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EAN : 9782221217108
312 pages
Robert Laffont (10/01/2019)
3.67/5   12 notes
Résumé :
Pour la première fois, neuf magistrats racontent leur tumultueux passage en Corse, entre emprise mafieuse et ambiguïtés de l'État.
" Il ne faut pas rester trop longtemps en Corse. Il faut agir dans la légalité, se garder de certaines fréquentations et, surtout, se tenir éloigné de certaines opérations "barbouzardes'. " Ces mots, prononcés par le magistrat Jacques Dallest, révèlent toute la complexité du travail de la justice sur l'île.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« J'ai le sentiment qu'en Corse, même les affaires les plus “simples“ ou “banales“ prennent souvent une tournure particulière. Tout est rapidement “symbolique“ et cristallise les grandes questions qui traversent la société corse : Quelle place accorde-t-on à l'État et à la justice au sein de la “famille corse“ ? »

Cette phrase d'un des neuf magistrats qui témoignent dans Juges en Corse sous la coordination éditoriale de Jean-Michel Verne résume bien le livre, sans pour autant qu'elle y trouve une réponse…

Un livre dont je ressors partagé : certes, l'intérêt et la convergence de tous ces témoignages réunis est aussi instructif qu'affolant, passant en revue par ceux qui l'ont vécue la petite histoire corse de ces vingt-cinq dernières années, cachée derrière la grande trop rapidement racontée – et raccourcie – dans les médias. Certains diront renoncement, compromission, faiblesse de l'État… Les juges leur répondront conscience professionnelle, ténacité, courage, compromis et découragement parfois, mais abandon jamais.

Mais il n'en reste pas moins que cette accumulation de témoignages revient (trop) souvent sur les mêmes faits historiques, sans que la diversité des points de vue ne leur apporte d'éclairage nouveau. Sans remettre en cause le choix de l'auteur, un traitement chronologique dans un format choral aurait sans doute été plus intéressant à suivre.

Il reste à la fin un sentiment un peu désabusé que ce joyau magnifique s'enfonce peu à peu dans une évolution mafieuse à défaut d'être nationaliste, inéluctable et un brin incompréhensible.

Merci à Babelio et à Robert Laffont pour cette lecture en masse critique.
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Jean-Michel Verne a regroupé dans ce livre les témoignages de neufs magistrats ayant successivement exercé en Corse sur la période allant du début des années 90 au milieu des années 2010 : Roland Mahy, Bernard Legras, Philippe Toccanier, Patrice Camberou, Jacques Dallest, Claude Choquet, Guillaume Cotelle, Nicolas Bessone et Romain Manie-Simon.

Les constats qu'ils tirent de leurs expériences, au parquet ou en tant que juge d'instruction, sont globalement les mêmes. La société corse a une vraie soif de justice, mais elle se défie de l'institution judiciaire. Les coups de main informels, les compromissions, les décisions illégales des décideurs politiques (notamment en matière d'urbanisme), concourent au sentiment que tout se règle en coulisse. Jusqu'à très récemment, et la mise en place de dispositifs pour les repentis, personne ne parle. le silence est la règle et la criminalité organisée s'est installée et perdure sur ce terreau.

Les premiers intervenants insistent sur la porosité entre organisations nationalistes concurrentes et criminalité organisée. Les oppositions entre les différents mouvements conduisent à des règlements de compte, liées manifestement au contrôle d'activités crapuleuses. L'État semble avoir été obnubilé dans les années 90 par la chasse au terrorisme, négligeant le travail de fond sur les activités criminelles, qui se déroulent autant si ce n'est plus sur le continent qu'en Corse. le sommet de cette période est atteint en 1998 avec l'assassinat du préfet Erignac.

Quand, faute de moyens pour traiter l'ensemble des problèmes, la justice a pu s'intéresser dans le détail à l'action de groupes organisés comme la Brise de mer, il était trop tard. Malgré l'amélioration de la connaissance des activités criminelles menées en Corse grâce à de nouvelles formes d'organisation judiciaire avec notamment la création des Juridictions Inter-Régionales Spécialisées (JIRS), notamment celle de Marseille, la Corse subit une emprise mafieuse. La Corse ne compte que 300 000 habitants, mais il y a là-bas chaque année plus d'homicides qu'à Marseille.

Ce livre est inquiétant en ce qu'il traduit l'incapacité des institutions de la République à faire régner partout les mêmes règles. Un constat qui n'est pas forcément limité à la Corse...
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Neuf magistrats apportent leur témoignage sur les difficultés rencontrées leur de leur affectation en Corse. Ils racontent les menaces, les attentats, la mafia, les grand banditisme régnant en maîtres sur l'île et surtout le poids de l'omerta régit le tout.

Ces témoignages sont saisissants. Je me suis trouvée d'une grande naïveté à cette lecture car, dès le 1er témoin, je trouvais quasiment inconcevable que dans un pays comme la France, à la fin du 20ème et 21ème siècle, il puisse y avoir ce type de "zone de non-droit" où mafieux et bandits agissent en quasi-impunité.

Au fur et à mesure de la lecture, on se dit que tous ces magistrats, sur une décennie, ne peuvent pas avoir inventé de telles histoires.

Difficile de dire si, au final, j'ai aimé ce retour à la réalité mais en revanche, j'ai apprécié cet ouvrage...
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C'est un livre instructif de la vie en corse pour les personnes en fonction dans le domaine judiciaire et très éloquent. Bien sûr il y a des choses que je savais, mais souvent je n'avais pas idée jusqu'où les événements pouvaient aller et jusqu'où les juges sont limités dans leur travail.
Par ailleurs, je ne m'étais pas forcément rendu compte qu'il y avait eu autant de morts en Corse à cause de cette mafia. Certains noms me reviennent en mémoire, mais certains et finalement beaucoup me sont inconnus.
De ce que je retiens, c'est que les juges en général ont été contents de pouvoir apporter leur aide à la Corse, mais sont aussi contents de pouvoir retrouver une vie normale en retrouvant des fonctions moins à risque.
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Recueil de témoignages de plusieurs juges ayant occupé des fonctions en Corse. J'ai trouvé cela intéressant car il y a beaucoup d'anecdotes. Je suis plus habituée à lire des enquêtes de journalistes sur ce sujet et je trouve que cela donne un nouvel éclairage.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J’ai le sentiment qu’en Corse, même les affaires les plus « simples » ou « banales » prennent souvent une tournure particulière. Tout est rapidement « symbolique » et cristallise les grandes questions qui traversent la société corse : Quelle place accorde-t-on à l’État et à la justice au sein de la « famille corse » ?
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Pour résumer, être magistrat instructeur en Corse implique de suivre trois principes : profiter au maximum des avantages que procure l'île en matière de nature et d'environnement ; retourner régulièrement sur le continent ; et, encore une fois, le plus important, bien veiller à la qualité de ses relations.
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Le procureur me fait comprendre que cet attentat aussi important soit-il, n'est qu'un événement parmi tant d'autres à cette époque en Corse. Son attitude témoigne de la fatalité qui s'installe sur l'île.
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Encore une fois, mener une action cohérente et efficace contre le blanchiment doit conduire à priver les malfaiteurs de leurs avoirs bien mal acquis. Cela implique de démonter un à un les maillons participant aux opérations de dissimulation.
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