J'avais fait paraître cette critique le 06 février 2012 mais je la modifie pour mettre en lien la critique du spectacle.
Le texte :
Cinquième pièce de
Katia Verba, dramaturge insufflant une bouffée d'air frais dans le monde du vaudeville,
Fatalement Vôtre ne ressemble en rien aux autres. Pourquoi me direz-vous ? le vaudeville est là, le huis-clos également... Certes, mais le changement se produit au niveau du style.
Katia Verba s'est libérée du « carcan » de ses références culturelles (je n'aime pas ce mot « carcan », péjoratif pour faire référence à de la culture, mais vous comprenez ce que je veux dire). le lecteur peut ainsi connaître son véritable trait de plume. Sans retenue, elle lâche enfin sa bride pour faire évoluer ses personnages qui n'en prennent que plus d'ampleur et de profondeur. Oserais-je dire qu'ils lui échappent presque pour prendre vie sans qu'elle n'en tire les ficelles ? C'est bien l'impression qu'ils donnent en tous les cas et n'est-ce pas là la marque des grands auteurs ?
Bref, vous l'avez compris, voici encore une excellente pièce qui mérite d'être jouée au plus vite sur scène.
Mon dernier mot ? Courez l'acheter !
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Le spectacle :
Délibérément, je n'ai pas relu le texte que j'avais chroniqué en février 2012 en me rendant à la dernière séance du vaudeville de
Katia Verba,
Fatalement vôtre, hier, samedi 15 mars 2014. Et bien m'en a pris car j'ai eu cette divine sensation de découvrir pour la première fois l'histoire !
Alzheimer ? Non, bien évidemment ! Mais on ne m'ôtera pas de l'idée qu'une pièce jouée donne une autre ampleur au texte, aussi brillant soit-il sur le papier. Et en parlant de brillance, le mot est faible concernant le jeu des acteurs. Qui pourrait imaginer que la plupart sont des amateurs ? Ils ont porté, avec talent, la pièce. Thomas Alemano, qui jouait le rôle principal, celui d'Edouard Delaroche, a été d'un naturel sans nom. Il a fluidifié l'histoire qui coulait de source, sans en rajouter. Excellent, il fut excellent ! Tout y était : les attitudes, les mimiques... Il incarnait vraiment son personnage. Sa femme, jouée par Lydie Rigaud (qui n'en est pas à son premier rôle), était pétillante, ce qui a provoqué une belle surprise finale. Jérome Citras et Florence Pasquier, tenant respectivement les rôles de Luc Silvère et de sa pseudo épouse, ne s'en sont pas moins bien tiré. Quant à Anne-Marie Laquièze, jouant la bonne, Jacotte, elle fut également très naturelle et apporta un certain dynamisme.
Le décor était bien choisi. Il respectait à merveille le huis-clos qu'avait voulu son auteur pour faire évoluer ses personnages. L'humour fut mis en avant et j'ai pleuré trois fois de rire, c'est pour dire ! La musique, de Guiseppe Adamo, cadrait parfaitement avec l'ambiance. La direction d'acteurs, assurée par Benjamin Castaneda, qui avait déjà oeuvré pour l'excellente pièce
Manoir sous haute tension sur l'île de Man, a porté ses fruits.
Katia Verba a relevé le défi de faire rire son public tout en lui proposant quelque chose qui, au final, se révèle être dramatique. La chute, véritable surprise pour le spectateur, explique le titre. du grand art ! Un grand, très grand bravo !