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Mayalen Goust (Autre)
EAN : 9782211333948
306 pages
L'Ecole des loisirs (15/11/2023)
4.23/5   386 notes
Résumé :
Moyen Age. Les rats ont envahi la paisible bourgade d'Hamelin. Vous croyez connaître cette histoire par coeur ? Vous savez qu'un joueur de flûte va arriver, noyer les rats en musique, puis les enfants d'Hamelin ? Oubliez ces sornettes : la véritable histoire est bien pire, et c'est grâce à Mirella, une jeune fille de 15 ans, qu'on l'a enfin compris. Jusqu'ici, elle passait inaperçue en ville – qui s'intéresserait à une porteuse d'eau, à une crève-la-faim, une enfant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (117) Voir plus Ajouter une critique
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Le fabuleux destin de Mirella

"L‘estrange malaventure de Mirella" est une réécriture d'un conte des frères Grimm, « Le joueur de flûte de Hamelin ».
Dans ce conte, les rats envahissent la ville de Hamelin (Hameln, au nord de l'Allemagne) et répandent la peste. En échange de la promesse d'une forte somme d'argent, un mystérieux joueur de flûte envoûte les rats grâce à sa musique, les entraîne hors de la ville et provoque leur noyade dans une rivière tumultueuse à proximité.
Mais, l'argent ne lui ayant pas été remis, le joueur se venge en emmenant tous les enfants de Hamelin qui disparaissent à tout jamais.
Dans le roman de Flore Vesco, s'il y a bien un joueur de flûte, celui-ci joue un rôle secondaire et il n'a pas les pouvoirs magiques que lui prête le conte.
C'est, comme l'indique le titre du roman, une certaine Mirella qui en est le personnage principal : Mirella est une jeune fille de quinze ans aux origines mystérieuses qui, après avoir été élevée dans un orphelinat, survit avec difficulté en tant que porteuse d'eau, obligée de masquer sa féminité pour échapper à la concupiscence masculine.
Les rats prolifèrent dans la ville, deviennent de plus en plus agressifs et la peste se répand. C'est alors que Mirella se découvre d'étonnants pouvoirs ; elle va apprendre ses origines, puis devoir surmonter ses peurs pour venir à bout des rats et affronter l'émissaire de la Mort, dont elle est la seule habitante de Hamelin à percevoir l'existence...
Flore Vesco a mis en scène des personnages pittoresques (dont certains sont parfaitement odieux, notamment l'ignoble bourgmestre !) et elle écrit un récit alerte qui ne manque pas d'humour.
Ajoutons pour terminer que l'auteure a donné une petite teinte médiévale à la langue qu'elle a employée en usant d'un certain nombre de termes d'ancien français, ce qui contribue de manière non négligeable au plaisir de la lecture de son récit.

P.-S. : merci à Lucine de m'avoir incité à lire ce très bon roman !


Challenge multi-auteures SFFF 2020
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« le bonjour, navigateurs de Babel ! Au jour d'hui allons disserter sur un bien plaisant livre : L'estrange malaventure de Mirella, escrit par dame Flore Vesco.

Or donques la jeune Mirella, porteuse d'eau, travaille dur dans le bourg d'Hamelin. Elle se sent bien seulette et recueille un garçonnet fraîchement embauché. Las, vous connoissez le conte : la ville est bientost envahie de rats, et la peste suivra…

-C'est quoi cette jactance, Déidamie ? Tu ne peux pas parler comme toulmonde ?

-D'accord, j'arrête, c'est trop long de toute façon pour taper une simple phrase. Je ne m'appelle pas l'autrice, moi.

J'ai découvert ce roman grâce à une critique de Dedanso, que je salue au passage, et j'approuve le grand bien qu'elle en dit ! le livre est presque tout entier rédigé dans une langue magnifique, faite de vocabulaire tombé en désuétude, de tournures médiévisantes et de mots patinés pour leur donner un aspect vieillot et vieilli.

-Et en français moderne, ça veut dire quoi, ton charabia ?

-Ca veut dire que le texte est déguisé en français du Moyen Age. Déguisé seulement, car jamais tu ne butes sur le sens, tout reste transparent. Quelle performance ! Et quelle beauté ! Flore Vesco n'a pas seulement travaillé la forme de façon gratuite, juste pour faire genre « alors donc ça se passe au Moyen Age, des fois que vous l'auriez pas remarqué », non, elle a également pris soin d'y ajouter maintes figures de style pour rendre sa prose chaleureuse sans l'alourdir.

