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EAN : 978B07TD41P6J
228 pages
(23/06/2019)
4.43/5   48 notes
Résumé :
Nous sommes au crépuscule des années soixante. Cristine, une fillette de douze ans, se pame de ravissement face à un film culte, "Le Clan Des Siciliens." Elle sera dès lors toute acquise à la Sicile, et bien qu'elle ne puisse y associer pas plus des mots que des images, elle n'aura de cesse d'en rêver treize années durant. Juillet 1982. La fillette d'hier, alors âgée de vingt-cinq ans, foule pour la première fois la terre de Sicile.Mais cette puissance souveraine, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (49) Voir plus Ajouter une critique
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L'écho de ta mémoire - Cristine Verlédène - Lu en août 2019.
1er roman de l'auteure.

Je remercie tout d'abord Kielosa de m'avoir prêté ce livre que j'ai pris grand plaisir à découvrir après avoir lu sa belle chronique.
La couverture est très belle et évoque bien le titre du livre : une plage de sable fin, le soleil qui se couche, un papillon, et, s'éloignant dans la mer, la silhouette d'un homme. le toucher de cette couverture est étonnant aussi, j'ai eu la sensation qu'il y avait du sable sous mes doigts.

Ce roman est dédié à Santo.

Il commence par un magnifique prologue que je mettrai en citation, il est trop long pour l'inclure dans ma chronique.

73 courts chapitres - Un épilogue - "Que sont-ils devenus" ? (les personnages de l'histoire) - et les remerciements.

Cristine, la narratrice fait partie d'une fratrie de onze enfants dont 7 soeurs.
(L'une d'elles s'en est allée en décembre 2018). Ils vivent sur une Ile des Petites Antilles. Ce soir-là, on donne à la télévision le film célèbre d' Henri Verneuil, le clan des Siciliens. Nous sommes fin des années 60. Toute la famille est réunie pour le regarder, Cristine est alors âgée de 12 ans, sans le savoir, en restera marquée et se mettra à rêver.

Des années plus tard, alors âgée de 25 ans, Cristine et sa soeur Eléanore 23 ans, font le projet de partir en terre sicilienne, pays splendide, mais où règne la mafia dans chacun de ses recoins.
Juillet 1982 - Voilà nos deux soeurs sur le tarmac de l'aéroport de Punta Raisi. "J'entre dans mon rêve, mais aujourd'hui réveillée" Page 21.
La magie opère, elles s'installent dans un camping et font vite connaissance avec une sympathique petite bande de jeunes et tous les soirs, ils se retrouvent sur la place du village où il y a un bar, de la musique, c'est le lieu de rendez-vous incontournable de la jeunesse.
C'est là que Cristine croise Santo pour la première fois. "Il est un jeune homme qui vit dans ce village... Il a le teint bistre, les cheveux noir corbeau et le regard charbonneux, que de plus en plus souvent il plante dans le mien, il répond fidèlement à l'image que je m'étais faite d'un jeune Sicilien" page 31.
Santo exerce sur Cristine une étrange fascination, mais à ce stade, ce n'est que de la fascination, il l'interpelle, elle l'épie, le détaille. C'est un garçon libre, mystérieux.
Un soir, Santo propose à Cristine de la ramener au camping dans sa petite méhari noire - il possède une moto aussi - Il parle très mal l'anglais et Cristine ne connaît que quelques mots d'italien. A partir de cet instant, Cristine ne vivra plus en paix. Elle tombe amoureuse d'un homme dont elle ne sait presque rien sur ses activités, il est taiseux sur ce sujet, il dépense son argent sans difficulté. Il fait cette déclaration à la jeune femme : "Tu sais Cristine ? Ce soir je suis heureux". "Rien de ce qui suivit ne vint à bout de la certitude qu'à ce moment là il l'était. Comme je l'étais moi-même. Infiniment. Santo... Qui sans que je le sache encore, devait devenir mon doux, mon douloureux regret, celui d'une vie" page 45.
"Mais tu vois ? Faut pas s'accrocher au bonheur. Ça dure pas Cristine. Ça dure pas" page 45, lui dit-il encore.
Le temps approche pour Cristine et Eléanore de rentrer chez elles, et pour Cristine de quitter Santo. de la, Sicile à Paris, de Paris à la Guadeloupe, d'abandons en retrouvailles, l'amour que porte Cristine à Santo tourne à l'obsession.
"Quel nom portait donc ce sentiment ? "Amour" ? Non... Jamais je ne pus expliquer ce chaos dans lequel ce jeune homme aux yeux de mica, m'avait pour de si longues années précipité" page 87.
"Santo... l'auteur de mes nuits les plus étoilées et de mes jours les plus sombres. Celui de mes plus grandes joies et de mes plus insoutenables souffrances" page 89-90.
Cet amour si fort que Cristine éprouve pour Santo, elle va devoir en faire son deuil, lentement, douloureusement. "Santo... ton prénom qui aujourd'hui encore, vibre en moi comme une exquise, triste , et inamissible mélopée. Il a encore la douceur des fruits de ton pays" page 179.

