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Vermot Thibault – "Colorado train" – Gallimard / Jeunesse, 2020 (ISBN 978-2-07-513651-8) – première édition publiée aux éd. Sarbacane en 2017 – "mention spéciale du prix vendredi" en 2017.

Un livre ignoble.
De passage dans une librairie en compagnie de l'un de mes petits-fils, celui-ci avait tenté de me faire acheter du Stephen King (auteur particulièrement peu ragoûtant), j'avais refusé, la libraire avait alors recommandé ce roman en toute bonne foi, et je me suis fié à son jugement.
Précision : je me suis d'autant plus fié au jugement de la libraire que ce livre est publié par Gallimard, dans la collection "pôle fiction" destinée à la jeunesse. La quatrième de couverture précise qu'il s'est vu décerner un prix obscur "mention spéciale prix vendredi 2017", et qu'un plumitif de chez Télérama l'a jugé "diaboliquement séduisant". Bref, de quoi me faire baisser la garde, j'aurais du me méfier.

L'auteur ne s'est pas cassé la tête : il reprend les thèmes classiques du roman noir états-unisien pour adultes, et en fait une transposition pure et simple au niveau d'un groupe d'adolescents.
L'action se situe dans le Colorado (USA) : pour encore mieux vendre sa prose "à l'international" tout en jouant de la plus primaire démagogie, il insère de nombreuses références à ces chansons platement "contestataires" surtout anglophones, produites au kilomètre par l'industrie phonographique internationalisée.
Toute l'intrigue baigne dans l'ambiance glauque typique des thrillers états-unisiens : les parents se saoulent à longueur de pages – au "bourbon", évidemment – le milieu urbain est lamentable, en ruine etc. La façon de s'exprimer des jeunes est à l'avenant, ordurière à souhait, mais les montagnes, ouh là là, ce qu'elles sont belles puisque situées dans le Colorado... Bref, le cadre de l'action ainsi que le vocabulaire roulent dans la plus grande vulgarité.

En revanche, l'auteur se vautre dans ce qui constitue aujourd'hui l'une des veines essentielles de la littérature de gare, à savoir la violence la plus hideuse décrite dans ses détails les plus sordides : l'intrigue tourne ici autour d'un vagabond capturant des jeunes enfants pour les saigner en les pendant par les pieds comme des gorets, les cuisiner morceau par morceau et s'en régaler en de longues pages en italiques...

Bien sûr, les défenseurs de ce genre de littérature aussi idiote qu'imbécile évoqueront les contes peuplés d'ogres et ogresses – en oubliant que ces récits ont disparu depuis belle lurette des fables narrées aux enfants en bas âge et qu'ils ne contenaient jamais de descriptions complaisantes de la violence gratuite, bien au contraire.

Une fois de plus, je suis donc tombé de haut.
Jamais, jamais, jamais, je n'aurais cru qu'un éditeur comme Gallimard puisse publier ce genre d'horreur à destination d'un jeune public. J'avais encore des illusions.

Je vais encore jouer au vieux schnock anté-diluvien : dans notre lointaine jeunesse, les éditeurs, en France, devaient respecter la "loi du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse" qui créait la "Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence". Comme le précise – naïvement ? – l'article de Wikipedia (je cite et n'invente rien) : cette loi a été plusieurs fois amendée (i.e. vidée de son contenu par nos castes dirigeantes) et – comme toute la législation pénale française –
"elle est largement contrebalancée par la jurisprudence qui tend, depuis une trentaine d'années, à pencher du côté de la liberté d'expression"

Que ces choses-là sont ici joliment tournées ! Ces derniers mois, notre "élite" urbaine boboïsée fait semblant de découvrir – avec une horreur tartuffienne bien jouée – les ravages de la pédocriminalité délibérément prônée par ses propres idoles, et mise en pratique par certains de ses plus hauts dignitaires, entre autre dans le Nirvana du Science-Po germanopratin... Pour mémoire, il convient de lire et relire (cf Wikipedia) la liste des signataires de l'apologie de la pédophilie publiée à deux reprises dans "Le Monde", les 26 janvier puis 23 mai 1977 et de rappeler la courageuse intervention de la romancière québécoise Denise Bombardier, seule à s'élever contre l'ignoble Matzneff lors de sa confrontation dans l'émission "Apostrophe" sous l'oeil ahuri de Pivot en mars 1990 – c'est encore tout frais dans ma mémoire.
On peut espérer que ces Tartuffes hypocrites étendront leurs si profondes réflexions "anti-système" (sic!) à l'ensemble de la production médiatique ordurière déversée sans aucun filtre sur la jeunesse d'aujourd'hui, mais ça prendra beaucoup de temps.

