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C'est lors d'une émission radiophonique que j'ai entendu parler de ce recueil de nouvelles, et pour nous appâter le présentateur nous en lisait une "A Claude" dont voici un petit extrait :

"Au bout du pays, sur les hauts plateaux, Claude : un village d'une centaine d'âmes. La petite place s'orne du café Claude, de la boulangerie Claude, du boucher Claude et du tabac Claude. On la quitte par la rue Claude ou par la rue Claude. On croise alors le facteur Claude en tournée..."

J'ai bien ri en écoutant cette nouvelle et je me suis dit : mais qui est cet olibrius qui nous tient en haleine ainsi avec ses histoires de Claude ? Je me suis bien sûr procurer ce fameux objet du délit et je ne l'ai pas regretté un seul instant.



Voici donc quelques nouvelles courtes, très courtes et d'autres un peu plus longues. Leur point commun ? La fantaisie sans aucun doute.

Des nouvelles farfelues, fantastiques, drôles, caustiques et même parfois poétiques. de quoi passer de bons moments quand on s'ennuie dans une salle d'attente. Un livre à garder précieusement sur soi pour oublier le temps et plonger dans un monde incongru. Mais à y regarder de plus près, vous constaterez que leur auteur, sous son habit fantaisiste, observe notre monde et le décortique à sa façon !

Vous y rencontrerez alors un écrivain enroulé à une patère, un certain Claude donc, les gens du bout de la rue, René Deessendre imperturbable dans ses morts et ses résurrections...
Vous serez étonné(e) de l'incroyable découverte de Darwin bien peu connue du public, de la folie graphique qui s'empara de toute une ville, de la traduction d'un ancien texte pratiquement illisible La Buble...
Mais la plus surprenante et la plus sympathique à mon goût reste la petite nouvelle qui porte le titre de cet ouvrage, Les pas perdus. Une vision tout à fait poétique du monde qui nous entoure...

Allez, je vous laisse entre de bonnes mains. Laissez-vous guider par cette belle fantaisie qui vous ouvrira des horizons insoupçonnés...

Pour l'anecdote, sachez que cet auteur est belge et que ce recueil de nouvelles a reçu au Festival International du Livre Transilvania le prix "magie de la littérature".

Une bonne histoire belge, vous en conviendrez !

Lien : http://mespetitesboites.net
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Ahhhhh... Voilà exactement le genre de livre dont je me régale ! Un dessert joyeux, une gourmandise d'enfance, un délice ! Des textes courts extrêmement imaginatifs qui nous font voir le quotidien sous un regard surréaliste et poétique. À découvrir absolument !

L'auteur a parfaitement décrit le goût que j'ai ressenti : « le recueil ˋLes pas perdus' est né d'une envie tenace et espiègle de raconter des histoires farfelues, de rendre ses lettres de noblesse à l'imaginaire : prendre plaisir à démonter le réel, le malmener, le moquer, le triturer jusqu'à lui mettre les tripes à l'air. En un mot, l'envie, non pas de faire rendre l'âme au réel, mais de l'expurger autant que faire se peut de lui-même, pour amener au jour l'or caché qu'il contient à son propre insu : le fantastique, le merveilleux, l'absurde, le poétique. »

Il s'agit d'un recueil de textes courts : une page, deux pages, parfois un peu plus. Je ne sais pas trop comment le qualifier... Déjanté ? Non : ce mot a une connotation de folie inappropriée. Absurde ? Un peu... Mais je n'aime pas la connotation « Monty Pythons » que l'on pourrait imaginer : ces textes ne sont pas nécessairement drôles.

Surréaliste serait peut-être un meilleur qualificatif, d'autant plus que l'auteur est belge (ce qui explique assurément la qualité de l'ouvrage ;-) ). Je pense ici au surréalisme d'un Magritte, qui nous fait voir la réalité sous un regard inhabituel. le regard innocent des enfants, qui ne s'embarrassent pas de la vraisemblance. Ou le regard d'un poète.

Jugez plutôt sur quelques extraits. le résultat peut être drôle : « Depuis bientôt dix ans, le vieux téléviseur était condamné à assister à la vie quotidienne de la famille B... Une décennie qui lui paraissait une éternité, un supplice sans fin. Jour après jour, il était obligé de regarder le même mauvais film, avec les mêmes piètres acteurs : le père, la mère, le fils et la fille. Ce spectacle était une affligeante caricature de la vie de famille, il en avait la nausée. » Je pense aussi à « La Buble » où un archéologue du futur interprète un billet de commissions comme une prière adressée au dieu Carrefour !