Que s'est-il passé ? Pourquoi cet amour n'a-t-il pas duré pour eux deux ?
Que lui cachait le sombre et mystérieux Santo ?

C'est volontairement que je n'ai pas cité les autres personnages excepté Eléanore, car ils sont secondaires pour moi dans la trame de l'histoire de Cristine et Santo.

Cristine Verlédène - Marmara sur Babelio - dans son livre tout de pudeur, de délicatesse et de poésie m'a emmenée dans son voyage d'Amour, si doux et si poignant à la fois. Elle m'a livré toute la beauté de son écriture avec des mots flirtant avec le soleil, la brise et la tempête de deux coeurs.

Cristine Verlédène vit en Guadeloupe, tout comme la Cristine du roman.
Elles portent le même prénom. Fiction ou réalité ? Un peu des deux sans doute. Pour votre premier roman, je vous dis bravo et j'espère que vous en écrirez encore. Une belle découverte.


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Début des années 80. Deux jeunes filles, deux soeurs, Cristine et Eleonore décident, le temps des vacances, de prendre le large, de voguer vers de nouveaux horizons.
Destination: la Sicile, une île ensoleillée, promesse de bonheur et d'instants complices. Pourquoi la Sicile? Une fantaisie de demoiselles qui loin de leur île natale des Antilles s'imaginent se prélasser non à l'ombre des frangipaniers mais sous celle des orangers? Un caprice? Pas vraiment. C'est la proposition de Cristine à sa soeur cadette. Enfant, le Clan des siciliens l'avait submergé, depuis, la Sicile est devenue synonyme d'une terre idéalisée, d'une terre mère où peut-être elle pourrait s' ancrer. Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille et nos belles ragazzi iront de surprises en découvertes.

A travers L'écho de ta mémoire, évocation d'un amour impossible, Cristine Verlédène offre aux lecteurs un texte nourri semble-t-il de sa propre expérience et restitue avec sincérité et émotions l'atmosphère des moments clés. La construction du récit où alternent passages réalistes et lyriques permet la mise en valeur des sentiments, des épanchements de la narratrice oscillant entre espérance, déception et acceptation.

L'écho de ta mémoire c'est le souvenir prégnant de Santo, un jeune et beau ténébreux sicilien, le souvenir d'un amour absolu, d'un coeur marqué au fer rouge, d'une âme en peine blessée et fatiguée.

Mais L'écho de ta mémoire c'est aussi le rêve d'une jeune fille à l'imagination fertile en quête du « prince charmant ». Un univers intime où d'un simple regard échangé naît des émotions, celles de deux âmes qui s'embrasent bien avant que leur corps s'embrassent, esquisse d'une alchimie divine.

Dans ce chassé-croisé amoureux, Cristine la narratrice ne sera pas épargnée, laissant le temps apaiser de son onguent son âme tourmentée.
Les mots que nous offre aujourd'hui Cristine Verlédène sont ceux d'une femme en paix, ceux d'un être toujours debout, en vie, qui accepte enfin la disparition de celui qu'elle a aimé.