En attendant ce jour improbable, à l'évidence, les parents constituent le seul, dernier et unique rempart de protection des enfants contre cette marée d'ordure qui submerge tous les médias aujourd'hui, y compris donc les imprimés. Il faudrait –entre autre – compulser tous les ouvrages mis entre les mains de nos chères têtes blondes, y compris ceux provenant des bibliothèques publiques, en acceptant de se voir traiter de vieux réac facho...

Dans notre jeunesse, nos enseignants illustraient la "liberté de la presse" en nous serinant le "J'accuse" de Zola déféndant Dreyfus. Aujourd'hui, un enseignant (S. Paty) meurt en illustrant cette même "liberté de la presse" avec les caricatures de "Charlie-Hebdo", insultantes, médiocres, dérisoires, avilissantes, d'une sottise abyssale, mais "brisant tous les tabous" selon la formule incantatoire ressassée depuis cinq décennies...
Née au milieu du siècle dernier, après la seconde grande tuerie mondiale, notre génération a bénéficié d'un contexte porteur : communistes ou gaullistes, tout le monde croyait au "bien commun", à l'avenir radieux promis par les progrès technologiques et médicaux ; l'ascenseur social fonctionnait à plein, nous en sommes la preuve vivante !
Aujourd'hui, la génération de mes petits-enfants barbote à longueur de journée dans les égouts médiatiques déversant des torrents de saletés et d'immondices, la société se décompose en groupes de "victimes" de tout et n'importe quoi, la nomenklatura boboïste écrase le bon peuple de son mépris et de ses sarcasmes macronistes, l'ascenseur social est en panne depuis vilaine lurette...

Suite à cette algarade, quelques propositions :
- pour ce qui concerne le roman ci-dessus incriminé, j'en tire la leçon qu'il ne faut plus accorder la moindre confiance à quelque institution ou éditeur que ce soit et vérifier toutes les publications transmises aux enfants
- tentons de les intéresser à des publications choisies, en les leur mettant à disposition facilement à domicile
- sauvons ce qui peut l'être, ne laissons jamais les enfants accéder aux médias sans surveillance.
- et si vous avez d'autres idées, je suis preneur.

PS : Je n'y connais pas grand chose en littérature dite de jeunesse, mais j'ai tout de même repéré les romans d'Anne Laure Bondoux l'un intitulé "Les larmes de l'assassin", l'autre "Le temps des miracles " ainsi que "L'aube sera grandiose". Que l'on ne s'y trompe pas : ces romans sont sottement classés dans le rayon "littérature pour adolescent" parce qu'ils ne contiennent aucune de ces scènes d'horrible violence et de sexe pornographique dans lesquelles se vautrent avec complaisance la plupart des auteurs d'aujourd'hui. La lecture des romans d'Anne-Laure Bondoux est à recommander à tout adulte encore "normalement constitué" (bouh, le tout vilain réactionnaire) et – surtout – appréciant une écriture littéraire de qualité.
Par ailleurs, je pense que vers douze-quatorze ans, les enfants portés sur les intrigues à suspens sont en âge de découvrir les "Maigret" de Simenon. Pourquoi pas "Les ritals" de Cavanna ? Vers quatorze-quinze ans, elles et ils pourraient se risquer dans « L'origine de la violence » de Fabrice Humbert qui met en scène une classe de collège. Je proposerai également "Le pape des escargots" et "la Billebaude" de Vincenot (auteur également du remarquable "Walther, ce boche mon ami" publié courageusement en 1954).

En tout cas, je ne communiquerai plus le moindre livre à l'un de mes petits-enfants sans avoir auparavant mis mon nez dedans.

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