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3,72

sur 526 notes
Chaos calme...

Difficile de parler de ce livre qui m'a bousculée, et je tangue encore en y pensant.



Le deuil sidérant, celui qui fait agir à l'encontre de ce que les autres attendent, voilà ce qui a touché Pietro. Il est bien plus touché que ce qu'il croit : il attend la vague du chagrin, la redoute, évite dans un premier temps, les sujets qui vont la faire déferler puis peu à peu, se risque, repense, prononce des noms, se remémore des lieux, des êtres croisés... Toujours rien, enfin façon de parler parce qu'entre temps, il décide de déserter le bureau, celui où se joue la fusion du siècle, déserter ce lieu d'angoisse, de questionnement, de rivalités comme le sont tous les lieux en mutation.
Et donc, il décide d'établir " sa base" devant l'école de sa fille. Il y passe ses journées, y travaille, reçoit dans sa voiture, au café ou sur un banc quand le temps est clément, observe - ce qu'il n'avait sûrement ni le temps, ni l'idée de faire auparavant - et voit arriver à tour de rôle, ses collègues et supérieurs qui viennent lui parler...de leurs propres soucis, de leurs propres atermoiements tout comme ses proches, qui en plus de s ‘épancher auprès de lui lui mènent la vie dure par leur colère soudaine.

Et Pietro qui vit déjà dans un équilibre fragile devient le réceptacle des malheurs d'autrui…
Et surtout, il s'interroge, analyse sa vie et les grandes questions qui en sont la trame, ses rapports aux autres, ce que les autres font de leur existence, à quel prix. Et finalement, il découvre là, une façon de retrouver éventuellement une place parmi ses semblables.
Et c'est encore plus vaste que cela...



C'est drôle souvent - j'ai pensé à certaines scènes de comédies à l'italienne, à l'univers de l'acteur Totò dans ce registre, où les paroles ne cessent que quand l'absurdité est évidente , c'est émouvant, tout autant, on regarde, comme Pietro, différemment ce qui fait une journée, une vie, une rencontre. C'est grivois, et même cru aussi, à certains moments, quand Pietro" pose les yeux" sur la gente féminine pour ne dire que cela. Et c'est bouleversant quand c'est le regard du père qui se pose sur cette petite fille qu'il essaye de protéger avant tout, une très belle évocation de cet amour.

J'ai beaucoup apprécié d'être constamment dans l'esprit de Pietro, d'entendre sa voix commenter et analyser ce qui se dit. J'ai aimé cette rencontre avec Mattéo, l'enfant handicapé, le seul finalement qui comme Pietro regarde le monde à travers le prisme des sensations...



Un livre comme une intranquillité...
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Voici un livre magnifique, étonnant, atypique sur le sens de la vie ou plutôt la renaissance à la vie.
C'est intelligent et fin, très bien écrit et parfaitement construit.
Sandro Veronesi est un excellent observateur du quotidien, il a le sens des dialogues, des situations, de l'humour également.
Une histoire de deuil, de reconstruction, de doute, des choses du quotidien.

Ce livre a été adapté au cinéma par Antonello Grimaldi (avec Nanni Moretti dans le rôle principal).