Juste envie de lui communiquer mon ressenti : un être cher disparu ne s'oublie jamais et ne s'efface pas. Sa présence palpable, chérie, accompagne pour toujours l'être resté de l'autre côté du rivage. Ainsi le long chemin de la résilience soulevant le voile du deuil devient non pas un renoncement mais l'acceptation de la vie dans ce qu'elle a d'éphémère et de pérenne. « Pour toi, je regarderai le monde. »

Je remercie l'auteure pour ce voyage sicilien, cette évasion aux parfums méditerranéens.
Une rétrospective sentimentale doublée d'une expérience quasi spirituelle.
Le souvenir d'un amour passionné, d'un lien indéfectible que plus aucun coup de sirocco ne pourra balayer. Les résonances de L'écho de ta mémoire sont infinies.

Oui, Cristine Verlédène la Sicile semble avoir été le berceau de votre transformation, d'une métamorphose, elle a accueilli la chrysalide que vous étiez...
Une lecture très émouvante.


Merci Marmara

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Amour inconditionnel par-delà la distance.
C'est avec une écriture très raffinée, pleine de délicatesse et de sensibilité que Cristine Verlédène nous conte l'histoire, dans ce très beau premier roman, d'un amour fou.
Un amour intense et destructeur par delà les distances qui n'auront cessées d'entretenir solidement le fantasme.
Tout commence avec le visionnage alors qu'elle est enfant du film culte « le clan des siciliens ». Les personnages, surtout le chef de clan, exercent sur elle une puissante fascination. Attirée par « la terre de Sicile » elle décide des années plus tard d'y entreprendre un voyage avec l'une de ses soeurs. Cette région idéalisée devient une évidence, elle fait partie de ces contrées inconnues où l'on se sent immédiatement chez soi de manière inexpliquée. Elle pressentait depuis toujours que quelque chose de fort s'y produirait. Son intuition sera confirmée lors de sa rencontre avec Santo jeune sicilien au tempérament sanguin et au regard impénétrable qui au départ la rebute.
Déroutée par son comportement sans demi-mesure elle entamera une idylle déstabilisante, embarquée dans un terrible ascenseur émotionnel et projetée dans la spirale infernale de l'addiction à l'autre. Marquée par l'euphorie de la découverte et galvanisée par l'amour naissant sa pulsion de vie est boostée.
Le magnétisme du « bad boy » la maintient fermement dans une relation exclusive.
De retour dans sa Guadeloupe natale, envahie par la nostalgie, elle souffre du vide causé par son absence et ses silences. La distance maintient intact le désir, à défaut du plaisir, et en même temps accentue un sentiment d'inachevé qui l'agrippe puissamment à lui.
Santo devient involontairement nocif. Développant des pensées obsessionnelles à son égard, ce « membre fantôme » la hante jusqu'à perdre pied.
Elle découvrira progressivement les côtés obscurs de ce garçon énigmatique au destin émouvant.
Chaque retrouvaille réveille les mêmes émotions incontrôlables et indéfinissables. Jusqu'au jour où…
C'est l'histoire poétique d'un amour inconditionnel que l'on voudrait éternel « Dis-moi que toi et moi nous remporterons l'éternité » je vous le souhaite Cristine, sincèrement.
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Léger comme un papillon,
Flou comme une silhouette dans les brumes de chaleur,
Un premier roman qui nous vient de la Guadeloupe.

Cristine Verlédène nous envole de la Guadeloupe en Sicile,
Terre mythique des grands écrivains et de la mafia,
Pour nous conter,
L'histoire de Cristine ( Verlédène !) et de Santo,
Cristine V. comme l'écrivaine,
Santo comme le Santo à qui le livre est dédié,
Deux insulaires,
Une histoire d'amour impossible,
Fiction ou réalité ? Ou un peu des deux ?
Verlédène nous brouille les pistes....

Tout part d'un film, d'un rêve,
« Q'importe, le rêve a la vie dure. Je suis en Sicile, et au mépris de la banalité du « film » qui sous mes yeux aujourd'hui se déroule, la magie opère. »,
Dans un style très particulier, simple mais pas aussi simple que ça,
« L'écho de ta mémoire » est une histoire pleine de sensibilité, qui effleure l'impossibilité du bonheur, ou l'illusion du bonheur, flou comme une silhouette, léger comme un papillon.

Une très belle rencontre avec Cristine Verlédène,
Comme quoi les livres révèlent sans l'ombre d'un doute,
Un pan ou des pans des plis et replis de l'âme de leur géniteur ou génitrice.
Sei bravissima Cristine !

