Tarjei Vesaas5/5
2 notes
Etre dans ce qui s'en va : Edition bilingue français-norvégien
Résumé :
Là où ses romans, ses nouvelles ou ses pièces de
théâtre proposent une fragmentation du réel, une représentation volontairement limitée des stratégies initiales d'approche du vide et de l'éternel, des escarmouches du bien et du mal et de l'affrontement terminal entre le néant et le désir de vivre, les poèmes de Vesaas recomposent eux l'éphémère totalité de l'expérience humaine dans son unique et vain cheminement - " Tout est pur et maintenant. Et bientôt fini...
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Calme est la surface
Calme est la surface
au pays des flammes,
rien n'est visible,
tout est en équilibre.
Mais des choses ont cours
à cet instant,
tel l'éboulement chaud
au cœur des montagnes.
Ils le savent, les rares
qui ont vu à travers les fissures
et senti la chaleur frapper.
Les gens sont attirés par les gens
dans une faim de flammes sur plus de mille lieues
- et, les yeux dans les yeux,
l'un pour l'autre, perdent soudain l'incertitude
quant à la vérité sur la profondeur du feu
et la rencontre sauvage des flammes.
Plus court que court, toutes les choses durent quand même.
Tout dure plus longtemps - près d'une multitude innombrable.
Strident, le jour de la moisson chante en juillet.
Quiconque a atteint
le soleil est tombé.
D'étranges odeurs brûlent, enivrent le cœur
dans le rêve et les visions sauvages du soir.
L'œil du dieu repose
sur la terre en miettes.
Au plus profond du royaume
de nouveaux scarabées foulent de vieux restes,
croient les vieilles racines.
Les mêmes racines tendres,
toujours autour des pierres,
sombres, humides et toujours.
Emplies de forces aveugles.
Emplie de non-né
dans un vent nocturne
Vis, notre rêve
1.
Vis,
notre rêve.
Sois toujours aussi neuf.
L’oiseau dans les nuages de nacre.
Haut, haut
– et jamais tu ne viens jusqu’ici,
car nous,
tout en bas,
t’avons lancé dans les airs.
Et la couleur dans les nuages de nacre
nous étonne, nous réjouit.
Elle est nôtre et nous le savons bien.
Mille joies
et dix mille peines
montent de la terre
et brillent étranges.
2.
La mort avant que nous mourrions
est tapie dans cette nuit,
dans toutes les nuits.
Elle vit sans cesse
en face et nous fixe
tel l'obscur mystérieux
venu du puits sec
où il n'est plus de rêve.
Froide, nous attirant à elle,
elle reste ouverte – et pour nous.
C'est tout ce que nous savons,
là où il n 'y a plus de rêve.
Mais le puits vit dans son fond,
si bien que ce qui habite là
a eu sa part et veut davantage.
Il brille dans le brouillard de la nuit
tel un point obstiné.
Il brûle son incendie froid
aspirant l'oiseau de nacre
comme les yeux d'un serpent immobile.
3.
A qui parlons-nous
quand nous nous taisons ?
Nous en avons besoin
pour notre voyage inconnu.
Nous en avons besoin
de manière à le sentir à nos côtés
dans l’obscur
comme lorsqu’un bon ami y respire,
respire profond dans les nuits.
Plus loin que loin,
cela est plus proche que rien d’autre.
Dans le cœur intime du germe
où la lumière n’est pas,
mais rien que nous,
là où personne n’a été,
là où je suis toi
sans un mot.
Toi qui nais
dans la toute bruissante jeunesse.
Un jeune homme derrière sa clôture
pourrait mourir pour toi
et le fait aussi en secret.
C’est pourquoi ton voile fin
peut être là comme les primevères
de la prairie un matin d’été.
Sans un bruit tu disparais dans l’origine,
ta secrète puissance.
Sois neuf,
tu portes notre nom
et nos traits.
Tu portes nos vies
à jamais.
Vis, notre rêve (extrait)
La mort avant que nous mourrions
est tapie dans cette nuit,
dans toutes les nuits.
