Dans ce livre
François-Xavier Verschave nous dévoile les faux-semblants de la décolonisation et la manière dont la France a tenté de garder la mainmise sur ses anciennes colonies. Installer un gouvernement fantoche par exemple, est la meilleure manière de garder la main, et de conserver un accès prioritaire aux ressources du pays en échange d'un support inconditionnel.
Le discours est bien construit, tout est bien démontré, j'ai quand même quelques réserves car l'auteur semble assigner tous les maux du continent africain à la Françafrique, ce qui est un peu exagéré. Il dit que Sassou Nguesso a été remis au pouvoir grâce à l'intervention de pays étrangers, soit, parmi eux se trouvait l'Angola qui ne fait pas à ma connaissance partie du pré carré français en Afrique.
Il dénonce également le franc CFA, instrument d'oppression des pays qui l'utilisent. Il oublie de parler des pays voisins dont la monnaie soutenue par personne s'est complètement écroulée pendant les dernières décennies. La monnaie du Nigeria, ou pire encore celle du Zimbabwe, ne valaient même plus le prix du papier sur lequel elles étaient imprimés. Beaucoup de pays africains auraient payé beaucoup plus cher leurs importations sans la garantie du CFA.
Dernier point critique, l'auteur écrit que "Les états néocoloniaux n'ont aucun intérêt au développement économique". Surprenant, aucun dirigeant corrompu ou non n'a intérêt à ce que son pays soit pauvre. On peut citer l'exemple de la Tunisie sous Ben Ali, ou la famille régnante (le clan Trabelsi), prenait 10% des profits des entreprises. Ils avaient tout intérêt à ce que l'économie fonctionne puisqu'ils prélevaient un pourcentage des bénéfices. Évidemment on peut qualifier leur attitude de dictature éclairée quand on la compare à un Mobutu qui piquait dans la caisse en se moquant pas mal du reste.
J'ai beaucoup aimé la partie sur les paradis fiscaux et leur énorme impact sur les politiques sociales des pays occidentaux. Sachant que les entreprises peuvent facilement délocaliser dans des paradis fiscaux (les iles anglo-normandes ou le Luxembourg sont juste à côté de chez nous), les gouvernements sont obligés de ne pas trop les taxer pour éviter la fuite des capitaux. du coup les entreprises sont taxées très légèrement, ce qui diminue les revenus des états et met en danger la politique sociale. C'est un problème dont on parle rarement, merci à l'auteur de l'avoir exposé publiquement.