“Le jour où je t'ai rencontré, j'ignorais que je croisais l'enfer et le merveilleux.....
Le passé m'aura traquée, rattrapée, sans que je n'aie eu, ni à y revenir, ni à l'y inviter.”
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Chère Cristine,
Douce amie,

Le temps d'un livre, je nous ai vues toutes les deux à la lisière d'une clairière, un tapis d'herbe comme assise, et je t'écoute.
Me raconter cet obsédant amour qui t'a brûlé le coeur, cet amour que tu as tant chéri et ne t'a offert qu'espérance et désespérance.
Les nuages se chatouillent, les étoiles se chamaillent pour arriver et t'écouter. Ton histoire les berce ces jolies étoiles.
Il y a Stephana et bien sûr Santo, ce bellâtre ténébreux qui t'a happé le coeur. Ils ne sont pas loin. Quand tu livres les secrets et tourments de ton âme, ils s'allongent sur un nuage, te regardent, t'écoutent, te sourient.
Tu me fais sentir le doux parfum de la Sicile, sa mélodie, je vois tes yeux s'agrandir et se réjouir de tous ces hommes debout ou à genoux l'été 82 devant ces italiens au ballon gagnant brandissant la coupe du monde. Je sens le vent érafler tes joues à l'arrière de la moto de Santo.
Je l'entends même te parler du bonheur, tu sais celui qui ne dure pas, c'est de lui n'est ce pas. Une vaste blague le bonheur, tu en sais quelque chose Cristine.

On se repose assise au pied d'un chêne robuste. On l'a bien méritée. Les peines de coeur, ça peut durer une éternité. Ça fait mal quand le coeur tourne comme une gigogne, toi qui rêvais d'une vie heureuse avec l'homme que tu aimes. Mais il t'avait prévenu, le bonheur, ça dure pas. Ça dure jamais.

Tu me racontes l'absence qui ronge, qui cogne, qui saigne.
Tu sais l'absence dont son vacarme va jusqu'à perforer les tympans te plongeant dans une infatigable mélancolie. Toi qui contes si bien les absents pour que jamais on ne les oublie.

J'ai voulu t'entendre il y a quelques mois mais je n'étais pas prête, aujourd'hui je suis à genoux devant ton histoire, de tes mots qui font des pirouettes et se roulent dans le nectar, dans cette poésie dont seules les âmes écorchées et sensibles sont empreintes.

Au moment où tu me récites de ta voix tremblante ce dernier couplet « J'aspire à l'éternité parce que j'y rencontrerai des poèmes que je n'ai pas écrits et des tableaux que je n'ai pas peints. », j'entends Barbara pleurer... Dis quand reviendras-tu, Dis, au moins le sais-tu? Que tout le temps qui passe ne se rattrape guère...Que tout le temps perdu...Ne se rattrape plus...

