Savoureux! Ce livre est savoureux! Aussi bien au niveau des personnages, de l'intrigue, des rebondissements, que de la maîtrise de la langue.
Sérine est le personnage attachant par excellence, drôle et fin qu'on adore. La lavandière, le marmiton sont le petit peuple serviable, faible et fort à la fois, la reine est la parfaite petite peste qu'on attend, le roi est le souverain naïf rêvé, le secrétaire est un Raspoutine de pacotille mais bien méchant tout de même... Et Léon, ah Léon...
Rebondissements (au propre comme au figuré), rythme virevoltant, on ne s'ennuie pas 1/2 seconde à la cour, avec Sérine en guide et maître.
Et que dire de la langue! La langue française est maniée avec talent et drôlerie, avec finesse et sans essoufflement.
Un petit régal!
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La vie de demoiselle de compagnie de la reine ne s'avérait pas de tous repos. Dès potron-minet, toutes les pauvres marionnettes choisies se surpassaient de blanc poudré, de mouche bien placée, de soies enrubannés pour divertir la régnante facétieuse qui avait ajouté d'autres fêtes à son anniversaire. Des non-anniversaires.
Serine en aurait apprécié la fantaisie et l'idée si chaque faux-pas ou disgrâce d'une demoiselle de compagnie n'était pas sanctionné d'un blâme ridicule qui offrait triste spectacle, amusait une cour gourmande de scandales.
Ce récent destin devait assurer à Serine un bel avenir et mettre sa famille à l'abri du besoin depuis la mort de son père. Mais elle commençait à douter de ses possibilités de se hisser en société sans y laisser des plumes.
Bien que parfois ignorante et maladroite, son bel esprit de réparti avait amusé la reine. Les trois lui avaient mené la vie dure cependant et apporté quelques ennemis. Le secrétaire du roi qui se promène la nuit lorsque le château est bordé par le silence, Crisante la jalouse demoiselle de compagnie à la dent en or, la reine elle-même selon les jours...
Serine aurait volontiers déclarer forfait si le secrétaire ne l'avait pas précipiter infructueusement du sommet vers les douves du château. Léon, son nouvel ami et assistant du bourreau, aurait volontiers fait avouer son crime à ce loup déguisé en agneau. Mais Serine a une meilleure idée.
Camouflée bien à l'abri sous les atours du bouffon du roi, l'esprit de réparti de Serine faisait encore du sien et s'était de nouveau fait un partisan bien placé. Un roi qui s'ennuie.
Le fou est bien décidé à semer le désordre et se jouer de cette cour de spectacle en toute impunité. Prenez garde au fou du roi, c'est une pièce maîtresse qui met en échec et sait aussi jongler avec le ridicule.
Vous vous moquiez et complotiez d'un pas léger, messieurs et mesdames, et bien dansez maintenant!
: Que dire de "De Cape et de mots"? Beaucoup de choses.
Le premier roman de cette enseignante de français de formation, Flore Vesco, est une œuvre drôle, fraîche et originale.
Les atours pourraient annoncer un récit d'aventure historique de cape et d'épée qui pourrait peut-être en rebuter quelques uns, un creuset culturel amateur de bons mots ennuyeux peut-être pour les petits lecteurs. Il n'en est rien.
"De cape et de mots" pourrait être un conte facétieux, transposé dans un royaume imaginaire proche d'un royaume de Versailles de France. Le personnage de Serine rappelle presque le fameux Lagardère du roman Le Bossu de Paul Féval. En effet, avec esprit, drôlerie et légèreté, la leçon est donnée, la vengeance est un plat qui se mange chaud et il y a de la tarte à la crème au menu pour tout le monde.
Serine est un personnage intéressant. Rivalisant d'astuces et de bonnes volontés, bien qu'analphabète, la jeune fille se fait une très bonne place à la cour royale grâce à un esprit vif, créatif et bien fait. Une ode à la véritable intelligence.
Le ridicule est un opium terrible et cela pourrait donner des idées à qui voudrait se glisser dans les affaires d'un roi assommé par l'ennui, la bêtise et...peut être autre chose. Car il est vrai, il n'est pas très en forme ce roi. Une constatation qui vaudra à Serine d'être balayer de l'entourage d'une reine peu reconnaissante et balancée des hauteurs comme une affaire encombrante.
Plus dure sera la chute, pour le secrétaire du roi comploteur mais pas que.
Chassez là par la porte, elle reviendra par la fenêtre, Serine la belle innocente reviendra et ironiquement, se trouvera du côté de la royauté qui lui permettra de faire son propre ménage à la cour. Serine se joue de l'ignorance et de la véritable bêtise, à la façon d'un Polichinelle, jouant d'un pied de nez et coup de pied au derrière.
Après la reine, c'est le roi qui sera séduit par Serine déguisée en bouffon et elle remplira sa fonction avec zèle et application, le masque et la protection royale lui garantissant l'impunité. Son humour mordant, son bon sens servi en petit panier de friandises piégé fera l'effet d'un électrochoc à plusieurs titres chez ce roi nouveau, en regain d'énergie.
Reste l'affaire du secrétaire assassin. L'auteure conservera l'angle de la comédie pour la narration de cette aventure et ce, jusqu'au bout même si cela montera sans s'en rendre compte en crescendo, mettant en exergue le véritable clou du spectacle, sa drôlerie et son imagination vraiment fines.
Flora Vesco trouve des idées savoureuses qui mettent en lumière un aspect social défavorable sans en donner l'air. Le dramatique devient amusant de façon décalé.
Les jeunes lecteurs, ici, saisiront que les mots bien affûtés et bien sentis peuvent être des épées d'autant plus dangereuses. Cela peut être aussi parfois juste drôle à manipuler sur et sous la langue, les titres farfelus des chapitres pour exemple.
Flora Vesco, de part son expérience de professeur, avait saisi le pouvoir comique des mots même sans passer par le sens pour faire aimer les mots. Avec ses classes, elles s'est livrée à des jeux de découverte afin de le démontrer. Savez-vous ce qu'est une Esperlune?
Ce premier roman est un petit bijou. Les lecteurs apprécieront sûrement l'originalité des personnages que la naissance et la conditions ne définissent pas.
Serine, une belle belle analphabète reine du bon mots et Léon, nouvel ami apprenti bourreau des cœurs et briseur des os, ça ne s'invente pas (ou plutôt si, c'est à présent fait!).
Flore Vesco a reçu récemment les prix DIMOITOU !
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