Traits d'humour, de sarcasme, assonances, alitérations, métaphores efficaces : l'ensemble est superbe. Et croiser des vieux mots qu'on n'utilise plus ou qu'on a oubliés m'a procuré de bien plaisantes sensations, un peu comme si je retrouvais de vieux copains. Bref, une friandise pour la langue ! Et les fans de Pratchett adoreront certaines blagues sur le culte de divinités. Je n'en dis pas plus pour ne point divulgâcher.

-Ben, heureusement que chuis là pour exiger une traduction… Alors moi, je tiens à dire qu'il y a des choses que j'ai pas aimées dans c'te histoire !

Premièrement, la solitude de Mirella ! Elle est complètement isolée et j'ai trouvé étrange qu'il n'y ait même pas une autre porteuse d'eau pour adoucir un peu son sort. Ensuite, son statut de proie sexuelle, que j'ai trouvé déprimant et oppressant au possible.

-Oui, mais… le Moyen Age, c'était pire qu'aujourd'hui…

-Popopopop ! Donne-moi des preuves, des témoignages sur de larges panels de population et des stats, s'il te plaît, parce que j'en ai marre des « oui, on met de la violence sexuelle dans les oeuvres historiques, pour que ce soit plus réaliste ». Je préfère qu'on soit honnête et qu'on dise « ben on sait pas, en fait. P't'êt ben qu'oui, p'têt' ben qu'non, sans compter que ça peut changer d'un siècle à l'autre, d'une ville à l'autre… »

-Méchante Déidamie, tu ne peux quand même pas nier que la violence sert l'histoire… Mirella se construit avec et contre elle.

-Non, en effet, mais malgré tout, je pense qu'il n'y avait pas besoin d'en faire autant.

D'autres détails m'ont chiffonnée, comme l'usage du poivre ou la position de Mirella attrapée par le prêtre. le prêtre est pas content, il lui tient l'épaule et hurle sa haine de la débauche, en réalité sa haine de la vie tout court. La jeune fille terrifiée se met à genoux, se prosterne même pour montrer sa soumission parfaite, il ne la lâche pas cependant. Elle est donc par terre, lui tient toujours son épaule ! c'est bon, tu vois le tableau ? Tu visualises la position des deux persos ?

Personne ne semble remarquer qu'il devrait être plié en deux et complètement déséquilibré dans une position ridicule pour continuer à imprécater comme il veut.

-Peut-être qu'il n'est pas gêné parce que… euh… parce qu'il est tout petit ? C'est possible ! Et puis, ce n'est pas le propos de ce passage, il faut parler de la peur de Mirella ! Enfin, tu chipotes sur des points de détail…

-Je suis Méchante Déidamie, je suis là pour remarquer ce qui ne marche pas, et ça, ça ne marche visuellement pas !

-Ce qui marche, en revanche, c'est le fond de l'histoire ! le roman réécrit le conte en le transformant en charge contre la bigoterie, l'obscurantisme, l'hypocrisie et le sexisme. Et il le fait en proposant une histoire d'amour et de découverte de soi originale ! Méchante Déidamie peut bien râler ici ou là, il n'en reste pas moins que c'est un excellent roman, brillant aussi bien sur le fond que la forme. »
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Les rats et la peste.
Hamelin et le joueur de flûte.
La duperie et les enfants perdus.

Oui, on connait.

Et si... ?
Et si vous laissiez Flore Vesco vous conter une autre version de cette légende ? Une version plus macabre mais aussi plus chantante, une version où le héros n'est pas celui (celle, devrais-je dire) que l'on attend, une version qui prend le temps de s'intéresser aux détails et qui modernise la morale de l'histoire.

Très bonne lecture que ce roman jeunesse d'une écriture délicieusement archaïque (lexique ancien-français disponible en fin de tome, ne faites pas comme moi, ne le découvrez pas à la dernière minute, ça vous évitera de devoir aller chercher ailleurs...) au rythme parfait.

J'ai pris beaucoup de plaisir à voir apparaître le portrait de cette ville florissante pour la voir ensuite sombrer subitement dans l'horreur absolue. Les croyances et coutumes de l'époque sont fidèlement retranscrites, et, à l'heure des gestes barrières et de la distanciation sociale, certains comportements décrits dans ce roman font froid dans le dos.

