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EAN : 9782914958325
93 pages
Editions du Sandre (15/02/2006)
3/5   3 notes
Résumé :
" L'entrée dans le royaume des masques, dont James Ensor est roi, se fit lentement, inconsciemment, mais avec une sûre logique. Ce fut la découverte d'un pays, province par province, les lieux pittoresques succédant aux endroits terribles et les parages tristes prolongeant ou séparant les districts fous. Grâce à ses goûts, mais aussi grâce à son caractère, James Ensor n'a vécu pendant longtemps qu'avec des êtres puérils, chimériques, extraordinaires, grotesques, fun... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Emile Verhaeren évoque pour moi et je suppose pour beaucoup de mes congénères, les poésies que nous récitions et terminions par un « Emile Verhaeren » en pâte de sucre. J'ignorais qu'il me donnerait encore une belle tranche de plaisir sur mon tard…
A l'époque j'ignorais qu'il était compatriote et ami de l'ostendais James Ensor, normal je ne connaissais pas Ensor et pour tout dire pas davantage Verhaeren, à part dans mon cahier de poésies…

Dans sa première partie, Verhaeren nous dresse un portrait d'Ostende à la fin du XIXe, ville maritime cosmopolite, pour nous camper son ami, il évoque le carnaval, les fêtes et leurs débordements…. C'est juste magnifique, juste magnifiquement écrit.

A mon sens il s'agit là davantage d'un témoignage que d'une biographie telle qu'on l'entend habituellement. Néanmoins, il aborde de très nombreux aspects de son travail et de sa personnalité. A commencer par ses débuts et là je dois dire que ceux qui ne connaîtrait Ensor que sous son aspect lugubre et cynique risquent d'être quelque peu surpris.
Tout un chapitre est consacré aux dessins et là, c'est une vraie découverte, d'autant que l'auteur en parle avec tant de passion qu'on ne peut s'empêcher de saliver…. « Tous les objets frissonnent, bougent, sentent. La cruauté séjourne dans le couteau, la discrétion dans la clef et le fermoir, le repos et la sécurité dans le bois.»
Il nous parle aussi du travail d'aquafortiste également dans lequel, « plus encore que dans son oeuvre de peintre son imagination s'est débridée ».
De manière assez inhabituelle, l'étude de la vie, du caractère et de l'apprentissage de l'artiste arrive en fin d'ouvrage « Vie banale somme toute, mais en lutte avec un caractère spécial, étrange, infiniment impressionnable et ombrageux. »

Emile Verhaeren l'a semble-t-il beaucoup côtoyé et le portrait qu'il fait de l'homme est des plus amène. «Il suffit d'avoir approché Ensor à certains jours, d'avoir écouté, attentivement, ce qu'il ne disait pas pour se convaincre qu'il est à la fois timide et téméraire, très simple et très complexe, que le soupçon habite en lui, qu'il se croit volontiers honni, trahi, persécuté même, qu'il est plein d'ironie et de goguenardise. Son silence et son rire sont, presque au même titre, inquiétants. Il a la haine de la bêtise ; il la sait dure et coriace : il faut de temps en temps qu'il la morde. Pourtant la méchanceté lui est étrangère. Au fond, très au fond de lui, séjourne la bonté ; mais cette source profonde il ne la montre qu'à de très chers regards ». Mais il n'en ignore pas pour autant ses dérèglements et ses freins de caractère : « Il ne tient jamais en place et souvent il ne tient pas même sa place. Les oeuvres inférieures voisinent avec les oeuvres excellentes. Au cours de cette étude je n'ai insisté que sur ces dernières : elles seules comptent dans la vie d'un maître. »

Et si dans ces pages il lui prodigue maintes louanges c'est parce qu'il est persuadé qu'il n'en n'est pas indigne.
Verhaeren s'interroge encore sur la place de Ensor dans la peinture de son époque. Il y place un fait esthétique notoire qui est la découverte de la lumière laquelle débouchera sur un renouveau pictural (harmonies nouvelles, juxtapositions de tons, … une éducation de l'oeil qui passe de l'atelier à l'extérieur, modification des palettes, des visions, des techniques, etc…. « Dans cette conquête de la clarté, l'effort et la vaillance de James Ensor compteront ». Suit un article d'une grande érudition du milieu de l'art de son époque qui place Verhaeren en tête des critiques d'art de son époque.