«Chaos calme » à été récompensé par le Prix Strega 2006, l'équivalent italien du Goncourt. Également Prix Femina Étranger 2008 et Prix Méditerranée Étranger 2008.
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Le récit commence par la description d'un sauvetage.
Deux frères secourent chacun une femme de la noyade.
Pietro sauve la sienne et la description de ce sauvetage est à la fois terrible et grotesque. Il faut le lire pour le croire. C'est un drôle de mélange, intense, désespéré et extrêmement drôle.
A leur grand dépit cependant, personne ne remarque leurs sauvetages heroiques.
Au même moment, pendant que Pietro sauvait cette femme, celui-ci apprend que la sienne est décédée d'une rupture d'anevrisme devant sa petite fille de 9 ans.
Pietro décide alors sur un coup de tête de passer ses journées devant l'ecole de sa fille. Il attend que la douleur le terrasse mais curieusement, la douleur attendue ne vient pas. C'est plutôt la douleur des autres qui vient à lui. Celle de ses amis, collegues et famille qui se confient à lui et laissent tomber les masques.
Chaos calme, quel beau titre.
Une belle reflexion, émouvante.
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Le deuil est une situation critique qui fait parfois faire des choses étranges.
Étranges?
Peut-être pas.
Lara, l'épouse de Pietro, décède brutalement au moment même où lui et son frère Carlo sauvent deux femmes de la noyade. Enfin, pas vraiment l'épouse, ils devaient se marier peu de temps après, mais ils étaient en couple depuis longtemps et avaient une fille, Claudia, de dix ans et demi.
Le décès est survenu pendant les vacances aoûtiennes, alors quand vient la rentrée des classes Pietro décide de rester toute la journée devant l'école de sa fille. Un jour, deux jours, une semaine, deux, ...
Il faut dire qu'à son boulot, une chaîne de télévision où il a un poste important, c'est la merde. le groupe auquel appartient la chaîne, déjà repris par des Français, est en passe de fusionner avec un groupe américain. Chacun est stressé et essaie de sauver ses fesses.
Bref, rester travailler dans sa voiture, devant l'école de sa fille, est un bon moyen pour échapper à tout ça.
Mais le plus curieux c'est que Pietro ne ressent pas la douleur de la perte.
Non, je n'ai pas divulgâché ce roman. Ceci n'est que le point de départ des aventures de Pietro devant l'école de sa fille, aux prises avec sa famille, ses amis, ses collègues, ses patrons.
Et cela donne un très bon roman, original, sensible, surprenant, drôle. Rien de convenu. Précisément c'est le chemin d'un homme qui cherche sa voie personnelle face aux conventions sociales, à ce que les autres croient qu'il ressent. Et bien sûr ils trompent.
Bien sûr?
Et si c'était Pietro qui se trompait?
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Chaos calme de Sandro Veronesi (Grasset - 505 pages )

Voici un roman original qui va vous surprendre tout le long du livre jusqu'à la fin.
En lisant j'entendais l'accent chantant de l'Italie.
Deux frères, Pietro et Carlo sur la plage alertés par des cris se jettent à l'eau pour sauver deux femmes de la noyade.
Malheureusement pendant ce temps Lara, la femme de Pietro meurt brusquement devant leur fille, Claudia.
Pietro au fil des jours restera devant l'école de sa petite fille.
Vous pensez que vous allez vous ennuyez, pas du tout. Incroyable l'observation des journées dans une rue devant l'école... Pietro attend que la douleur le terrasse et il a peur que sa fille dans sa bulle s'effondre.
Finalement les gens viennent le voir et s'épancher....
Loufoque, poignant, tordant et plus encore. Vous allez connaitre Pietro intimement et Pietro va également se découvrir.
Géniale l'histoire de ce Chaos calme. A mon avis il peut faire réfléchir sur nous-mêmes !
Bonne lecture
Mireine
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J'ai bien du mal à comprendre le prix Fémina attribué à Chaos Calme de Sandro Veronese. Car « m'enfin », c'est bien Pietro Paladini qui est le personnage central de ce livre, et non les jeunes femmes, son épouse Lara, sa soeur Marta, ou la somptueuse Eleonora Simoncini.

Cette dernière est bien l'une des deux jeunes femmes sauvée par Pietro alors qu'elle se noyait sous l'oeil benêt de son mari; de cette entrée en scène et du décès accidentel au même instant de Lara, Pietro en concevra une blessure, qui m'a semblé se dissiper bien vite.

Malgré le deuil qui frappe Pietro et sa fille Claudia, l'auteur nous offre, avec la somptueuse Eleonora Simoncini, 18 pages de fièvre torride, totalement explicite, d'une intensité à faire se dresser sur la tête, la tonsure d'un cardinal napolitain.

Je pensais que le passé de Lara serait exploré, autant pour faire vivre auprès de la très jeune orpheline quelques images fortes de la vie de sa maman, que pour la câliner et la rassurer, "oui c'était un accident nous n'y sommes pour rien." 
Ce sujet est brièvement traité , le papa l'esquivant, par respect pour Lara, ou pour s'abstenir de découvrir une fâcheuse double vie. Lara n'était pas heureuse ? Piétro lira ce seul mail, p155 " Je te bénis Lara , d'avoir été à mes côtés" signé Gianni!
D'un clic le courrier de Lara n'existe plus. Fin de la 1ère partie.

