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EAN : 9782507002459
202 pages
Luc Pire (15/05/2009)
4.5/5   1 notes
Résumé :
(...) Ce qu'il faut se clouer : écrire pour soi seul. Autour? Les becs de canard de la bêtise, ouverts. Plus tard ? Demain ? Ce que nous sentons, aimons, rêvons ne sera plus la gloire indubitable des cerveaux. Et l'Art, destitué par l'ignorance et la santé ! Tels vers ! avec leurs ossatures en filigrane ; tels vers ! avec leurs syllabes électriques tout à coup rapprochées ; tels vers ! lys, ivoires, perles, ciels, jardins, soirs... Verhaeren, broyeur de syntaxe, for... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Voici réunies trois oeuvres de jeunesse d'Emile Verhaeren, qui rendent compte de l'évolution de l'écriture et des thèmes abordés par cet immense poète belge.

La première partie est constituée par la Trilogie noire. Et comme disait l'autre, noir c'est noir … Ames mélancoliques, sujettes aux cafards ou déprimées, abstenez-vous. le poète répète à l'envi son désespoir face à l'absurdité de nos vies, à la souffrance inévitable et à notre finitude, avec tout le panache et la fougue de la jeunesse.
Le tout dans l'indifférence d'un dieu à tout le moins silencieux, si pas absent (je n'imagine pas ce qu'il a fallu de culot pour écrire de telle chose dans la Flandre catholique et bourgeoise de la fin du XIXème siècle) …

Il me rappelle ici un autre poète (par ailleurs lui aussi sceptique quant à l'existence d'un au-delà) de mon pays, qui racontait que, chez nous, le ciel est si bas qu'un canal s'est pendu…
Suivent des poèmes en prose, qui ressemblent plus à des ébauches de tableaux, des essais de rythmes sur des thèmes chers au poète comme la ville et qu'on retrouvera plus tard.
La troisième partie – de loin ma préférée – est un ensemble de tableaux qui peuvent se lire séparément les uns des autres.
A nouveau, on trouve quelques passages sur l'absurdité de nos existences. Comme le très beau « passeur » qui se démène sur sa barque comme un forcené jusqu'à en briser les rames sans avancer d'un pouce … Ou ces pêcheurs, trop occupés à la tâche pour lever les yeux au ciel et voir les étoiles briller dans la nuit noire. Parfois c'est carrément macabre, comme dans « l'aventurier », dont l'ambiance est digne de Baudelaire ou d'Edgar Allan Poe.
Les paysages sont détrempés de pluie et silencieux, les nuits sans fin et sans chaleur, les hivers interminables, la neige froide comme un suaire. Et de nouveau on ne peut s'empêcher de penser à Brel, avec ce décor de plat pays, ces villes industrieuses et poisseuses qui font penser à Amsterdam.

L'écriture est tantôt très visuelle : soleil rougeoyant sur la plaine froide, meules flamboyant dans les nuits de fin d'été, … autant d'images dignes des grands peintres; tantôt symbolique, lorsque Verhaeren évoque les métiers aujourd'hui disparus de cordier, sonneur, meunier, forgeron, …

Et cerise sur le gâteau, tous les textes sont faciles d'accès. Pas besoin d'être expert en poésie, pour en savourer le goût, pour en apprécier la mélodie. J'en redemande …
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Mes doigts, touchez mon front et cherchez, là,
Les vers qui rongeront, un jour, de leur morsure,
Mes chairs ; touchez mon front, mes maigres doigts, voilà
Que mes veines déjà, comme une meurtrissure
Bleuâtre, étrangement, en font le tour, mes las
Et pauvres doigts - et que vos longs ongles malades
Battent, sinistrement, sur mes tempes, un glas,
Un pauvre glas, mes lents et mornes doigts !

Touchez, ce qui sera les vers, mes doigts d'opale,
Les vers, qui mangeront, pendant les vieux minuits
Du cimetière, avec lenteur, mon cerveau pâle,
Les vers, qui mangeront et mes dolents ennuis
Et mes rêves dolents et jusqu'à la pensée
Qui lentement incline, à cette heure, mon front,
Sur ce papier, dont la blancheur, d'encre blessée,
Se crispe aux traits de ma dure écriture.

Et vous aussi, mes doigts, vous deviendrez des vers,
Après les sacrements et les miséricordes,
Mes doigts, quand vous serez immobiles et verts,
Dans le linceul, sur mon torse, comme des cordes ;
Mes doigts, qui m'écrivez, ce soir de rauque hiver,
Quand vous serez noués - les dix - sur ma carcasse
Et que s'écrasera sous un cercueil de fer,
Cette âpre carcasse, qui déjà casse.
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Sous le fuligineux étain d'un ciel d'hiver,
Le froid gerce le sol des plaines assoupies,
La neige adhère aux flancs râpés d'un talus vert
Et par le vide entier grincent des vols de pies.

Avec leurs fins rameaux en serres de harpies,
De noirs taillis méchants s'acharnent à griffer,
Un tas de feuilles d'or pourrissent en charpies ;
On s'imagine entendre au loin casser du fer.

C'est l'infini du gel cruel, il incarcère
Notre âme en un étau géant qui se resserre,
Tandis qu'avec un dur et sec et faux accord

Une cloche de bourg voisin dit sa complainte,
Martèle obstinément l'âpre silence - et tinte
Que, dans le soir, là-bas, on met en terre un mort.
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