Je crois que je vais m'intéresser d'un peu plus près à cet Emile… du reste en tirant les nombreux fils que cette lecture attentive m'a incité à tirer, j'ai vu que Stefan Zweig s'était penché sur le bonhomme et avait écrit « Sa vie, son oeuvre »…. Allons voir ça bientôt !
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Dans le cadre du mois belge je pensais depuis quelques temps à faire un sujet sur James Ensor, un peintre de la fin du XIX° siècle assez peu connu en France, mais dont j'aime bien l'univers macabre et humoristique, les toiles émaillées de détails incongrus ( le peintre n'hésite pas à se représenter coiffé d'un chapeau à fleurs un peu ridicule, ou en squelette) et de coups de couteaux envers la bourgeoisie de son époque.

Or en cherchant des sources sur la toile, voilà que je tombe sur un e-book libre de droit, sur un peintre que j'apprécie et par un auteur que je comptais justement découvrir.
ce qui est une bonne chose car je suis à peu près sure que cet ouvrage est introuvable de nos jours ou à un prix effroyable.

Verhaeren nous parle donc de son compatriote et ami, l'ostendais James Ensor, qui comme son nom l'indique est d'ascendance anglaise. En fait, dans une première partie, c'est un portrait d'Ostende à la fin du XIX° siècle qu'il nous dresse, ville maritime cosmopolite où l'on croise beaucoup d'étrangers et notamment d'anglais en villégiature, venus prendre les bains ou qui s'y sont établis depuis plus où moins longtemps.

J'ai déjà lu des biographies de peintres, mais là, on a affaire avant tout à un vrai auteur, qui plus est poète de la veine symboliste, donc au delà de la biographie, c'est bien, très bien écrit et agréable à lire:

"La foule et ses remous passe donc à toute heure du jour devant les fenêtres du peintre: foule élégante ou hautaine, foule grotesque ou brutale, cortèges de la mi-carême, processions de la fête-Dieu, fanfares retentissantes des villages, sociétés chorales des villes voisines, cris, tumultes, vacarmes.
Et ces flux et ces reflux de gestes et de pas aboutissent tous là-bas, à cette féerie de verre et d'émail qu'est le Kursaal d'Ostende"

Une qualité d'écriture qui manque souvent aux biographies qui se contentent d'aligner des faits et font que ce genre m'ennuie en général à mourir.

Et Verhaeren d'évoquer le rejet dont le peintre a été l'objet à son époque, déjà incompréhensible pour lui. J'avoue que j'ai du mal à comprendre également, d'autant qu'il ne rapporte pas vraiment les critiques qui lui ont été faites exactement. c'est un peu là le problème de ce texte: écrit du vivant du peintre, il n'englobe donc pas l'intégralité de sa carrière, y compris la période ou Ensor s'est retiré de la vie publique et a cessé son activité, et sacrifie assez régulièrement la précision à la subjectivité.

Pour en savoir plus sur le peintre lui même et ses oeuvres, mieux vaut se pencher sur une biographie plus exhaustive et contemporaine.. qui du coup n'aura pas la même qualité d'écriture, mais sera plus précise. En revanche, c'est un témoignage très intéressant d'un auteur belge, sur la vie et l'activité artistique en Belgique au début du XX° siècle

Néanmoins le texte de Verhaeren a aussi l'intérêt de mettre en avant les dessins, gravures et eaux- fortes du peintre, oeuvres moins connues que sa peinture, et d'être illustré de reproductions - en noir et blanc évidemment, puisqu'il a été publié en 1908.
Il serait donc dommage de se contenter de cette seule évocation partielle qui finit abruptement sur la reconnaissance du peintre, et passe sous silence le reste de sa vie: Ensor est mort en 1949, après avoir abandonné complètement la peinture au début du XX° siècle, lorsqu'il est entré en grâce dans la bonne société qu'il a pourtant ridiculisée en long et en large.. sacré personnage!

pour une critique plus complète illustrée des tableaux du peintre, cliquer sur le lien ci-dessous

Lien : http://chezpurple.blogspot.f..
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
LE MILIEU
Souvent, des vagues venant du côté de l’Angleterre s’engouffrent nombreuses et larges dans le port d’Ostende. Et les idées et les coutumes suivent ce mouvement marin.

