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EAN : 9782290390382
112 pages
J'ai lu (26/04/2023)
3.98/5   156 notes
Résumé :
La « route-Verlaine » passe d'abord par Saturne, faune planète qui dessine ligne à ligne le destin de ceux qui sont nés sous son signe. A ceux-là, l'astre dispense lassitude, naufrages et désastres, la mélancolie des soleils couchants, les sanglots longs des violons de l'automne... Même lorsqu'il est léger, comme dans Fêtes galantes, Verlaine laisse percer un drame secret. Ce sont, au clair de lune, ces ombres qui cherchent fortune... Ce sont en sourdine, sérénades ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Oh comme je regrette de n'avoir étudié qu'Arthur Rimbaud lorsque j'tais au lycée et non pas Verlaine mais je pense qu'en réalité, il m'aurait probablement manqué un peu de maturité et ce n'est finalement pas plus mal que je continue ma poursuite de ce "poète maudit" que maintenant. C'est une lectrice qui m'en a donné l'idée : venant chercher dans "ma" médiathèque uniquement des classique afin de parfaire ses lacunes dans ce domaine, je me suis dit que j'allais, de temps à autre, suivre son exemple et les "Poèmes Saturniens" de Paul Verlaine en faisaient partie. ô, comme je ne regrette pas de les avoir enfin découvert mais comme j'ai eu les larmes aux yeux une grande partie de ma lecture de ce recueil, sans annotations (c'est un choix de ma part afin de laisser à mon petit cerveau le libre arbitre d'interpréter ces poèmes à sa façon et non comme il le faudrait. Certes, j'ai dû passer à côté de beaucoup de choses (rien ne m'empêche d'y revenir plus tard sur une autre édition plus détaillée) mais j'ai cru saisir l'essentiel et la découverte de ce texte brui fut pour moi un vrai délice. Déclarations d'amour à l'être aimé, réflexions sur le temps qui passe, recherche de reconnaissance de la part de l'artiste sans oublier quelques références historiques (notamment celle de la mort du roi Philippe II dont j'ai retenu une très jolie réplique posée dans mes citations, c'est tout cela qui est abordé ici mais pas seulement !

Poèmes suivis d'autre intitulés "Fêtes galantes", il est de mon humble avis que cette deuxième partie (si l'on excepte les deux derniers poèmes) est bien plus gaie que la première mais encore une foie, quelle joie, justement de voir les deux facettes de l'artiste réunies grâce à ces deux grandes lignées de l'écriture du poète. Un ouvrage que je ne peux que vous recommander car ce dernier mérite à être lu, relu et surtout entendu !
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Arthur Rimbaud sur les « Fêtes galantes » : « C'est fort bizarre, très drôle ; mais vraiment, c'est adorable. »

Après la mort du Roi-soleil à Versailles, une folie de plaisir s'installe au moment de la Régence. le peintre Antoine Watteau montre dans ses toiles des personnages de la haute société s'adonnant au badinage dans la pénombre de bois ou parcs au son de mandolines. le théâtre et la danse sont présents. Une chronique du temps nous apparaît dans ses toiles : robes à panier, perruques poudrées, visages pales agrémentés de touches rouges, attitudes outrancières. Ce genre pictural est appelé par les académiciens « peintre en festes galantes ».

A part « le pèlerinage à l'île de Cythère » qu'il a dû voir au Louvre, Paul Verlaine connaît-il vraiment Watteau ? D'autant que ce peintre a été fraîchement redécouvert. Verlaine a probablement lu le fascicule des frères Goncourt « L'art au 18e siècle » paru en 1864, et s'est familiarisé avec le peintre.
Après son recueil de "Poème saturniens", de 1867 à 1869, Verlaine s'inspire de Watteau pour publier ses 22 poèmes des « Fêtes galantes ». Certaines scènes sont souvent identiques aux toiles du peintre.
Derrière l'évocation des plaisirs chers à Watteau, certains paysages reflètent l'âme du poète, sa propre sensibilité, une profonde mélancolie qui va aller en s'amplifiant au fil des poèmes. Il est particulièrement triste car sa cousine Élisa, sa demi-soeur qu'il adore, vient de mourir.

Dans les premiers poèmes, la fête s'exprime :

« Sur l'herbe » :
« — L'abbé divague. — Et toi, marquis,
Tu mets de travers ta perruque.
— Ce vieux vin de Chypre est exquis
Moins, Camargo, que votre nuque. »

« Cythère » :
« Et l'Amour comblant tout, hormis
La faim, sorbets et confitures
Nous préservent des courbatures. »

« Mandoline » :
« Leurs longues robes à queues,
Leur élégance, leur joie
Et leurs molles ombres bleues
Tourbillonnent dans l'extase
D'une lune rose et grise, »

« Pantomime » :
« Pierrot, qui n'a rien d'un Clitandre,
Vide un flacon sans plus attendre,
Et, pratique, entame un pâté. »

« En bateau » :
« le chevalier Atys, qui gratte
Sa guitare, à Chloris l'ingrate
Lance une oeillade scélérate. »

Puis, progressivement, la fête s'estompe et l'inquiétude est déjà présente dans certains poèmes.

« Clair de lune » :
« Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.
Tout en chantant sur le mode mineur
L'amour vainqueur et la vie opportune,
Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur (…) »

« En sourdine »
« Et quand, solennel, le soir
Des chênes noirs tombera,
Voix de notre désespoir,
Le rossignol chantera. »

Une solitude s'installe chez les personnages.

