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Critique de Eve-Yeshe


Peter sait qu'en tant que juif, il risque la mort dans le Reich, alors, lors du dernier combat, il vole la plaque d'un soldat français mort sur le champ de bataille. Il devient ainsi Alexandre d'Anderlange. de retour à la vie « normale », il s'habitue tant bien que mal, jusqu'au moment où on l'informe que la mère mourante de celui-ci le réclame à son chevet.

Contrairement à toute attente, la mère, exilée russe, presque aveugle, fait semblant de le reconnaître et il va devoir entrer progressivement dans le rôle.

La construction de son personnage, un mélange de Peter et d'Alexandre, est très intéressante car Peter s'inspire des écrits d'Alexandre, se les approprie, les exprime lors des conversations. (cf P 131 et suivantes). Il puise aussi dans la garde-robe familiale pour créer son propre style.

« Il aperçut son reflet dans le miroir. le personnage, les mains dans les poches, le fixant d'un air amical, insolent, semblait le mettre au défi de faire quelque chose de lui. » P 132

Le destin de Peter-Alexandre est loin d'être simple, et on assiste à une série d'actions-réactions en chaine, un effet papillon, qui le l'emmène d'aventures délicates en aventures difficiles et beaucoup de souffrance.

Les autres personnages sont tous bien caractéristiques, et font l'objet de descriptions assez savoureuses : Sofia la deuxième épouse du père d' Alexandre, dont l'accent russe pimente les dialogues, les cousines Joséphine la rousse et Hélène la brunette, qui cherchent à trouver un mari pour retrouver leur splendeur passée, car la famille est ruinée, avec des histoires d'héritage hautes en couleur, sans oublier le majordome Emmanuel très stylé, vestige de l'ancien temps et bien-sûr Blanche, complice du vrai Alexandre, qui a été internée.

Sans oublier le commandant qui parcourt la campagne à la rechercher d'un vin qu'il a beaucoup aimé lorsqu'il était plus jeune et rêve de retrouver, recherchant un paradis perdu.

Frédéric Verger nous propose la petite histoire dans la grande Histoire, avec des détails sur les conditions de vie des prisonniers, les exécutions sommaires, les charniers…

Dans ce roman, on trouve toute une déclinaison autour du rêve: la rêverie, l'affabulation, onirisme, le délire, la folie, mais aussi l'ivresse de la musique, de la danse… Tout s'intrique, s'imbrique à merveille.

On sait très bien que le récit est construit sur des faits et une région, Blay, qui n'existent pas mais on se prend à y croire, et si le récit démarre très lentement, le rythme s'accélère, s'enrichit, un peu comme « le boléro » de Ravel et, de rebondissement en rebondissement, on ne lâche plus le roman.

Tout m'a plu dans ce roman, même les longueurs, car le style de l'auteur rappelle les feuilletonistes du XIXe que j'aime tant. La langue est très belle, de même que les descriptions de paysages inventés par l'auteur et qu'on visualise sans problèmes comme s'ils existaient vraiment.

Cette lecture m'a convaincue de lire le premier roman de Frédéric Verger: « Arden » pour lequel il a reçu le prix Goncourt du premier roman en 2014.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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