Je connaissais
Yann Venner en tant qu'écrivain de polars situés dans sa chère Bretagne, mais pas en tant que nouvelliste. Et si j'aimais déjà les trois romans aux titres évocateurs (Cocktail cruel ;
Les coccinelles du diable ;
Les chevaliers de la dune), je dois bien avouer que je le préfère largement dans des textes courts faisant la part belle aux références. J'y ai retrouvé du Tardieu par le jeu sur les mots, du
Maupassant, du
Marcel Aymé et bien d'autres encore... J'ai joué à les reconnaître. Tenez, ce passage, tiré de "Rêve de chien" ne vous dit-il pas quelque chose ?
"Ce matin-là, à l'heure où l'épeire des champs tisse sa fine toile, l'ouvrier Marcel Kébir ouvrit ses volets sur un monde en déliquescence. Il pleuvait encore sur Brest (...)" (P39).
Non ? Eh bien moi, ça me rappelle Hugo ("à l'heure où blanchit la campagne"), Barbara ("il pleut sur Nantes") et l'attaque de Mers El-Kébir. Non pas que l'histoire en parle - il s'agit là d'un homme qui se pense trompé et qui décide de tuer sa femme -, mais on voit bien que
Yann Venner s'amuse avec le langage. On le remarque déjà avec le titre, me direz-vous.
Ah, il y a aussi d'autres indices qui font que l'on reconnaît "la patte" de l'écrivain : le côté breton tout d'abord et le côté polar ensuite.
Bref, j'ai pris autant de plaisir à lire ces nouvelles qu'à lire du
Queneau ou du Tardieu. Et croyez-moi, lorsque je cite ces deux références, c'est que la lecture me fut vraiment agréable !
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