N'ayant pas trouvé d'autres motifs, pour saluer le prix Fémina, je me suis mis, en perspective sur l'autre versant de ce roman l'immobilité de Pietro, son deuil, sa recherche d'une reconstruction pour rester tous les jours en contact avec sa fille, bref, devenir un vrai père

Sa voiture garée au bas de l'école va être adoptée par les passants, la police, la famille et surtout l'entreprise en pleine fusion. Ce point de rencontre va être une curiosité, puis s'installer dans un rôle de confessionnal et enfin atteindre l'antichambre du pouvoir.

C'est Marta qui ouvre le bal des palabres qui se tiendront sur le divan de la voiture de Pietro. Marta viendra titiller le beau frère, l'ancien amant, le confident de toujours, Pietro ne dira jamais si la Reconquista sera possible, le coeur de Pietro est bien un coeur d'artichaut, qui a sans aucun doute des facilités à roucouler.


La venue de Jean Claude puis du chef du Personnel, signent la savoureuse farandole des dirigeants. Ils seront tous intrigués par l'attitude de leur poulain. Plus Pietro repousse les offres plus celles ci deviennent alléchantes particulièrement aptes à offrir à Claudia un avenir sympathique et sécurisé. Son renoncement souligne l'envie qu'il a enfin de vivre la vrai vie.

Le confessionnal sera le lieu d'une rencontre décisive entre Steiner et Pietro Paladini, mais curieusement le motif ne sera pas centré sur la fusion en cours mais sur la Shoah ?

C'est l'une des subtilités du livre, susciter en permanence les contre-pieds, et déstabiliser le lecteur. J'ai adoré cette partie du roman ou les acteurs s'observent se jaugent, un festival de manoeuvres, un poker subtil dont notre héros sortiras grandi. J'ai regretté des longueurs, qui ralentissent, la lecture sans améliorer le suspens.

La fiction me semble t-il abandonne trop tôt Lara à son paradis, petit fantôme qui apparaît de temps en temps et assez curieusement à la dernière ligne du livre : « et maintenant vous voulez bien me passer Lara », m'a semblé un peu court pour rendre à Lara une épaisseur romanesque.

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Voilà ! Je l'ai enfin fini ce pavé ! J'ai cru que je n'y arriverais jamais.... pourtant ça avait bien commencé. Dès le début, le récit, ou plutôt ce que vit Pietro (le narrateur) m'a beaucoup fait penser à Demolition, le film de Jean Marc Vallée. Un homme qui doit faire face au deuil de sa femme, mais dont la réaction n'a rien à voir avec les réactions de deuil "normales" de celles qu'on nous montrent dans les films, à la TV...
Alors forcément, avec un tel commencement, je me suis dit que c'était infaillible, il allait forcément se passer quelque chose... quelque chose de fort, quelque chose d'énorme....
Alors j'ai attendu, attendu (mais elle n'est jamais venue ZaïZaï ZaïZaï)... et au bout d'un moment j'ai commencé par me lasser un peu.
Et finalement, c'est un peu la culpabilité de squatter ce livre depuis si longtemps alors que c'est une sélection de mon club de lecture, et que d'autres attendent que je le rende pour enfin si plonger (ou s'y noyer), qui m'a pousser à le finir enfin, pour le rendre dès le début de la semaine.
Plus de 500 pages, pour ça... pour finir par une dernière phrase que je ne comprends pas.....
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sur ce coup, je suis mitigée, je ne peux pas dire si j'ai aimé ou pas, c'est moitemoite ! je dirais : pas terrible, malgré le côté original de la situation que vit cet homme, mais je me suis ennuyée comme ce n'est pas possible, plus de 500 pages autour ou dedans une voiture à tenter de trouver une issue au deuil et à la fusion de son entreprise, ce n'est franchement pas passionnant. Malgré tout il y a des situations et des personnages qui m'ont plu, mais ça s'arrête là. Donc je n'irai pas plus loin, et c'est dommage je me faisais une joie de lire ce chaos calme et aussi la suite qui est sortie dernièrement que je ne lirai pas.
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« Je ne peux pas continuer. Je vais continuer. »





Le soir où j'ai commencé ce roman, j'étais épuisée. Je l'ai pris en me disant que j'allais me contenter de lire quelques pages, juste pour me faire une idée, pour prendre la température. Je prévoyais de toute façon de m'endormir dessus, comme il m'arrive souvent, que le livre soit bon ou pas. Je pensais de toute façon à mon réveil scandaleusement matinal 7 heures plus tard. Il ne fallait pas que je traîne...


Mais j'ai été happée.


