Comme un père de famille, le Tzar moscovite reste au milieu de ses sujets. D'un patissier il fait son ami, et il élève à son glorieux trône impérial une humble servante. Quant il boit, ses manières sont détestables, et il traite les femmes à la française. Mais sa première parole et sa dernière sont toujours : "Pour le bien de la Russie." Le roi Carolus, lui, abandonne ses États comme un monceau de cendres fumantes, et il n'a pas un seul ami, même parmi ses proches.Le roi Carolus est plus seul que le plus pauvre valet des équipages. Il n'a même pas les genoux d'un camarade pour y pleurer à son aise !
Depuis quelques minutes les dernières salves s'étaient tues et déjà le calme s'étendait sur le champ de bataille où les innombrables Zaparogues et les derniers Cosaques de Mazeppa qui avaient survécu étaient cloués à des pieux. Les fermes et les moulins étaient brûlés, les arbres déchiquetés et les héros morts, couverts de cendre et de terre ; ils avaient les yeux grands ouverts comme si, de l'autre monde, ils eussent regardé les vivants et les années passées.