L'autrice aurait pu se contenter de décrire cette ville et son fléau, mais elle a également doté son récit d'une héroïne hors du commun. Je n'en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture. Je préciserai simplement que je n'étais pas du tout au courant que le récit aurait une dimension fantastique (je pensais qu'il s'agissait d'une version réaliste de l'épisode à l'origine de la légende du Rattenfänger von Hameln).

Ajoutons aux thèmes d'actualité (épidémie, comportements humains (tant les masses que les dirigeants...), hiérarchisation de la société, etc.) ceux plus universaux de la connaissance de soi et de l'émancipation.

Je finirai sur quelques lyrics parfaitement adaptés :)
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Connaissez-vous la Légende du joueur de flûte d'Hamelin, désignée sous le nom de Rattenfänger (l'attrapeur de rats) qui se déroule sous le règne de Rodolphe de Habsbourg en l'An 1284.

En voici la véritable histoire racontée avec un parlez comme au temps jadis. Cela fait médiéval !

La peste va envahir Hamelin, et celle-ci ne va pas tarder à sombrer sous l'afflux des rats.

Ce sera sans compter sur un étranger de passage, Gastun, beau parleur, mais mâlin ; la magnifique Mirella, courageuse, débrouillarde, aventureuse et bourrée de talent.

La noirceur de Peest- l'homme en noir, la mort - qui traînera par les rues la peur mais aussi son indéniable charme envoûtant.

Une flûte aux sons mélodieux et magique entraînera tous les "pesteux" dans une giguedouille incontrôlable. Une vraie danse macabre.

Mais ce serait malséant de vous conter en détail cette belle histoire.

ALLEZ TOUS -- Ribaud ! Niquedouille ! Maroufle ! Espèce de Coquefredouille ! Fieffé Coquebert ! Bougre de Godinette!
(J'adore ces mots, mais en ce temps là c'étaient des insultes, en l'occurrence gentilles que je vous adresse )
vous promener à travers les pages de ce livre, et découvrir cette fabuleuse légende revisitée de bien belle façon.

Agréable lecture jeunesse et "méfiez vous des contes. Qui sait , derrière ces badines historiettes, quelles terribles vérités sont cachées ?".


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(Lu à voix haute en mai 2019)

En voilà une idée merveilleuse : revisiter l'un des contes les plus célèbres du canon des bibliothèques enfantines – j'ai nommé : le joueur de flûte de Hamelin ! Une revisite à la fois irrévérencieuse, réjouissante et moderne.

Irrévérencieuse, car Flore Vesco prend des libertés avec le conte d'origine, nous livrant une version alternative de l'histoire dans laquelle le rôle principal revient à Mirella, une jeune fille rousse de quinze ans. Pleine d'aplomb, de discernement et de générosité, Mirella est aussi une incarnation vibrante de la liberté et de l'émancipation, dont la trajectoire incroyable a passionné toute la famille. Et puisque les contes ont toujours une morale, il y en a une ici, mais concoctée à la sauce de l'autrice : « Laissez les jeunes filles danser et, parées ou dévoilées, circuler dans la cité, ou bien il pourrait vous en coûter. Suivez les enfants inconscients, qui jamais ne doutent, n'hésitent ni ne tremblent. Et méfiez-vous des contes. Qui sait, derrière ces badines historiettes, quelles terribles vérités sont cachées ? »

Réjouissante car Flore Vesco écrit dans une langue fleurie qui évoque un vieux français digne des meilleurs passages du film Les visiteurs, teinté de termes germaniques puisque nous l'intrigue nous entraîne au creux du St Empire. L'autrice nous ravit également en donnant de l'épaisseur à l'histoire, prenant le temps de brosser des personnages et un Moyen-Âge hauts en couleurs : de l'organisation politique à l'hygiène en passant par les rites et superstitions, tout est tellement évocateur qu'on a l'impression d'y être. Et si effroyable, restitué avec tant d'ironie, que la lecture en devient… réjouissante.

Moderne tant ce détour par le Moyen-Âge donne à penser aux misères et turpitudes contemporaines : qu'il s'agisse de la domination masculine, de la chasse aux sorcières et de la recherche de boucs émissaires, des superstitions ou des effets de foule, les parallèles sont troublants et entre deux éclats de rire, j'ai bien vu que cette lecture donnait beaucoup à réfléchir à mes garçons. Ce détour par un passé lointain permet finalement d'évoquer des choses parfois très dures qu'il serait difficile d'aborder frontalement avec de jeunes lecteurs.

