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EAN : 9782080702913
Flammarion (04/01/1999)
4.15/5   27 notes
Résumé :
Sagesse n'est pas séparable de la métamorphose que Verlaine a connue au mois de juin 1874, lorsqu'il s'est converti dans la prison où il avait été conduit pour avoir, à Bruxelles, tiré sur Rimbaud. Un changement radical s'en est suivi, qui n'est pas seulement religieux mais aussi politique puisque le poète, républicain naguère, soutient la cause légitimiste. Et cependant, le recueil qui contient bien des pièces antérieures à la conversion est moins cohérent que ne l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Verlaine, poète à la vie tumultueuse et à la conscience inquiète, a eu plusieurs étapes de sa vie où il se croyait arrivé à la paix de l'âme. Déjà, il a eu ce sentiment lorsqu'il a cru que son mariage avec Mathilde allait le tirer de sa vie de débauche. de cette belle expérience naquit le recueil "La bonne chanson". Mais la désillusion est vite arrivée et sa rencontre avec Rimbaud a tout bouleversé. Son incarcération plus tard lui a fourni une occasion pour se connaître et envisager un retour vers la religion. de cette expérience, cette fois spirituelle, nous vient ce recueil "Sagesse", parfaite illustration de la poésie de la conversion.

Ce recueil est une analyse que nous livre Verlaine sur sa vie d'égarement et son passé douloureux pour ensuite venir à son choc spirituel lorsqu'il recouvre le bonheur de la conversion. Les scènes qu'il décrit à la fin du recueil laissent entrevoir l'espoir d'une vie meilleure. Par ailleurs, son dialogue "Mon Dieu m'a dit" nous rappelle Péguy surtout dans son livre "Le Porche du Mystère de la deuxième vertu".

"Sagesse" est un recueil à découvrir pour ne pas réduire l'expérience poétique de Verlaine à sa simple musicalité et voir toute l'ampleur du talent d'un des poètes les plus ingénieux du XIXe siècle.
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Que peut-on dire ou écrire de et sur Verlaine, que peut-on ajouter à Sagesse, à la lecture de ce monde qui n'appartient qu'à lui. Rien, alors je m'use les yeux avec un tel bonheur en lisant, relisant et plus, les enchaînements, le phrasé, la prosodie, l'enchantement de ces vers si tant est qu'enchantement soit le mot adéquat.
Avancer, avancer, s'imbiber, se saouler de cette poésie qui m'emplit, à chaque fois, d'un bonheur immense.
Alors la poésie attire le lecteur comme la douceur l'enfant. Cherchons dans les recoins des librairies les ouvrages si peu lus de poésie, gardons les précieusement pour les moments de doute et les besoins de réconfort.
Merci à Verlaine d'être de ceux-là qui me réconfortent...
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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N° 1454- Avril 2020.

SagesseVerlaine.

Ce recueil, paru en 1881 à compte d'auteur, a été écrit par Verlaine (1844-1896) soit en prison soit après la captivité. Il témoigne de son retour à résipiscence, un itinéraire intime vers Dieu. Quand il en commence la rédaction, nous sommes en juillet 1873, Verlaine a perdu son poste à l'Hôtel de ville de Paris, s'est remis à boire et après avoir tiré sur Rimbaud avec qui il a eu une liaison tumultueuse, il est en prison à Bruxelles puis à Mons et évoque sa geôle (« Le ciel est par dessus le toit »), se désole de son sort, se posant en malheureux (« Gaspart Hauser chante ») . Elles sont loin les bonnes résolutions et les serments d'amour exprimés dans « La bonne chanson »(1870) dédiée à Mathilde qu'il a épousée quelques mois et où il rêve d'une vie paisible avec elle. Pourtant il les réitère, entre habileté en candeur (« Écoutez la chanson bien douce ») mais, malmenée par son mari, elle obtiendra leur séparation puis le divorce plus tard. Libéré, il poursuivra un parcours chaotique entre scènes violentes, condamnations pénales, rechutes dans l'alcool, séjours à l'hôpital, liaisons houleuses, errances puis reconnaissance de ses pairs comme « Prince des poètes » en 1894, mais il meurt dans la misère. Ce recueil, publié après une longue période de silence, a été publié dans l'indifférence générale et il faudra attendre la mort de l'auteur pour qu'il soit reconnu comme un chef-d'oeuvre puisque notamment on y retrouve toute la musique du vers de Verlaine.