Mais la plume d'Étienne Verhasselt peut tendre vers davantage de poésie. Voici par exemple un homme qui décide de disséquer une de ces journées : « Pratiquer l'ouverture à dix-sept heures dû beaucoup moins aisé qu'il ne s'y attendait. [...] Il en fut réduit à chercher une partie plus tendre. Il pensa alors à cet échange téléphonique si délicat qu'il avait eu avec sa douce moitié, vers dix-neuf heures quarante-cinq, ce même mardi,à l'hôtel. Heureuse idée car le scalpel ne rencontra là aucune résistance et la chair du jour s'ouvrit onctueusement sous sa pression. Les humeurs quotidiennes se répandirent sur la table de la cuisine, les bonnes et les mauvaises prenant des chemins distincts. » Dans d'autres textes, la poésie est encore plus marquée. Je vous laisse les découvrir.

Étienne Verhasselt est né en 1966. Après des études de graphisme, il s'est tourné vers la psychologie clinique, à l'Université de Bruxelles (ce qui me fait penser à mentionner deux autres psychologues, ou plus exactement psychanalystes belges de mes chouchous: François Emmanuel et la très regrettée Jacqueline Harpman). Si je ne me trompe, « Les pas perdus » est son premier livre; il a été couronné en 2019 par le prix Henri Cornélus 2018 de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. J'avais déjà commenté ici «  le gout de la limace », de Zoé Derleyn, qui avait reçu le prix Franz de Weber 2018 de la même Académie. Mais entre les deux, je conseillerais « Les pas perdus », si toutefois il y a un sens à comparer deux genres si différents.

Étienne Verhasselt a récemment sorti « L'éternité, brève »., qui figure bien entendu sur ma pile.

À vos Belges, Mesdames et Messieurs !

Note à propos des éditions le Tripode, qui concerne en particulier ce livre-ci: « Chaque année, le Tripode donne à un collectif de vingt artistes carte blanche pour illustrer une publication de la maison d' édition. Vingt sérigraphies sont conçues à chaque fois pour faire la preuve qu'un même livre peut susciter des lectures très différentes. Ce projet, qui doit durer vingt ans, a donné au collectif le nom de «  Les 400 coups » car il conduira, à terme, à la création de 400 affiches. »
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Ils ne sont pas si nombreux les écrivains qui excellent dans les textes courts, voire très courts. Il y a quelques années j'ai découvert Lydia Davis, experte dans le genre et dont j'avais pu admirer toute la dextérité dans le recueil Ce qu'elle savait qui contient quelques textes saisissants. Avec Etienne Verhasselt, je me suis littéralement régalée. Ses textes d'une ou deux pages en moyenne se dégustent, son univers entre poésie et absurde offre un décalage salutaire. C'est un recueil que l'on a plaisir à conserver à portée de main pour picorer un texte le temps de quelques minutes, entre deux rendez-vous ou lors d'une pause café en terrasse.

Sous leur apparence aérienne, ces textes n'ont rien de léger ou de facile. L'auteur bouleverse simplement l'ordre établi, change l'angle de vue et éclaire d'une lumière rasante un petit travers humain ou un gros dérèglement du monde. Chez Etienne Verhasselt, un homme peut se lier d'amitié avec un insecte, les objets révèlent leurs âmes, la question du genre n'est pas forcément centrée sur le sexe... D'une plume précise et inspirée, il donne vie à un balcon, à un plafond ou à un téléviseur lassé de contempler chaque jour le rituel immuable d'une famille sans grande conversation. Avec ses décalages, il interroge notre rapport à l'autre. D'un trait de poésie, il bouscule joliment les idées reçues. Et puisqu'il ne se refuse rien, pourquoi ne pas oser les jeux de mots et nous raconter les vies Ô combien étonnantes de René Desessendre ou du Prince Kedal ?

Mine de rien, il aborde de nombreux thèmes d'actualité avec une finesse bien plus efficace que nombre de discours argumentés. La solitude, le voisinage, le renoncement, l'étranger, la cohabitation, le bavardage, les règles dont on s'affranchit... ou pas, sous la plume de Stéphane Verhasselt, tout change de dimension sans se départir d'une belle élégance, y compris lorsqu'il décide de jouer avec les mots.

