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Critique de Floyd2408


Merci à Babelio et aux éditions Labor pour ce recueil de poème d'Émile Verhaeren reçu pour la dernière masse critique.
Ce poète Belge m'est connu grâce à Stefan Zweig dont je suis un lecteur assidu, il dit de lui dans sa biographie,
Et c'est pourquoi l'heure est venue de parler d'Émile Verhaeren, le plus grand de nos lyriques d'Europe et peut-être le seul des hommes de nos jours qui ait eu la conscience claire de ce que le présent enfermait de poésie, qui ait su en dégager la forme artistique, qui, avec une émotion et une habileté technique incomparables, ait pour ainsi dire sculpté le poème de notre temps. Toute notre époque se reflète dans l’œuvre de Verhaeren. Tous ses aspects nouveaux y sont envisagés : les sombres silhouettes des grandes villes, la tempête menaçante des foules populaires, les mines avec leurs puits, les cloîtres silencieux qui meurent dans l'ombre lourde. Il n'est pas aujourd'hui de force spirituelle qui chez lui ne soit devenu poème : l'idéologie, les conceptions sociales subversives, la lutte sans merci de l'industrie et de l'agriculture, la puissance démoniaque qui tire les hommes hors des saines campagnes pour les jeter aux agitations brûlantes des grandes cités, tout le tragique de l'émigration, les crises financières, les conquêtes éblouissantes de la science, les conclusions de la philosophie, les acquisitions des arts et des métiers, jusqu'à la théorie impressionniste de la couleur. Toutes les manifestations de l'activité moderne se reflètent dans l’œuvre de Verhaeren et s'y transmuent en poésie.
Ce préambule décris avec précision ce que Emile Verhaeren fût et sera, ces mots seront marqués au fer rouge de son sang Flamant, de ce pays berceau de son cœur, de cette métamorphose qui bouleverse les mœurs et les habitudes, Émile Verhaeren devient l'icône de toute une génération celle du changement et de la révolution industrielle où l'urbanisation assèche les campagnes de ses habitants,,
Petite biographie de ce poète belge Flamand d'expression française, car à l'époque, les familles bourgeoises flamandes parlait le français même si la langue officielle était le Flamand. Émile Verhaeren est né à Saint Amand, dans la province d'Anvers en 1855 et mort à Rouen en 1916. Il fait des études de droit à l'université catholique de Louvain, mais abandonne cette carrière juridique pour l'écriture. Ses premières œuvres sont plutôt parnassiennes de l'Art pour l'Art, puis elles s'orientent vers le symbolisme. En 1887, victime d'une crise de neurasthénie, il s'isole du monde et exhale la profondeur de son spleen dans un ensemble de trois recueils : La Trilogie noire. Puis, dans les années 1890, le poète se réalise dans la poésie de la modernité. Son enthousiasme poétique du monde moderne qui se cristallise devant lui, la désertion des campagnes et la naissance des grands complexes industriels dont il exaltera la beauté dans une trilogie : Les Campagnes hallucinées (1893), Les Villages illusoires (1895) et Les Villes tentaculaires (1895), est un chant Mystique, une prière suprême souligne Zweig dans sa biographie de 1910 sur Verhaeren. Ses poèmes le rendent célèbre, et son œuvre sera traduite et commentée dans le monde entier.
Ce livre regroupe des extraits de poème de la trilogie noir, des poèmes en proses et Les villages illusoires, œuvres incontournables de ce grand poète belge.
Lorsque mes yeux ont commencé la lecture soudain Charles Baudelaire, comme un écho lointain, est venu murmuré sa mélancolie dévorante, un souffle Baudelairien émane de ces vers sanguins. Lorsque la Belgique carrefour de l'Europe, à la croisé de la France, de l'Allemagne, verse sa grandeur moderne dans les poèmes d'Émile Verhaeren, la puissance des mots bouillonne mes veines comme la lave d'un volcan, la modernité de l'époque jaillit avec une hallucination présente presque palpable.
Ce condensé de poèmes narre la complexité sociale de l'Europe en mutation et relève une part autobiographe de notre poète Belge flamand, ses crises le coupant du monde pour accoucher de la trilogie noire où la mort rode ses crocs dans la plupart de ses poèmes, un pessimiste passager, étape vers un état d'âme plus aigu, qu'il affirmera dans les "confessions de poète" puis dans Impressions.
Les Villages illusoires cœur de la trilogie les Campagnes hallucinées et les Villes tentaculaires expriment la désertification des campagnes face à l'urbanisation frénétique, la mutation d'une société industrielle au détriment de l'agriculture, une vision moderne d'une Europe en effervescence.
Émile Verhaeren dans ce romantisme-futurisme m'a complétement suspendu à ses mots, ces poèmes ont réussi à caresser mes sentiments, j'ai acheté la biographie de Stefan Zweig pour connaitre ce poète et j 'aspire à ce lyrisme Victorien.
J'aime me perdre chaque soir dans plusieurs de ses poèmes pour songer ma nuit de cette mélancolie apaisante.
Voici pour finir un passage me renvoyant à mon enfance perdue

Le silence
(...)
Et les hameaux qui l'avoisinent,
Sous les chaumes de leurs cassines,
Ont la terreur de le sentir, là-bas,
Dominateur, quoique ne bougeant pas ;
Mornes d'ennui et d'impuissance,
Ils se tiennent, sous sa présence,
Comme aux aguets — et redoutent de voir,
À travers les brumes qui se desserrent,
Soudainement, s'ouvrir, dans la lune, le soir,
Les yeux d'argent de ses mystères

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