La ville est mi-anglaise : enseignes de magasins et de bars, proues hautaines des chalutiers, casquettes d’agents et d’employés y font briller au soleil, en lettres d’or, des syllabes britaniques ; la langue y fourmille de mots anglo-saxons ; les gens des quais y comprennent le patois de Douvres et de Folkstone ; des familles londoniennes s’y sont établies jadis, y ont fait souche et marié leurs filles et leurs fils non pas entre eux mais aux fils ou aux filles de la West-Flandre. Le service quotidien des malles voyageuses resserre tous ces liens divers, comme autant de cordes tordues en un seul câble, si bien qu’on peut comparer la grande île à quelqu’énorme vaisseau maintenu en pleine mer, grâce à des ancres solides dont l’une serait fixée dans le sol même de notre côte.

Cette influence d’outre-mer qui imprègne le milieu où il naquit suffirait certes à expliquer l’art spécial de James Ensor. Toutefois elle se précise encore si l’on note que l’ascendance paternelle de l’artiste est purement anglaise. Le nom qu’il porte n’est point flamand. C’est à Londres, qu’il se multiplie aux devantures. Je le vis flamboyer, un soir, dans Soho-square et plus loin il se projetait — réclame mouvante — sur un trottoir d’Oxford street.

L’œuvre que nous étudierons et exalterons s’élève donc au confluent de deux races — races saxonne, race flamande ou hollandaise — harmonieusement mêlées dans le sang et dans l’âme d’un très beau peintre.
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C’est, du reste, le propre des œuvres vraiment fortes d’étonner à leur apparition par leur soi-disant audace et de s’imposer après quelques années par leur absolue convenance. Elles déroutent d’abord, elles ameutent et révolutionnent. Mais, le jour qu’elles entrent dans les musées et qu’elles voisinent avec les pages solennelles des maîtres et se trouvent enfin chez elles, en lieu sûr, dans la compagnie qui leur convient, on est surpris, chaque fois, de les voir très simplement continuer et rajeunir l’histoire de la beauté.
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Oh la triomphale journée que celle du 6 février ! « Les XX » sont ouverts. Désormais la bêtise belge a sa date ! On dirait qu’à cette « première » artistique le cerveau bourgeois se dégorge par toutes ses circonvolutions. Il en jaillit des excréments de sottise. …
Ce qui se débite d’âneries en ces quelques heures devant ces quarante exposants ferait un fumier monumental. Dames élégantes à bouche pincée de souris prude, fourrures confortables avec un ventre officiel dedans, gommeux monoclés, académiciens rances, … prud’hommes énormes, collectionneurs d’eux-mêmes, tout cela potine, commère, hausse les épaules, passe et fuit devant ces quelques centaines d’œuvres d’art qui hurlent l’avenir. … Les années précédentes il y avait ici et là un tableau « à la portée du premier venu » un tableau sauveur… aujourd’hui, rien. … Pas un coin où se tenir tranquille sur un perchoir d’admiration bon-enfant. Pas un coin où débiter le monologue d’amateur éclairé devant un auditoire de mamans et de fillettes. Pas d’opinion juste-milieu possible. Ou la haine ou l’emballement.
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Manet reste, somme toute, un peintre de tradition et d’enseignement. Les Espagnols l’ont formé : Velasquez et surtout Goya. Le jour que son Olympia fit son entrée au Louvre, elle se plaça, naturellement, en son milieu. La rampe l’attendait. Elle voisina, sans déchoir, avec les toiles d’Ingres et de Delacroix. Sa victoire fut même trop belle : l’Odalisque du vieil Ingres se sentit atteinte dans son rayonnement de chef-d’œuvre soi-disant parfait. Jamais elle n’apparut plus sèche, plus figée ni plus froide.


James Ensor est plus purement un peintre que Manet, mais ce dernier est évidemment un maître et un artiste d’une plus large et plus souveraine envergure. Il est un chef d’école magnifique, définitif et complet. Il commande à un des carrefours de l’art où les routes bifurquent et gagnent des contrées vierges et inconnues.
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Ceux qui prétendent qu’Ensor ignore la forme oublient sans cesse que le dessin de Rubens et de Delacroix est l’opposé du dessin d’Ingres et de Raphaël. Ceux-ci ne font que remplir par des couleurs le vide laissé entre les lignes tracées d’avance ; ceux-là peignent d’abord et leur dessin résulte de la justesse des valeurs entre elles, ou si l’on veut, n’est que le résultat du jeu des ombres et des clartés. C’est le coup de brosse, et non pas le crayon ou le fusain, qui écrit les formes si bien que dans leurs tableaux rien n’est dur, rien n’est découpé, rien n’est sec, rien n’est séparé soit du fond, soit de l’objet voisin. Ils ne cernent pas des images ; ils traduisent la vie.
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