J'ai beaucoup aimé me laisser surprendre par cet univers qui emprunte au merveilleux pour mieux dessiner le réel et je n'ai pas envie de ranger ce livre dans ma bibliothèque mais plutôt de le laisser sur ma table de nuit, pour prendre une petite dose de poésie, d'humour et de finesse de temps en temps. Et puis sa couverture est si jolie que ce serait dommage de la cacher...

Allez, un petit échantillon...

"A partir de ce moment, le moustique ne me quitta plus dans l'appartement et, pour tout dire, nous devînmes les meilleurs amis du monde. Lorsque je vaquais ou que je travaillais dans mon bureau, il voletait ça et là, à proximité. le bruissement de ses ailes dans mon voisinage m'était devenu familier et je trouvais à ce petit récital aérien une vertu apaisante. L'une de nos passions communes était la lecture, car je m'aperçus bien vite que mon cousin savait lire. Nous passions des heures entières dans le salon, ou au lit, passionnés par les nouvelles de Dino Buzzati : combien de fois avons-nous lu et relu "Un animal stupéfiant" ou "Le papillon", un présage que nous étions bien incapables de déchiffrer ! Nous riions ensemble, nous étions émus ensemble..." (in Un hôte hors du commun)

... et vous courez vous le procurer pour savoir comment se termine cette belle amitié.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Recueil de nouvelles très courtes. Dont je ne sais pas quoi penser. Certaines sont chouettes, ouvrent à la réflexion quand d'autres sont vraiment absurdes. Cependant, il keur manque de la poésie de l'absurde pour m'être vraiment convaincantes. J'ai parfois eu l'impression de lire des travaux d'élèves qui certes respectaient les consignes, mais ne mettaient rien d'eux et restaient très scolaires (oui, c'est un drôle de reproche adressé aux élèves) Et franchement, je n'ai trouvé ça ni drôle ni réflexif ; voire même vraiment lourd.
Certes, la lecture glisse toute seule parce que c'est court. Mais rien n'accroche et laisse une impression d'ennui.
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Envie de couper de votre quotidien ?
Envie de rire, d'être surpris, et même estomaqué ?
Envie d'un de passer un moment agréable et joyeux ?
Envie de moments poétiques ?
Envie de plonger dans un imaginaire où vos meubles, objets, animaux prennent vie ?

Alors, profitez vite de ce petit bonbon ! Décalé, absurde, loufoque, drôle, ce recueil de nouvelles est un délice de lecture et un réel moment de détente !

PS : Après cette lecture, vous n'aurez plus le même regard sur vos objets du quotidien...

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Pas moins des 41 chutes m'ont arrachée un sourire de contentement. le mot qui me vient pour définir son écriture: subtile! Il faut dire qu'il est rare de savoir jouer avec les vérités établies de la réalité, et d'oser remettre en cause Piaget (les objets) , les lois relationnelles du voisinage (Denis) ou tout simplement les choses simples qui nous entourent et auxquelles nous ne prêtons guère d'importance. Ce livre se lit rapidement mais avidement. A peine une nouvelle lue et appréciée, que l'envie est née de découvrir l'univers inattendu de la prochaine. L'auteur est belge paraît-il, en tout cas il est poète.
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Etant lectrice du prix littéraire « complètement livres » ce prix me permet de découvrir des premiers romans français ou étrangers.

L'auteur Etienne Verhasselt est belge et son premier roman « les pas perdus » a reçu le prix « Magie de la Littérature »

L'auteur nous explique en 4ème de couverture son recueil d'histoires farfelues, elles seront fantastiques, absurdes, merveilleuses ou poétiques.
Le livre de 137 pages nous propose 41 histoires très courtes mais complètement déjantées.

Je vous livre quelques aperçus

René Desessendre
René meurt tous les jours depuis un an de différentes maladies et ressuscite .Les urgentistes ne s'inquiètent plus de le voir et parient même entre eux sur la date et la cause de son prochain décès.

Le vieux téléviseur
Depuis bientôt 10 ans le vieux téléviseur était condamné à assister à la vie quotidienne de la famille B. Jour après jour, il était obligé de regarder le même mauvais film avec les mêmes piètres acteurs : le père, la mère, le fils et la fille.

Un hôte hors du commun
Un homme a trouvé chez lui un cousin, insecte inoffensif et l'a apprivoisé. Il fait désormais parti de son quotidien jusqu'au soir où il reçut des invités.

Homme ou femme ?
Le monde se divise en trois catégories : ceux qui sont plus petits que moi, ceux qui ont ma taille et ceux qui sont plus grands. Ceux qui sont plus petits sont des femmes. Ceux qui ont ma taille sont des hommes. Mais ceux qui sont plus grands ? Longtemps, je me suis posé la question.