« L'amour par terre » :
« (…) Et des pensers mélancoliques vont
Et viennent dans mon rêve où le chagrin profond
Évoque un avenir solitaire et fatal. »

Les masques finissent par tomber. Dans le poème ci-dessous, le ton est sombre. L'illusion de l'amour s'exprime dans les propos du couple. Ils sont devenus étrangers l'un à l'autre.

« Colloque sentimental » :

« Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux formes ont tout à l'heure passé.
Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l'on entend à peine leurs paroles.
Dans le vieux parc solitaire et glacé,
Deux spectres ont évoqué le passé.
— Te souvient-il de notre extase ancienne ?
— Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ?
— Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ?
Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non.
— Ah ! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignons nos bouches ! — C'est possible.
— Qu'il était bleu, le ciel, et grand, l'espoir !
— L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. »



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Triste, nostalgique, mélancolique, l'ambiance des poèmes saturniens plonge dans une déprime cotonneuse et confortable, voire couetteuse. Paul Verlaine a envie de câlins.

Cette envie de tendresse est malheureusement alourdie par tout un bric à brac oriental et antique. Encens, autels, harpes, luths, marbre, s'invitent à tout bout de strophe.

Le Styx, Léthé, Alkaïos, Homéros, égarent mon esprit contemporain, le déstabilisent. Même connues, ces références ne sont pas associées à des images qui agrémentent ma lecture. Au contraire, je butte. Elles restent cantonnées au domaine de la connaissance intellectuelle et ont du mal à passer en terrain poétique.

Paul Verlaine a cependant l'art du refrain qui reste dans la tête, de la mélodie qui une fois entendue ne nous quitte plus. Les poèmes les plus simples touchent le plus directement. Il y en a quelques uns aux équilibres sans faille.

Les fêtes galantes m'ont beaucoup moins séduites. Froufrous et baisers mutins, robes à volants et parfums de rose, je n'ai en vérité pas compris grand-chose à ces poèmes courts et primesautiers où la forme prend le pas sur le sens.
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Jeu de rythmes, musicalité, rythmes différents d'un poème à l'autre, voire au sein d'un même poème.

Certes, j'ai eu plus de mal avec les "fêtes galantes" ... et beaucoup plus apprécié les poèmes saturniens:
Bref un bon moment , à l'image de cet extrait de "marine" qui évoque la houle et sa "
.... lame
En bonds convulsifs
Le long des récifs
Va et vient, luit et calme"

Langueur décadente lit on à propos de Verlaine? Ce n'est pas ce que j'ai ressenti en le lisant.
Mélancolie: incontestablement! Si aversion à ce thème, passez votre chemin!
Décadente: pas vraiment. en revanche le rapprochement avec Watteau et sa peinture de salon... est justifiée... et ce n'est pas mon style préféré. Mais en core une fois cela s'applique aux fêtes galantes. Délectez vous des poèmes saturniens (quitte à laisser de coté les quelques portraits historiques( Borgia, Philippe 2)
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C'est par ces recueils de jeunesse que je fis connaissance avec Verlaine que mes professeurs ne m'avaient pas proposé .Devenu enseignant je me suis attaché à le faire découvrir à mes ouailles . « Mon rêve familier », « Soleil couchant » , « Après trois ans » figurent toujours dans mon panthéon poétique comme presque l'ensemble de cette oeuvre mélancolique.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
NEVERMORE

Souvenir, souvenir, que me veux tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
"Quel fut ton plus beau jour ?" fit sa voix d'or vivant,

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.

- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort des lèvres bien-aimées !
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"Libre à nos Inspirés, cœurs qu'une œillade enflamme,
D'abandonner leur être aux vents comme au bouleau ;
Pauvres gents ! l'art n'est pas d'éparpiller son âme :
Est-elle en marbre, ou non, la Vénus de Milo ?

Nous donc, sculptons avec le ciseau des Pensées
Le bloc vierge du Beau, Paros immaculé,
Et faisons-en surgir sous nos mains empressées
Quelque pure statue au péplos étoilé,

Afin qu'un jour, frappant de rayons gris et roses
Le chef-d'oeuvre serein, comme un nouveau Memnon,
L'Aube-Postérité, fille des temps moroses,
Fasse dans l'air retentir notre nom !"

(Extrait du poème "Épilogue")
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FÊTES GALANTES - LES COQUILLAGES

Chaque coquillage incrusté
Dans la grotte où nous nous aimâmes
A sa particularité

L’un a la pourpre de nos âmes
Dérobée au sang de nos cœurs
Quand je brûle et que tu t’enflammes ;

Cet autre affecte tes langueurs
Et tes pâleurs alors que, lasse
Tu m’en veux de mes yeux moqueurs ;

Celui-ci contrefait la grâce
De ton oreille, et celui-là
Ta nuque rose, courte et grasse ;

Mais un, entre autres, me troubla.
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Nevermore

Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.

Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant
« Quel fut ton plus beau jour? » fit sa voix d'or vivant,

Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.

- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !
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LASSITUDE

De la douceur, de la douceur, de la douceur !
Calme un peu ces transports fébriles, ma charmante.
Même au fort du déduit parfois, vois-tu, l’amante
Doit avoir l’abandon paisible de la sœur.

Sois langoureuse, fais ta caresse endormante,
Bien égaux tes soupirs et ton regard berceur.
Va, l’étreinte jalouse et le spasme obsesseur
Ne valent pas un long baiser, même qui mente!

Mais dans ton cher cœur d’or, me dis-tu, mon enfant,
La fauve passion va sonner L’olifant!!...
Laisse-la trompetter à son aise, la gueuse!

Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main,
Et fais-moi des serments que tu rompras demain,
Et pleurons jusqu’au jour, ô petite fougueuse!
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