Revenons à ce recueil qui atteste de sa conversion religieuse. Est-ce un authentique parcours mystique comme on l'a dit, une tentative de résilience, l'usage de l'écriture comme un exorcisme face à l'adversité ? Je note, même s'il existe des vers d'une métrique différente, que l'usage majoritaire de l'alexandrin dans ce recueil peut donner une note de sincérité dans sa démarche. Sa scansion a quelque chose de religieux, à tout le moins à mes yeux. Abandonné, emprisonné, il débute son recueil par une sorte d'allégorie médiévale où le Malheur, la souffrance, l'ont aidé à connaître l'amour divin(« Bon chevalier masqué ») puis c'est un dialogue entre Dieu et son âme humble de pécheur, (« Mon dieu m'a dit ») et, à longueur de poèmes, il confesse sa faiblesse, chasse les péchés pour privilégier obéissance à Dieu et louer son action (« Ah, Seigneur, qu'ai-je ? Hélas »), évoque la foi catholique, en appelle à Marie, aux chrétiens célèbres, à la foi des bâtisseurs de cathédrales…

J'en reviens à la question posée. Il n'est évidemment pas question de nier le chef-d'oeuvre que l'auteur nous a laissé, ni l'immense apport qui fut le sien à la poésie. Il est, lui aussi, à mes yeux un exceptionnel serviteur de notre belle langue française et redécouvrir la poésie à travers lui est toujours une démarche enrichissante. Verlaine était baptisé, élevé dans une famille bourgeoise catholique. Même s'il a un peu oublié le message religieux avant son incarcération, il est parfaitement plausible que, dans l'état de déréliction qu'il connaissait alors, il se soit tourné vers Dieu. Cette expérience n'est pas unique, bien au contraire et elle a même donné de grands mystiques, mais dans son cas, la liberté retrouvée, il a renoué avec ses vieux démons. On peut toujours changer d'avis, certes la chair est faible, mais quand même !Fut-il sincère dans sa démarche vers Dieu. C'est possible et cette sorte d'extase spirituelle qui apparemment fut la sienne eut des prolongements dans sa volonté de reconquérir sa femme («Écoutez la chanson bien douce »)et ainsi de rentrer dans le rang de l'époux traditionnel, d'avoir avec Rimbaud des relations plus apaisées (« Aimons-nous en Jésus » lui écrit-il, tentant vainement de le convertir), et d'effectuer un séjour à l'abbaye de Chimay, mais il est possible aussi que ce parcours vers Dieu ait atteint ses limites et l'ait déçu. Verlaine était un poète, certes peu célèbre et reconnu seulement sur le tard mais qui aspirait à la consécration. Qu'il ait puisé dans cet épisode délétère de sa vie pour nourrir sa créativité n'a rien d'exceptionnel et cela peut mettre en lumière la force cathartique de l'écriture qu'il ne faut pas négliger. Il a publié ce recueil chez un éditeur catholique et non chez Lemerre comme précédemment, sans doute pour donner plus d'ampleur à son message.

©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com
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Lisant dans le désordre, j'ai lu Parallèlement, un recueil que j'ai beaucoup aimé, avant Sagesse, pourtant écrit avant. Parallèlement m'a beaucoup plu, pour ce qu'il dit des souffrances de Verlaine liées à sa vie de bohème et à sa relation avec Rimbaud, mais qui sont pourtant évoquées avec une certaine nostalgie, qui exprime un vent de liberté, de non-conformisme ; comme on le voit d'ailleurs avec les poèmes érotiques sur le plaisir féminin, et sur l'homosexualité masculine.
Sagesse, écrit avant donc, n'a pas du tout la même thématique. C'est le retour à la foi, au mariage légitime, à un soutien pour le prétendant légitimiste - avec un hymne au drapeau blanc. J'ai donc d'abord été déconcertée, ne reconnaissant pas le poète que j'admirais ailleurs. Ici, plus de "fêtes", plus de "romances", plus de "galanteries" non plus. La chair est triste, si Verlaine pense à une femme, c'est sa femme légitime, mais pour une union chaste et vierge. Même la ville moderne, célébrée pourtant ailleurs, est ici grise, sale.
Je ne peux adhérer à ses idées politique sur "un peuple animal", sa condamnation de 1789 - moi qui connais "Nox" des Châtiments par coeur, où "le Titan quatre-vingt-treize" est célébré, quoi qu'il ait coûté : "Toi qui par la Terreur sauva la liberté". Ne partageant pas non plus les croyances de ce Verlaine, j'ai même trouvé long le dialogue entre le poète et Dieu du centre du recueil, où l'amour divin permet l'apaisement.
Mais cependant, j'ai retrouvé le magicien et le musicien de la langue hors pair, même sur certains poèmes qui me plaisent moins pour leur thématique, j'ai été époustouflée par la mélodie des vers. Dès le début de la lecture, j'ai été frappée par les rimes avec le "sagesse" du titre : ce son se retrouve dans "faiblesse, tristesse, cesse, blesse", soit toute cette vie passée qu'il faut expier, mais aussi dans "promesse, redresse, et messe", comme un espoir, une espérance et une rédemption plutôt pour rester dans le champ lexical du catholicisme.
Et que certains poèmes sont beaux ! "Le ciel est par-dessus le toit", "écoutez la chanson bien douce", "je ne sais pourquoi / Mon esprit amer". Et celui que j'ai préféré sur les Voix - voix de l'orgueil, voix de la haine, voix de la chair, voix d'autrui, qui semble d'abord être une réfutation de la poésie :
"Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes,
Sentences, mots en vain, métaphores mal faites,
Toute la rhétorique en fuite des péchés,
Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes !"
La poésie devrait se taire face à l'amour divin. Mais l'écriture elle-même est musique et est poésie.
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Sagesse est un recueil de quarante-sept poèmes de Paul Verlaine (1844 – 1896) écrits entre 1873 et 1880, et publié en décembre 1880 par la Société Générale de librairie catholique. À cette date, en effet, Verlaine au passé tumultueux avait retrouvé la foi de sa prime jeunesse.
Jeune homme révolté, névrosé et homosexuel, il avait été auparavant renvoyé de l'administration municipale où l'avait introduit son père. Il s'était courageusement engagé pendant la Commune dans la Garde Nationale Sédentaire, du côté des communards dissidents.
Enfant, il était très attaché à sa cousine Élisa, orpheline recueillie dans la maison de ses parents, élevée avec lui. Elle devait se marier plus tard avec un entrepreneur aisé de la bourgeoisie du Nord. Il en restera amoureux toute sa vie.
Il épousa Mathilde Mauté pour le plus grand malheur de cette pauvre femme ; il la battait et la viola même avant qu'elle n'obtienne des juges une séparation nécessaire à sa sécurité.
Élisa mourut en 1867. Verlaine sombrait bientôt dans l'alcoolisme et la débauche. Sous l'emprise de ce poison parmi les pires qu'est l'absinthe, il devenait d'une violence extrême, dangereux pour son entourage. de ce fait, il eut plusieurs fois maille à partir avec la justice.
Il tenta à plusieurs reprises d'étrangler sa mère qui pourtant ne l'abandonna jamais malgré cette déchéance.
En septembre 1871 il rencontra Rimbaud, adolescent génial et tourmenté, poète d'un immense talent. Ils nouent une relation amoureuse. le 10 juillet 1873, une violente dispute les oppose — une de plus ! Mais cette fois, Verlaine blesse son jeune amant d'un coup de revolver. Il sera jugé et condamné à deux ans de prison.
À l'issue de cette période douloureuse et chaotique, Verlaine aspire non au repos, mais à la paix de l'âme ; il fait preuve d'un repentir sincère et retrouve peu à peu la foi. le recueil Sagesse témoigne de cette évolution ; le poète maudit ne démontre pas, n'explique pas ne se défend pas, ne plaide pas. En toute simplicité, il décrit sa quête dans une langue limpide, mais superbe. Ces pages comptent parmi les plus belles de la littérature.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Bon chevalier masqué

Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon vieux coeur de sa lance.

Le sang de mon vieux coeur n'a fait qu'un jet vermeil,
Puis s'est évaporé sur les fleurs, au soleil.

L'ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche.

Alors le chevalier Malheur s'est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m'a touché.

Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu'il attestait sa loi d'une voix dure.

Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer
Un coeur me renaissait, tout un coeur pur et fier

Et voici que, fervent d'une candeur divine,
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine !

Or je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.

Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s'éloignant, me fit un signe de la tête

Et me cria (j'entends encore cette voix) :
" Au moins, prudence ! Car c'est bon pour une fois. "
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Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance.

Le sang de mon vieux cœur n’a fait qu’un jet vermeil,
Puis s’est évaporé sur les fleurs, au soleil.

L’ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche
Et mon vieux cœur est mort dans un frisson farouche.

Alors le chevalier Malheur s’est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m’a touché.

Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu’il attestait sa loi d’une voix dure.

Et voici qu’au contact glacé du doigt de fer
Un cœur me renaissait, tout un cœur pur et fier

Et voici que, fervent d’une candeur divine,
Tout un cœur jeune et bon battit dans ma poitrine !

Or, je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.

Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s’éloignant, me fit un signe de la tête

Et me cria (j’entends encore cette voix) :
« Au moins, prudence ! Car c’est bon pour une fois. »
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Parfums, couleurs, systèmes, lois !
Les mots ont peur comme des poules.
La Chair sanglote sur la croix.

Pied, c’est du rêve que tu foules,
Et partout ricane la voix,
La voix tentatrice des foules.

Cieux bruns où nagent nos desseins,
Fleurs qui n’êtes pas le calice,
Vin et ton geste qui se glisse,
Femme et l’œillade de tes seins,

Nuit câline aux frais traversins,
Qu’est-ce que c’est que ce délice,
Qu’est-ce que c’est que ce supplice,
Nous les damnés et vous les Saints ?
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Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

"Le ciel est par dessus le toit"
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La Chanson de Gaspard Hauser

Je suis venu, calme orphelin,
Riche de mes seuls yeux tranquilles,
Vers les hommes des grandes villes :
Ils ne m’ont pas trouvé malin.

À vingt ans un trouble nouveau
Sous le nom d’amoureuses flammes
M’a fait trouver belles les femmes :
Elles ne m’ont pas trouvé beau.

Bien que sans patrie et sans roi
Et très brave ne l’étant guère,
J’ai voulu mourir à la guerre :
La mort n’a pas voulu de moi.

Suis-je né trop tôt ou trop tard ?
Qu’est-ce que je fais en ce monde ?
Ô vous tous, ma peine est profonde :
Priez pour le pauvre Gaspard !
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