Parmi ces 41 histoires, je reconnais qu'il y en a 5 ou 6 que je n'ai, soit pas comprise soit trop absurde. Mais l'ensemble m'a fort plu.
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Promesses de surréalisme, on hésitera à qualifier de "nouvelles" ces dix-neuf éclats de narration, presque haïkus de nouvelles tant est lapidaire la forme d’une ou deux pages (mais on n’est pas dans du Fénéon quand même). Ou peut-être faut-il parler de pierres plates, de galets ovnis de nouvelles, eut égard au caractère lisse de cette littérature d’idées, d’idées magiquement animées et poursuivies comme autant de Vénus d’Ille anti-platoniciennes dont le verbe manifesterait l’incroyable fuite dans un réel caverneux.

Ces nouvelles font chacune briller le prisme d’une idée dans la potentialité fantastique de l’idéalité. Ce n’est pas pour rien que Borges énonçait que la métaphysique est une branche de la littérature fantastique. S’ouvre alors le bal des fantasmagories : un plafond vivant, un dieu-coquillage, une télévision qui se rêve micro-onde, des bourdons qui se rêvent termites, des dissidents soviétiques schizophrènes, fossile d’une humanité de songe, amours de moustiques, la bible lue avec des coquilles par des philologues du futur.

L’adjectif « farfelu » employé par l’auteur en quatrième de couverture est plus juste que surréalisme, malgré le titre reprenant les Pas perdus (1924) de Breton, qui énonçait cependant non seulement l’introduction du Rêve dans la vie – préoccupation nervalienne et romantique – mais de l’inconscient et de ses mécaniques pour opérer une révolution intégrale de l’humanité. Comme le vocable « romantique », le « surréalisme » a subi le même devenir épidémique, « hystérique » (encore un terme dont l’extension prodigieuse est symptomatique).

On aurait donc plus raison de le placer dans une chimère de fantaisie, de sottie et de farfelu malrucien qui, à l’époque du surréalisme, imaginait une divergence de l’imaginaire vers un monstrueux artificiel. Pourtant on sent bien aussi une esquisse de « paranoïa critique » à la Dali, une sorte d’attention à un détail, à une idée, regardée, décorporée jusqu’à en faire émerger l’absurde folie, poursuivie sur une ou deux pages avec humour et onirisme.

Sauf qu’à la jubilation de l’insolite réalisé manque souvent le relief d’une situation avec ses aspérités et ses angulosités, ou l’humanité d’un personnage à visage mobile – ce que l’on n’a qu’à de trop rares exceptions (je pense à Darwin et à son homo somniator dont la longueur de la prose, sa mélancolie et son mystère distingue dans « Le feu de Saint Elme ») tandis que l’overdose d’idées et de situations cocasses menace. Livre fourmillant Les Pas perdus d’Étienne Verhasselt ont la variance des miscellanées pour cœur et la constance de l’insolite en guise de sang.
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M A G N I F I Q U E petit recueil d'histoires toutes aussi farfelues les unes que les autres. J'ai lu, aimé, souri et ri. C'est rapide, limpide, efficace. Je recommande à tous ceux qui aiment s'échapper le temps d'une page ou deux parce qu'ils n'ont pas le temps ou l'énergie de s'enfoncer dans un roman. Ici, on picore quand on a faim et ça fait du bien. Bravo Etienne Verhasselt pour ce petit délice!
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Je crois définitivement que je ne suis pas fait pour les nouvelles et les recueils d'histoires courtes. J'aime plutôt les romans-fleuves, qui se lisent sur des semaines, où les personnages se développent petit à petit, où on les voit vivre et évoluer, on peut s'investir davantage dans l'histoire, émotionnellement ; on s'endort dessus le soir, ravi à l'idée de la reprendre le lendemain... Tandis que là, des histoires d'une ou deux pages, on n'a le temps de rien, on les a à peine commencées qu'elles sont déjà terminées. En vingt minutes, on peut lire presque autant d'histoires, on mélange tout et on n'en retient finalement pas grand-chose. C'est du moins mon sentiment.
J'ai aimé néanmoins certaines d'entre elles, comme le prince Kedal, le feu de Saint-Elme (étonnamment la plus longue...) ou La fin du jour. À noter aussi un titre que j'adore : "Mon chien, ce coquillage". Pour les amateurs d'histoires courtes et de "farfelu".
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