Au moment même où je doute, et sans qu'il soit pour cela nécessaire de faire un raisonnement, une intuition irrépressible s'impose : celle d'exister comme chose pensante. L'activité même du doute se vit alors, instantanément, comme une évidence inconstestable. Je doute, je pense, j'existe... Cogito ergo sum ; je pense, donc j'existe. Il faut interpréter le "donc" non comme une conjonction donnant accès à une conséquence, ou une implication logique, mais comme un terme explicant la saisie de l'existence pensante, atteinte directement, par un regard intérieur de l'esprit (inspectio, mentis) qui s'aperçoit d'un fait indubitable. L'essence de l'être humain est de penser, et la liaison essentielle entre pensée et être a valeur universelle. Il n'y a pas là à craindre de faute de logique, puisque ce n'est pas un raisonnement. Voilà bien la lumière naturelle, en laquelle baigne la vérité de ce qui existe, comme les objets dans la lumière du soleil qui les éclaire.
851 - [p. 48-49] Henri Pena-Ruiz
Avec les traductions des constitutions d'Anderson en langue française apparait un début de liberté : le Grand-Architecte de l'Univers, Dieu pour les maçons, n'est pas un dieu vengeur, mais une vision du Monde. Le concept attire, en même temps que s'abattent les foudres du ministre d'Etat, le Cardinal de Fleury. L'Eglise n'est pas en reste : moins de douze ans parès sa création, une première bulle papale proclame l'excommunication des Frères : le clergé ne saurait accepter que le secret de l'initiation résiste au secret de la confession.
845 - [p. 25] Laurent Kupferman
La liberté a ... partie liée avec la raison. Nulle soumission à une lumière surnaturelle, venue d'un principe transcendant, n'est en effet requise pour acquérir le savoir. Un diagnostic qui tranche avec la thése chrétienne de l'infirmité humaine, source d'aveuglement.
846 - [p. 47] Henri Pena-Ruiz