Nous n'avons fait qu'une bouchée des aventures de Mirella qui ont été un grand moment de lecture à voix haute. Après avoir ri et pleuré de la noirceur du Moyen-Âge, le dénouement de l'histoire a été véritablement jubilatoire ! Un roman émancipateur, pétillant d'intelligence et débordant de vérité, à découvrir sans hésiter.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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critiques presse (1)
Elbakin.net
22 juin 2020
Découvrez-le, lisez-le à vos enfants car il s’agit là d’une belle leçon de vie et de courage dans un moyen-âge qui, finalement, ressemble bien plus à notre monde contemporain.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
La ballade amoureuse de la peste

Je me suis trouvé un ami
La peste soit de ce drôle d'homme !
Je me suis trouvé un ami
Et depuis j'ai d'étranges symptômes.

Mignonne, avez-vous la courante ?
De malodorants flux de ventre ?
Une blessure purulente ?

Monsieur, je ne suis pas si mal allante
J'ai perdu l'appétit
Tout le jour je souris.

Mignonne, souffrez-vous de frissons ?
Avez-vous des palpitations ?
La peau couverte de boutons ?

Monsieur, ne vous faites point tant de mouron
Je suis prise de langueurs
Mon esprit est rêveur.

Mignonne, crachez-vous du sang ?
Faites-vous des vomissements ?
Des pourrissements sur la dent ?

Monsieur, je ne ressens pas de tourments,
Je suis un peu fiévreuse
Me voilà amoureuse.

Quant à ceux qui protestent
De cet amour funeste
Pour un semeur de peste
Fi donc ! Je vous l'atteste
Le Sire est sans conteste
Un excellent danseur.
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Et le prêtre de raconter les vies et les exploits de de Saint Hilarion ou Sainte Rictrude, qui fatiguaient leurs bourreaux, pouvant passer des heures à endurer les coups de pique en gardant le sourire, soupirant d’aise lorsqu’on les rôtissait sur le grill, changeant eux-mêmes de côté afin que leur chair soit partout dorée et craquante.
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Le prêtre fit un tant beau discours que toute l'assemblée en resta saisie. En brandissant son unique bras, il raconta avec force détails les tourments de l'enfer. Il décrivit les mortelles vapeurs et exhalaisons de soufre. Il conta les pécheurs qui rôtissaient longuement, leur cuir chevelu qui grésillait, leurs ongles qui fondaient et s'imposaient dans la pulpe des doigts. Des diablesses embobinaient leurs tripes sur des fuseaux pour les filer. Des petits diablotins enfonçaient leurs fourches dans la chair de leurs cuisses, et des sangsues infernales entraient dans leurs narines pour sucer le sang de leur cervelle.
Ces belles paroles plongèrent le coeur de ses paroissiens dans une noble angoisse, bien propre à les maintenir dans le droit chemin.
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Partout ailleurs dans le Saint Empire germanique, les incendies dévoraient des quartiers entiers une fois par mois, car les bâtisses en bois, entassées les unes contre les autres, s'enflammaient promptement.
Alors qu'à Hamelin, les incendies étaient tout aussi fréquents. Mais les habitants les éteignaient bien vitement, le bourgmestre ayant fait installer l'eau courant.
Cette eau courante était sans conteste l'invention dont le bourgmestre était le plus fier. Il avait eu l'idée voilà sept années. Pour cela, il avait nommé dix porteurs d'eau, choisis par les enfants trouvés d'Hamelin.
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L'étuveur dut fléchir. Il sortit devers l'entrance de son établissement et sonna la cloche qui servait à réclamer l'eau.
Profitons-en pour observer la ville. Hamelin ressemblait à une marmite. C'était une vaste cité ronde, entourée d'une courtine et remplie à ras bord d'une populace bouillonnante. Les rues étroites et méandreuses, où il y avait à chaque coude grand embarras de charrois, débordaient d'ateliers et d'échoppes.
Il y régnait une merveilleuse cacophonie.
Devant leur huis, drapiers, pâtissiers, tisserands, verriers et chausseurs interpellaient les passants. Leurs balivernes étaient couvertes par les braillements des vendeurs à la criée, des ramasseurs de chiens, des marchands de peaux de chat. S'y ajoutaient les jactances des vilains, vilaines et vilainiots, qui dès la pique du jour quittaient leur triste tannière pour confabuler au plein air.
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