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EAN : SIE91177_6858
Albin Michel (30/11/-1)
3.38/5   13 notes
Résumé :
Partie joyeuse du Havre, Claude de Sévignac réprime mal une certaine inquiétude en arrivant aux Etats-Unis.

Pendant toute la traversée, elle a vainement attendu de son mari une réponse au télégramme annonçant sa visite imprévue.

A-t-elle eu tort d'accepter sans le consulter le voyage gratuit qu'on lui offrait pour le rejoindre à Norfolk où il est détaché par la Marine depuis deux ans ?

Elle a beau se dire que non, son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Tout au long de la lecture de ce vieux livre, j'ai aimé imaginer Roger Vercel accoudé, la clope au bec, à la lisse du "Louisiane", flânant pont-arrière, observant sur le sun-deck et tentant d'y reconstituer le fil d'un récit arraché à de subreptices conversations.
C'est que ce roman est d'abord un récit de voyage.
Il s'attarde, dans sa première partie, aux langueurs d'une traversée somme toute assez banale.
Roger Vercel n'y décrit d'ailleurs pas beaucoup l'océan, ni les détails du paquebot.
En véritable homme de mer, il semble avoir un peu oublié le décor de son roman, et s'est attaché plutôt à installer une ambiance, à présenter ses personnages.
Une femme, Claude de Sévignac, s'est embarquée, à bord du paquebot "Louisiane" de la Cie "Transocéane", à destination de New-York.
Elle va y rejoindre son mari qui est parvenu au terme d'une mission de deux ans à Norfolk.
L'amour est donc de la partie.
Mais cet amour ne survivra peut-être pas à ce voyage.
Et, le bonheur de Claude, ne passant pas l'été indien, risque d'y être projeté dans le plus glacé des automnes ...
La seconde partie du roman est une longue flânerie à travers New-York que Claude découvre aux bras d'Evelyne Bertier, une amie d'enfance, rencontrée au collège de Vannes bien des années plus tôt.
New-York et ses gratte-ciel qui semblent écraser même les clochers des églises, New-York et son quartier italien, Chinatown, Greenwich village qui n'est qu'un faux Montmartre ...
Roger Vercel s'est attaché ici à prendre le pouls de la ville qui ne dort jamais.
Puis, au retour, la troisième et dernière partie est le récit dramatique d'un sauvetage en mer, celui du "Saseno", un cargo italien désemparé et broyé par la tempête "Harzel".
Mais une fois de plus, l'extraordinaire et le tragique ne constituent pas la grande affaire du roman de Vercel.
Comme souvent, Roger Vercel y privilégie les personnages aux décors qui pour autant n'en sont pas négligés.
Ce livre est celui du spleen et du désenchantement d'une femme.
Il y a là, deux portraits magnifiques de femme.
Car ce sont les états d'âme, les émotions et les sentiments de Claude et d'Evelyne qui font toute la puissance de ce récit.
La plume de Vercel y déploie finesse et sensibilité.
Ce roman est lent, poignant et assez contemplatif.
Vercel y fait la preuve, une fois de plus, que d'être un des grands de la littérature maritime n'empêche en rien de savoir saisir toutes les ombres de l'âme humaine ...


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Lorsque Claude de Sévignac gagne une croisière transatlantique et saisit l'occasion pour aller chercher son mari, affecté à Norfolk, où elle n'a pu le rejoindre, elle est loin de s'imaginer que rien ne se passera comme elle l'imaginait. Après deux ans de séparation, elle pense avec joie à leurs retrouvailles et est loin de se douter de l'accueil glacial que lui réserve Paul. La jeune femme mettait le ton inhabituel de ses dernières lettres sur le compte du surmenage. Il ne s'agit pas de cela et l'homme le lui apprendra de lui-même, quand il viendra la voir à New York : il a une maîtresse et a demandé à prolongé sa mission aux Etats-Unis.
Claude devra reprendre le bateau seule, laissant l'infidèle derrière elle. Alors que la tempête fait rage en mer, elle songe au meilleur parti à prendre en ce qui concerne la séparation et les enfants.

Le sujet de ce roman peut paraître niais ; il n'en est rien. Roger Vercel traite avec une grande profondeur les thèmes de l'éloignement, de la fidélité et de l'engagement. L'auteur fait preuve d'une excellente capacité à faire passer des émotions. Je me réfère particulièrement à la scène qui suit le coup de téléphone de Paul à son épouse, où l'angoisse de l'héroïne est plus que palpable. le personnage de Claude est complexe, de même que celui de son amie Eveline, retrouvée à New York après des années. Paul, en revanche, présente une personnalité rigide plus stéréotypée. Il m'est avis que la lettre que Claude lui écrit, dans le bateau du retour, est remarquable et qu'elle a bien tort de la déchirer dans les dernières lignes du roman, nous laissant le loisir d'imaginer ce qu'il adviendra de ce couple.
Par ailleurs, ce roman est également une grande déclaration d'amour à la mer, dont l'auteur était féru. Les descriptions de la vie des marins et du fonctionnement des bateaux sont d'une qualité certaine. Roger Vercel connaissait sans aucun doute son sujet sur le bout des doigts.
En somme, je vous conseille la lecture de ce roman tombé entre mes mains par hasard lors du déménagement de ma grand-mère.