Et réveillée pour de bon.



Pietro, le narrateur, est sur la plage avec son frère. C'est la fin de l'été. Des voix attirent leur attention. Deux femmes sont en train de se noyer.


Pietro nage d'un côté, son frère de l'autre, chacun vers l'une de ces femmes.
Des pages et des pages. Pietro raconte par le menu son sauvetage héroïque d'une femme hystérique.
La narration incroyablement rythmée, les longues phrases cadencées, toutes les pensées de Pietro, désespérées, ironiques, souvent insolites, plongent le lecteur dans cette lutte violente des deux corps.


.....
Je me suis levée, ai tourné en rond quelques minutes. Enervée : un peu inquiète parce que le temps filait, parce que le sommeil m'avait échappé. Parce que le livre était là sur mon lit.

Je me suis recouchée... J'ai continué.



Alors que Pietro s'illustrait sur la plage et permettait à une femme de continuer de vivre, au même moment une autre femme, la sienne, mourait d'une rupture d'anévrisme.
.....
C'est la rentrée des classes. de retour à Milan, Pietro accompagne sa fille de 10 ans, Claudia, à l'école. Alors qu'elle le quitte pour rejoindre sa classe, il la rappelle et, sans y croire lui-même, lui fait la promesse de rester devant l'école, toute la journée, de l'attendre là jusqu'à ce qu'elle sorte.


Ce premier jour, Pietro tient sa promesse. La petite ne manifeste encore aucun désespoir après le décès de sa mère, mais on ne sait jamais, ça pourrait lui tomber dessus sans prévenir, il faut qu'il soit dans le coin, au cas où.


Il passe la journée du lendemain au même endroit, et toutes celles qui suivent.
Automne. Hiver.


Sa fille n'a pas encore reçu le coup sur la tête. Pas de crise, pas encore.

Pour lui non plus, pas encore de chaos. Sa vie a continué, calme. Il ne s'est pas encore effondré et cela le sidère.



Ce sont les autres, ses collègues, sa belle-soeur, son frère, qui, étrangement, s'agitent autour de lui, et viennent le voir, dans sa voiture ou sur le banc du square, toujours devant l'école. Viennent déverser sur lui leur souffrance.


Lui reste en suspens. Il observe et commente ces désordres, les mouvements furieux de la vie, en attendant...



"Je ne peux pas continuer. Je vais continuer" est une citation de Beckett, mise en exergue.
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Retour de lecture sur "Chaos calme" de Sandro Veronesi publié en 2005, dans sa version originale italienne. C'est l'histoire d'un quarantenaire, père d'une adolescente, qui vit à Milan et qui a bien réussi dans la vie, dont la femme décède brutalement juste avant leur mariage. Pour soutenir et accompagner sa fille suite à ce décès, il décide de passer ses journées devant son école et désormais d'organiser sa vie à partir de là. On assiste alors à un défilé de tous ses proches, qu'ils soient privés ou professionnels, qui viennent le voir. Ils ne comprennent pas son choix, de vivre désormais devant cet école, et sont eux mêmes totalement déstabilisés par cela. En prenant le décès de sa femme en prétexte, l'auteur sort son personnage de son environnement social en lui faisant faire un choix de vie qui peut paraître totalement absurde et qui lui permet d'observer de l'extérieur l'agitation de son monde, ce chaos calme. Veronesi nous livre une réflexion sur le fonctionnement de nos relations sociales et de la vision souvent très faussée que nous pouvons avoir de celles-ci. Une conclusion semble être que les gens s'intéressent beaucoup moins à nous que nous pouvons le penser, et quand ils s'intéressent à nous c'est surtout, et presque toujours, à travers le prisme de leur propre vie et de ce que nous leur renvoyons d'eux-mêmes. Les premières visites qui avaient pour but de consoler ce père dans le deuil, sont en fait un prétexte pour les visiteurs de parler de leurs propres malheurs et angoisses. Ce livre nous pousse ainsi à la réflexion sur le sens de la vie, sur notre routine de vie, sur les choix que nous avons à faire et sur le courage qu'il faut pour les faire. Certaines scènes, heureusement rares, sont à la limite du grotesque et gâchent un peu cette lecture, mais celle-ci reste globalement très agréable. Elle nous fait réfléchir sur plusieurs thématiques, tout en nous  plongeant dans une ambiance plutôt sympathique, toute italienne.
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