l'Église n'avait pu intégrer ou dévaloriser.
Trois sortes de sylvains se montraient particulièrement résistants, les
elfes, les nymphes et les fées. L'elfe était issu de la mythologie germanique
et celtique. Directement associé aux arbres, il fut peu à peu investi
d'une signification bénéfique. Absent des romans courtois, il apparut en
France vers le Xve siècle, fin de la période médiévale. Il connut ultérieurement
une immense fortune poétique à l'époque romantique.

pp 231-232
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En dépit des croisades, la méfiance réciproque ne connut qu'une trêve relative. La querelle des guelfes et des gibelins prit naissance dès cette époque. La fracture s'accentua au temps de la Renaissance. Dans les villes d'Italie d'abord, puis de Germanie, de France et d'ailleurs, surgirent d'arrogantes statues équestres jusque sur le parvis des églises. Elles proclamaient le retour du héros et son éternité. Ce que firent aussi les toiles du Greco, de Vélasquez, du Titien ou la très subversive estampe de Dürer, où l'on voit le Chevalier marcher vers son destin, indifférent à la fois à la Mort et au Diable. En Allemagne d'abord et dans bien d'autres pays, le succès foudroyant de la Réforme tint pour une large part au soutien de la noblesse hostile à Rome et fidèle aux valeurs de la féodalité. À partir du XVIIIe siècle, siècle du divorce de l'épée et de la foi, les ruptures que provoquèrent les grandes crises européennes étaient également contenues dans les héritages contradictoires de l'Europe.
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La chevalerie n'est pas la noblesse, même si elle en permet l'accès par la voie des armes. La noblesse a une fonction politique liée en partie à la naissance et à un enracinement territorial. À la différence de la noblesse, la chevalerie n'est pas héréditaire. C'est un ordre auquel on accède par cooptation. Dès l'origine, au XIe siècle, surtout dans le Nord, on y trouve des fils de la plus haute aristocratie d'origine carolingienne, mais également des hommes d'armes issus parfois de la paysannerie. Au XIIe siècle, la chevalerie est devenue une communauté éthique qui est bien autre chose qu'un groupe professionnel. Son prestige se mesure au fait qu'à partir du futur Louis VI, armé en 1097, à l'insu de son père, tous les rois de France tiendront à se faire armer chevalier, ce que fera encore François Ier, au soir de Marignan, par la main de Bayard.
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Notre monde ne sera pas sauvé par des savants aveugles ou des érudits blasés. Il sera sauvé par des poètes et des combattants, par ceux qui auront forgé l' épée magique dont parlait Ernst Jünger, l'épée spirituelle qui fait pâlir les monstres et les tyrans. Notre monde sera sauvé par les veilleurs postés aux frontières du royaume et du temps.
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La logique purement matérialiste de la parité a triomphé le jour où l'armée américaine a expérimenté pour son personnel féminin un bizarre instrument permettant aux soldates d'uriner debout à la façon des hommes. Greffer un pénis masculin sur une anatomie féminine, cela résume l'ambition et l'impasse du féminisme. Son horizon n'est pas le féminin, mais le masculin. Son but ultime est de faire de la femme une copie du mâle, en adoptant le style et les valeurs masculines, donc en niant les valeurs de la féminité.
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Vidéo de Dominique Venner
A l’occasion du 10ème anniversaire de la disparition de l’historien et écrivain Dominique Venner, c'était le 21 mai 2013, TVL vous propose de (re)découvrir un document exceptionnel qui retrace le parcours de cet intellectuel hors du commun et qui nous plonge dans une œuvre qui a considérablement marqué, et marque encore, des générations de militants. L’ensemble des douze émissions tournées en février 2013, et qui composaient ce portrait passionnant, ont été regroupées en un seul programme. Cela permet de prendre toute la mesure de la pensée de cette figure qui demeure une source d’inspiration dans le combat et qui ne cessait de mettre en garde ses contemporains devant les périls immenses touchant notre patrie française et européenne. Les intervenants au cours de cet entretien avec Dominique Venner sont Philippe Milliau (président de TVL), Jean-Yves Le Gallou (président de l’Institut Polémia) et le professeur Philippe Conrad.
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