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sur 566 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Au début des années 1950 une expédition d'anthropologues britanniques découvre le chaînon manquant dans la jungle de Bornéo. le chaînon manquant c'est l'espèce qui, à la lointaine préhistoire, est censée avoir fait le lien entre le singe et l'homme. Et il est vivant ! Les explorateurs sont tombés sur un groupe d'êtres mi-singes mi-hommes qu'ils baptisent Tropis. Mi-singes : ils sont quadrumanes et tout poilus. Mi-hommes : ils fabriquent des outils, font du feu et ont une sorte de langage. Rapidement la question se pose de savoir si on doit considérer les Tropis comme des animaux ou des êtres humains. Car si ce sont des animaux ils n'ont pas d'âme et donc on peut les manger; si ce sont des êtres humains ils ont une âme et donc on doit les baptiser et les éduquer. Plus important : si ce sont des animaux on peut les faire travailler sans les payer, sinon c'est de l'esclavage.

La forme du roman n'est ici en fait qu'un prétexte pour poser la question philosophique de ce qui fait le propre de l'homme. Si des arguments intéressants sont apportés il me semble cependant que la réflexion s'appuie sur des bases qui sont insuffisamment -ou pas du tout- interrogées. L'homme est ainsi postulé avoir une âme sans que la question soit discutée : "le plus mécréant d'entre nous ne peut tout à fait rejeter l'idée que l'homme a reçu, seul, une étincelle divine". Beaucoup plus gênant est le racisme qui est véhiculé, à l'insu de l'auteur semble-t-il puisque ses personnages, à plusieurs reprises, professent des positions anti-racistes. Et cependant ces mêmes personnages n'hésitent pas à établir un classement qui va de l'homme de Néanderthal jusqu'à l'homme blanc en plaçant à mi-chemin divers peuples indigènes d'Afrique ou d'Asie. Il y a l'idée, semble-t-il, qu'en éduquant, civilisant ces peuples on leur permettra de s'élever au niveau de l'homme blanc. Donc pas de problème, des spécimens sont enlevés et ramenés en Grande-Bretagne en toute bonne conscience : c'est pour leur bien. C'est du racisme colonialiste, sûr de son bon droit. le roman a été publié en 1952, j'imagine que cette conception était bien partagée à l'époque.

De plus je n'adhère pas à la coupure infranchissable qui est faite entre animal et être humain. le regard qu'on porte sur les animaux a heureusement évolué de nos jours vers un souci de leur bien-être qui n'apparaît absolument pas ici. Si les Tropis sont des animaux on doit les exploiter pour limiter la somme du travail humain. Si les Tropis sont des bêtes on pourra alors "impunément les détruire ou les exploiter". Ces pauvres Tropis n'ont d'autre alternative que d'être corvéables à merci au profit de la grande industrie ou soumis au projet civilisateur des occidentaux .
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Ce roman, écrit en 1952 par Vercors (de son vrai nom Jean Bruller), léger en apparence, quelquefois humoristique, se révèle intéressant au point de vue philosophique : comment définir l'être humain, cet « animal dénaturé » et qu'est-ce qui le différencie de l'animal. La parole ? Les rites religieux et funéraires ? La capacité d'abstraction ? le questionnement même sur son existence ? Etc.
Malheureusement, ce sujet fort intéressant est effacé par de petites intrigues (amoureuses, politiques, économiques, juridiques) qui ne permettent pas de se l'approprier avec profondeur.
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