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Critique de shangry


Martin Vern, je ne connaissais pas.
Il a déboulé un jour sur ma page facebook en me demandant de l'aider à trouver des amis littéraires. Ce que j'ai fait sans savoir qu'il était un auteur.
Pour me remercier, il m'a fait parvenir son livre... du Japon, en me faisant promettre de le chroniquer une fois terminé !
Je l'ai lu, et je suis tout à la fois amusé, mitigé, et satisfait.
Tout d'abord, qu'on se le dise, Martin Vern n'est pas du genre à tourner de jolies phrases qui résonneront depuis votre oreille jusqu'en votre coeur, ce n'est en tous cas clairement pas son point fort, du moins, pas dans ce livre.
Il préfère aux rotondités littéraires l'usage d'un vocabulaire et d'un style directs, coup-de-poing. Son pavé faisait 1000 pages dans sa version originelle, il en compte à peine 500 dans sa version définitive, mais on n'a jamais la sensation de "rater des épisodes". Tout est très détaillé.
Martin Vern, dans ce livre, a choisi d'être vulgaire et explicite. Je préfère vous mettre en garde. C'est loin d'être un mauvais choix narratif, mais cela risque de fermer son livre à pas mal de lecteurs. Alors si vous craignez de tomber sur des sodomies à la chaîne, des éjaculations faciales, des fellations baveuses, et si lire cette phrase vous choque, tournez les talons, fuyez : ce livre ne vous est clairement pas destiné.
Si, en revanche, vous n'êtes pas du genre à vous effaroucher facilement, alors le livre de Martin Vern n'est clairement pas indigne des lecteurs qui le parcourront. Après tout, cette démarche est peut-être moins hypocrite que certains livres dits "romantiques", où le héros semble uniquement s'intéresser à ce qui se passe sous les jupes de sa bien-aimée.
L'histoire est celle d'un amour impossible entre Emma Bo, fille de bonne famille adepte des plaisirs de la chair, mariée à un ponte de l'industrie française par "décret parental", et Antoine, un instituteur jeune et sans le sou. le décor est celui d'une ville imaginée mais pas imaginaire, l'auteur avouant que son histoire est autobiographique.
Le livre débute à la fin des années 70, et se poursuit jusqu'à notre époque, en se focalisant sur la période 80-90, époque de l'explosion du "business" pornographique, marquant le début d'une certaine surenchère dans les pratiques sexuelles et d'un changement des mentalités. Au-delà donc de son histoire d'amour, l'auteur nous livre une réflexion profonde et parfaitement cohérente sur l'impact de la pornographie dans les rapports homme-femme. Il utilise pour ce faire son héroïne mais aussi des personnages secondaires très marqués, ainsi qu'un auteur fictif dont les quelques interventions font réfléchir.
On peut donc parler d'un bouquin artificiellement vulgaire mais vraiment intelligent, comme Gainsbourg dans sa période Gainsbarre (l'auteur cite d'ailleurs plusieurs fois l'homme à la tête de chou dans ses pages).
Sur la forme, on regrettera que certains passages aient bénéficié d'une finition hâtive, en effet, on peut lire 50 pages sans rencontrer de coquille, puis tomber sur quelques paragraphes où les participes passés sont mal orthographiés.
Dans l'ensemble, et sous réserve qu'on ne soit pas absolument réfractaire à la vulgarité inhérente aux passages les plus crus du livre, on passe toutefois un bon moment de lecture. L'auteur nous décontenance parfois tout à fait, avec par exemple un chapitre entier écrit sous forme théâtrale.
Je ne sais pas si l'auteur retrouvera son Emma Bo ( il confesse dés le début avoir écrit ce livre pour la retrouver), mais je lui souhaite bonne chance.
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