Merci Cristine, la mémoire est l'écho de nos souvenirs, et l'écho de ta mémoire est un brillant écrin où se reflète ta mélopée du coeur.
À bientôt Cristine. Un jour, nous irons boire un cappuccino, et on se sourira. Ce sera bien. Ce sera déjà ça de pris.
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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Prologue
Eléanore, te rappelles-tu le temps de notre jeunesse, ce temps où toi et moi avions encore les cheveux tout bouclés, qui au gré des alizées ondoyaient. Les tiens noir de jais, les miens châtain clair, qui au soleil de notre pays blondissaient encore.
Te rappelles-tu l'Angleterre, Buckingham Palace, Big Ben, la relève de la garde ; ce monsieur que nous avions toutes deux surnommé "Pocket money" pour des raisons qu'ici il serait inconvenant d'évoquer.
Te rappelles-tu nos fous rires et nos sourires complices, nos œillades et airs de connivence, nos altercations et nos divergences ?
Mais dis-moi, Eléanore, te souviens-tu d'un jeune homme au teint fort basané, que sous le ciel d'Italie nous avions rencontré. De ce jeune homme à la chevelure drue ; d'un noir inégalable ; aux yeux de phosphore ; sombres comme les ténèbres ; au regard pénétrant ; volontaire et constamment aux aguets.
Il était beau, Eléanore. Au printemps de sa vie. Devant lui se déployait, avant qu'il ne s'y dessine les ombres vespérales et les affres de la séniles déliquescence, un long sentier verdoyant. Il avait sur la terre de Sicile, poussé ses premiers vagissements. Son âme candide ne connaissait alors ni souffrance ni désespérance. Sa fougue et ses intempérances exaltaient sa beauté. D'enivrants effluves de tabac brun s'exhalaient de sa peau velue.
J'ai par instant cru, ou voulu croire, que sur son berceau s'étaient penchées les fées de la félicité. Te souviens-tu de lui, Eléanore, ou l'as-tu, toi oublié? Rappelle-toi. Il se prénommait Santo.
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Raconte-moi cet ailleurs que je ne connais pas; cet ailleurs auquel pour te survivre j'ai dû croire! Je te raconterai la terre, et tout ce que d'elle, tu n'as pu connaître. Cette terre que si jeune tu as quittée et qui pourtant est belle.
Parle-moi du jardin des délices, d'anges, d'étoiles et d'immortalité. Parle-moi d'une sente, où au milieu d'un gai pépiement d'oiseaux, sous un ciel réfulgent nous nous reverrons. D'un limpide ruisseau, où contre l'écueil du chagrin jamais notre barque ne se brisera.
Dis-moi que toi et moi, nous remporterons l'éternité.
Dis-moi, qu'entre toi et moi, l'amour n'aura point de cesse.
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Eléanore, te rappelles-tu le temps de notre jeunesse, ce temps où toi et moi avions encore les cheveux tout bouclés, qui au gré des alizées ondoyaient. Les tiens noir de jais, les miens châtain clair, qui au soleil de notre pays blondissaient encore.

Te rappelles-tu l'Angleterre, Buckingham Palace, Big Ben, la relève de la garde; ce monsieur que nous avions toutes deux surnommé "Pocket money" pour des raisons qu'ici il serait inconvenant d'évoquer.

Te rappelles-tu nos fous rires et nos sourires complices, nos œillades et airs de connivence, nos altercations et nos divergences ?

Mais dis-moi, Eléanore, te souviens-tu d'un jeune homme au teint fort basané, que sous le ciel d'Italie nous avions rencontré. De ce jeune homme à la chevelure drue; d'un noir inégalable; aux yeux de phosphore; sombres comme les ténèbres; au regard pénétrant; volontaire et constamment aux aguets.

Il était beau, Eléanore. Au printemps de sa vie. Devant lui se déployait, avant qu'il ne s'y dessine les ombres vespérales et les affres de la séniles déliquescence, un long sentier verdoyant. Il avait sur la terre de Sicile, poussé ses premiers vagissements. Son âme candide ne connaissait alors ni souffrance ni désespérance. Sa fougue et ses intempérances exaltaient sa beauté. D'enivrants effluves de tabac brun s'exhalaient de sa peau velue.

J'ai par instant cru, ou voulu croire, que sur son berceau s'étaient penchées les fées de la félicité. Te souviens-tu de lui, Eléanore, ou l'as-tu, toi oublié ? Rappelle-toi. Il se prénommait Santo.
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Agenouillées face à la statue de Sainte Rita, nous prions. Quoique non pratiquante, je prie de toute la force de mon désespoir. Je prie parce que je me sens habitée par une force résolue à tester ma résistance à l’épreuve. Je prie parce que je ne m’estime pas à la hauteur de cet adversaire. Je prie parce que j’ai peur. J’ai peur, car ma vie n’a plus qu’un parfum, celui de l’absence.

J’avais entendu parler du premier amour comme celui qui jamais ne pouvait s’oublier. Comme le plus douloureux et le plus déraisonnable des amours. Celui qui, dans notre esprit, imprimait d’impérissables souvenirs. Le sacro-saint amour.
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Quand passe la hyène, que dans ta vie elle ne laisse que ricanements et relents d'haleine nauséabonde, ne pleure pas, Éléanore. Elle ne saurait in extenso effacer la page qu'avec ceux qui te furent chers, tu auras écrite. Car ta mémoire est un écrin dont toi seule détiens les clefs.
Page 291
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