Challenge ABC 2019/2020
Challenge XXème siècle 2019
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Voici un roman de mer peu ordinaire, puisqu'il présente trois parties dont la seconde n'a aucun rapport avec elle. Narrant l'histoire d'une épouse de marin militaire qui part en transatlantique rejoindre son mari aux états unis, nous vivons la traversée, puis suivons ensuite la dame dans ses pérégrinations new-yorkaises jusqu'au noeud de l'intrique, qui sera suivi de son retour en France en paquebot. C'est seulement dans cette dernière partie, avec la tempête et un sauvetage, que le roman de mer nous captive enfin.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Est-il resté deux ans sans toucher à une femme?
Une fois de plus, en hâte, elle répondait oui, et pour les raisons qu'elle alléguait d'ordinaire : la foi religieuse de Paul, dont il disait : "C'est un bloc. A prendre ou à laisser, mais pas à trier" ; son horreur de tout mensonge, son orgueil, celui de se gouverner, afin de pouvoir commander sans gêner ; son mépris secret de la femme, surtout, dont il l'exceptait seule.
Il y avait encore l'amour, que l'absence, chez lui, décapait de sa rouille ; le regret de son corps qu'il lui avait tant de fois, et si violemment, crié dans ses lettres... Cet amour, ce regret, elle n'osait plus les invoquer, ce soir, justement à cause des lettres, sa préoccupation profonde...
Pendant dix-huit mois, elle avait reçu d'Amérique des pages ardentes, qui la rendaient si heureuse et la désolaient en même temps, auxquelles elle s'interdisait de répondre du même ton, en lui expliquant qu'elle devait être raisonnable pour deux.
Mais il y avait eu comme une coupure dans ce courrier. Toute effusion avait disparu des lettres, depuis trois mois.
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- L'été indien, dit Claude.
- Oh, s'exclama Miss Sévoz, vous connaissez ?
Claude expliqua que son père, qui commandait un paquebot sur la ligne de l'Atlantique-Nord, lui avait souvent décrit et vanté cette arrière-saison.
Elle survient à New-York dans la première quinzaine d'octobre, souvent chaude au point qu'on n'y peut y supporter que des vêtements de plein été.
Miss Sévoz assura que c'était le plus beau moment de l'année, mais il était court, cessait brusquement, si bien qu'une nuit, on entrait en automne et un automne glacé ...
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Il n'est plus là. Il s'est enfui, sans fermer la porte. [...]
Durant quelques instants, elle a l'idée de passer une robe, de descendre. Peut-être le rattraperait-elle dans le hall, ou sur le trottoir : il attend sans doute encore un taxi... Et après? Si elle le retrouve, dans la rue, qu'a-t-elle à offrir, à demander?... Elle a le malheur d'être d'un monde, d'une éducation, d'une pudeur, qui ne permettent ni d'injurier, ni de menacer, ni de supplier l'homme qui vous quitte, comme peuvent au moins le faire les femmes du peuple !
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Elle se rappelait son arrivée au collège de Vannes, à quatorze ans... La première récréation, cette fille brune, ses tresses nouées sous le nez en moustaches, et qui l'entourait de sauts. Elle traînait à sa suite tout un essaim de gamines friandes de persécutions. Elle avait demandé à Claude, de cette voix un peu rauque qu'elle venait de retrouver dans le téléphone :

- Comment t'appelles-tu ?

- Claude La Noue.

- La Noue ? Tu es bien sûre ?

Elle avait eu, elle, la candeur de répondre en souriant :

- Mais oui !

- Tu es bien sûre ? Ce n'est pas La Nouille ?

L'éclat de rire de toutes, à ce trait d'esprit, coupé net par la grande gifle abattue sur la joue de l'insolente, qui, après un moment de stupeur, avait chargé, mais en garçon, à coups de poing. Claude avait encaissé, dents serrées, en rompant à peine, mais quand l'autre avait demandé :

- Tu as compris ? Ce serait plus cher une autre fois, tu sais !

Une seconde gifle, plus décidée que la première, lui avait répondu. Immobile, toute blême, la fille avait longuement regardé Claude, puis elle avait menacé, à mi-voix, lentement :

- Toi, alors !...

Mais une surveillante arrivait à pas rapides. Elle n'avait vu que la gifle ; pourtant, elle ne prenait pas le change.

-Eveline Flossac, vous étiez encore en train de tourmenter la nouvelle, n'est-ce pas ?

La fille, dédaigneuse, attendait les pleurnicheries de l'autre, son mouchardage, l'annonce d'un rapport à la directrice. Mais "la nouvelle" avait déclaré d'une voix tranquille, avec un naturel parfait :

- Non, Mademoiselle, on jouait...

La surveillante, un instant déconcertée, s'était reprise et avait décoché à Claude un regard noir.

- Il faudra renoncer à ce genre de jeux ici, n'est-ce pas ? Et à ce genre de réponse...

Elle avait à peine tourné le dos que Claude s'était senti saisir la main. C'était le début d'une amitié exclusive, tyrannique, souvent orageuse, souvent efficace, mais toujours compromettante. Eveline Flossac était une récidiviste du Conseil de Discipline.
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- Il s'agit de deux races de femmes : comédie ou vérité, fond ou surface. C'est aux hommes de choisir. Si la comédie les amuse, s'ils ne respirent qu'en surface...
- Il arrive qu'ils se trompent, [...] qu'ils prennent la comédie pour la vérité. Alors?
- Alors, tant pis pour eux ! Il fallait y regarder de plus près...
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