Elle vit sans cesse
en face et nous fixe
tel l'obscur mystérieux
venu du puits sec
où il n'est plus de rêve.
Froide, nous attirant à elle,
elle reste ouverte - et pour nous.
C'est tout ce que nous savons,
là où il n 'y a plus de rêve.
Mais le puits vit dans son fond,
si bien que ce qui habite là
a eu sa part et veut davantage.
Il brille dans le brouillard de la nuit
tel un point obstiné.
Il brûle son incendie froid
aspirant l'oiseau de nacre
comme les yeux d'un serpent immobile
Arbre las
Dans une vallée
où personne ne s’aventure,
le plus grand arbre
est tombé,
large étendu,
branches et branchelettes
pressées contre terre
comme dans l’étreinte
qui suit un infini désir.
Il s’est jeté en avant
sans qu’on sache pourquoi
car aucune tempête n’a soufflé.
Mais il est là,
comme proche de son but.
Il est là, à terre, aveugle et mort,
ne veut qu’une chose
et l’obtient
– car l’herbe a déjà commencé
la pièce tranquille et saisissante
qui se jouera ici.
L’herbe a déjà commencé à pousser
entre les branches.
Elle poussera longtemps à l’abri, là,
fanera et tombera au dehors telle
une chevelure fauve en automne.
Et l’année prochaine elle poussera encore
plus haut et enveloppera encore plus,
et le moisi et la mousse commenceront
leur envahissement caché.
Puis l’herbe poussera et tombera,
poussera et tombera.
Avec le temps,
l’appétit du moisi et de la mousse,
l’arbre sera étendu immobile
plus profond et plus profond dans son étreinte,
commencera à devenir l’autre –
et l’herbe pousse et retombe
telle une chevelure pâle, familière
– puis tout a disparu depuis longtemps
et cent ans ne sont rien
qu’un battement de cil
en regard de ce qui dure.
Les collines de chez moi
Je salue les fleurs,
je salue les pierres,
je salue les collines,
je salue les vieilles gens
à la vie dure
imprimée sur leur visage.
Elles disent :
heureusement, tu es de retour
Nous avons pensé à toi.
Je suis surpris d'entendre ces mots.
Le visage d'en face
est comme un billot cordial.
À la fin, je me sens
vraiment rentré chez moi.
« […] Liv ved straumen parut à l'automne 1970 […] quelques mois après la mort de son auteur […].
« […] par-delà ce qui se dit, en résonance, jusque dans l'espace de ce qui ne se dit pas ou bien de ce qui n'est pas dit […] ; là, semble-t-it, se joue l'un des aspects les plus marquants de l'oeuvre de Tarjei Vesaas […]. » (Olivier Gallon)
« Romancier, nouvelliste et poète norvégien, Tarjei Vesaas (1897-1970), fils de paysan, hésite longtemps entre le métier de son père et l'écriture. Il écrit en néonorvégien (nynorsk) et atteint une notoriété nationale et européenne en 1934 avec le Grand Jeu. Il publie deux grands romans après la guerre : Les Oiseaux et le Palais de glace. » (Yvon le Men)
« […]
[…]
Ma maison est un tumulte insensé,
de miroirs et de portes,
et c'est ainsi qu'elle restera. »
(Tarjei Vesaas, de la vie dans ma maison)
0:00 - 1er extrait
0:36 - du perron
1:11 - le voyage
1:49 - le chemin
2:11 - La graine semée à l'aveugle
2:34 - Par de sombres défilés
3:13 - Générique
Référence bibliographique :
Tarjei Vesaas, Vie auprès du courant, Traduction de Céline Romand-Monnier, Éditions La Barque, 2016
Image d'illustration :
https://snl.no/Tarjei_Vesaas
Bande sonore originale : REW - Swimming With Kawatora
Swimming With Kawatora by REW is licensed under an Attribution-Noncommercial-Share Alike 3.0 United States License.
Site :
https://freemusicarchive.org/music/REW_1123/Swimming_with_Kawatora/Swimming_With_Kawatora_1254
#TarjeiVesaas #VieAuprèsDuCourant #PoésieNorvégienne
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